Connu également sous la dénomination de “pont de fer”, le pont de l’Industrie, situé dans le quartier Ostiense, a été partiellement détruit par un incendie dans la nuit du 2 au 3 octobre 2021.
Une partie du Pont de l’Industrie s’est effondrée dans le fleuve du Tibre la nuit dernière, en raison d’un incendie qui s’est déclaré aux alentours de 23h30 samedi soir et dont les origines restent encore obscures à l’heure actuelle. De nombreux pompiers ont été déployés sur les lieux pour contenir les flammes, mais ils n’ont pas pu empêcher les dommages survenus. Heureusement, aucun blessé n’est à déplorer. Ce n’est pas la première fois que le pont connaît l’enfer des flammes, puisqu’un incendie avait fait de nombreux dégâts en février 2013.
Retour sur la construction du Pont de l’Industrie
Construit entre 1862 et 1863 par une société belge, sous-traitée par la société française Casalvaldès, entrepreneur du gouvernement pontifical pour les travaux de raccordement entre la section ferroviaire nord Porta Portese-Civitavecchia et le reste de la ligne Pio Centrale, le nouveau terminus de la gare Termini était alors en cours de construction. Il fut initialement monté en Angleterre, puis transporté en pièces détachées à Rome pour le montage ; la partie centrale du pont était quant à elle amovible pour permettre le passage de bateaux. Une locomotive d'essai franchit le pont le 10 juillet 1863. L'inauguration eut lieu le 24 septembre 1863, en présence du Pape Pie IX et de Monseigneur De Merode, à l’initiative de l'œuvre.
Au début du XXe siècle, en raison de l’augmentation constante du trafic ferroviaire, on décida d’élargir le Pont de Fer. Cependant, sa structure ne permettait pas d’accueillir plus de deux trains à la fois, on décida donc de construire un second pont, le “Pont San Paolo”. Au même moment, un autre chantier monumental est en cours : celui de la future gare de Trastevere. L’inauguration générale de ces deux constructions eut lieu le 11 mai 1911. A partir de cette date, le trafic ferroviaire se fait davantage sur le Pont San Paolo, le Pont de l’Industrie, quant à lui, n’est pas démantelé, mais transformé en un pont à double voies avec des trottoirs de chaque côté pour permettre le passage des piétons.
Le massacre du pont de l’Industrie
Tombé dans l’oubli pendant plus de cinquante ans, le massacre du 7 avril 1944 refait surface aujourd’hui avec l’effondrement d’une partie du Pont de Fer. Au printemps 1944, la ville de Rome est occupée depuis l’ordonnance du 26 mars 1944, promulguée par le général Kurt Maeltzer, qui avait décidé de renforcer la ration journalière de pain destinées aux civils. Nombreuses furent les femmes qui protestèrent contre cette décision et engagèrent des manifestations devant les fours soupçonnés de fournir les troupes nazies et fascistes. Le 7 avril, dix femmes furent surprises par des soldats nazis, elles avaient dans leurs bras du pain et de la farine et furent de fait associées par les soldats à l’assaut du four à pain Tesei, qui approvisionnait les troupes d’occupation nazies et fascistes. Les faits sont racontés par Carla Capponi :
“Les femmes des quartiers Ostiense, Portuense et Garbatella avaient découvert que le four panifiait du pain blanc et avait un gros stock de farine. Elles décidèrent d'attaquer le dépôt qui ne semblait pas être gardé par les troupes allemandes. Le directeur du four, qui était peut-être d'accord avec ces désespérées ou voulait éviter des dommages aux machines, les laissa entrer. Les femmes prirent possession de petites quantités de pain et farine mais malheureusement quelqu'un appela la police allemande et de nombreux soldats de la Werhmarcht arrivèrent alors que les femmes étaient encore sur place avec leur butin de pain et de farine.”
Sans attendre une minute, elles furent alignées contre les barrières du pont et fusillées. Les corps des femmes, en guise d’avertissement à la population, ont été laissés sur le sol, sous la surveillance des soldats jusqu’au lendemain matin. Plus tard dans la soirée, quelques religieuses réussirent à déposer des bougies et des fleurs à proximité des corps.
Il faudra attendre 1997 pour voir apparaître une plaque commémorative sur le lieu du massacre, sur l’initiative d’une ancienne résistante des Gruppi d’Azione Patriotticas, Carla Capponi. On y découvre le nom des dix victimes : Clorinda Falsetti, Italia Ferracci, Esperia Pellegrini, Elvira Ferrante, Eulalia Fiorentino, Elettra Maria Giardini, Concetta Piazza, Assunta Maria Izzi, Arialda Pistolesi, Silvia Loggreolo.