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Blog de Virginie: La Frise

Je suis arrivée aux Pays-Bas en septembre 2017 et les premières vacances que je me suis autorisées en août 2019 ont été en Frise. Friesland. Cette région était un mystère et exerçait sur moi une fascination sans égale. C’est toujours le cas aujourd’hui, et secrètement, j’envisage même d’aller m’y installer pour mes vieux jours. Pourtant, il y a du vent là-bas, beaucoup de vent ; et je n’aime pas particulièrement le vent. Je ne sais pas comment je vais faire alors… mais bon, j’accueille mes contradictions avec sérénité et il reste un peu de temps avant mes vieux jours, donc j’ai le temps de voir venir. 

 Drapeaux de la Frise et des Pays-Bas (Photo: V. Lacomme) Drapeaux de la Frise et des Pays-Bas (Photo: V. Lacomme)
Drapeaux de la Frise et des Pays-Bas (Photo: V. Lacomme)
Écrit par Virginie Lacomme
Publié le 18 mars 2024, mis à jour le 19 mars 2024

Une région avec un particularisme 

J’aime les endroits où on peut trouver un particularisme. Déjà, je viens d’une région où parfois, on parle autre chose que le français (cette autre chose étant ma langue grand-maternelle). Puis, j’ai vécu au Pays Basque, et globalement en Espagne, où les spécificités de chaque région sont prises en compte sans altérer, du moins supposément, l’unité du pays. 

Finalement, je retrouve cette même ambiance aux Pays-Bas. Quelle surprise, en effet, qu’un pays si petit abrite autant de langues et de dialectes ! Je suis linguiste, je parle un certain nombre de langues, j’essaie d’apprendre, entre autres, le néerlandais et tous les phénomènes linguistiques sont susceptibles de m’intéresser. Vais-je apprendre le frison lorsque j’habiterai en Friesland ? Oui, probablement… 

Pour une raison un peu mystérieuse, les régions du sud des Pays-Bas ne m’attirent pas, enfin pas autant que celles du nord. Je suis déjà allée dans le Limbourg, c’est vraiment super. Mais je ne sais pas, quelque chose m’attire vers le nord. La sobriété protestante peut-être, allez savoir. Ou bien, la farouche indépendance des Frisons face à tout ce qui venait de l’extérieur pendant des siècles. Bien que non basque, j’ai toujours senti une vive admiration et un profond intérêt pour la culture et l’histoire basques. J’ai l’impression qu’avec la Frise, c’est la même magie séculaire qui opère. 

En Frise, le drapeau est très cool. Bleu et blanc avec des cœurs rouges. Non, en fait, ce ne sont pas des cœurs, mais des feuilles de pompeblêden. C’est-à-dire de nénuphar. Ces feuilles symboliseraient l’ensemble des « pays frisiens », au nombre de 7, et correspondaient à des régions situées entre les Pays-Bas de l’Ouest et l’Allemagne. L’influence de la Frise aurait été particulièrement étendue à une époque. Là également, on retrouve de nombreuses similitudes avec le Pays-Basque.

Mon vélo en Friesland (Photo: V. Lacomme)
Mon vélo en Friesland (Photo: V. Lacomme)

 

Le plat pays 

Comme vous le savez, je voyage à vélo. Dans les faits, mon voyage en Friesland a été mon premier voyage « au long cours » aux Pays-Bas. Deux jours pour rejoindre l’Afsluitdijk, avec un arrêt à Ursem et Hippolytushoef, qui, vestige d’une histoire riche que je viens d’évoquer, se trouvent dans une zone appelée West-Friesland, la Frise de l’Ouest. Puis traversée de l’Afsluitdijk. En bus, avec vélo dans le bus, pour cause de travaux. 

Encore plus plat, encore plus vert, encore plus calme 
Encore plus plat, encore plus vert, encore plus calme  (Photo: V. Lacomme)

J’ai été très impressionnée par cette digue. Les couleurs de l’eau. Sa longueur, 32 kilomètres. J’avais hâte d’y retourner et de la traverser à vélo cette fois. Puis l’arrivée en Friesland. Plat, c’est tout plat. Les Pays-Bas sont un pays plat, mais en Friesland, c’est encore plus plat. Encore plus vert. Encore plus calme. 

Paysage Fries
Paysage Fries (Photo: V. Lacomme)

 

Repos complet 

Une courte étape me mena au camping, à Izdega près de Oudega. Complètement perdu le camping. À trois kilomètres du premier village. Juste parfait. A la ferme. Au bord de l’eau. Le seul bruit était celui des vaches dans l’étable. Ainsi que le bruit des haubans sur les mâts des bateaux. Ce bruit rythmera véritablement mon séjour. 

L’eau est partout (Photo: V. Lacomme)
L’eau est partout (Photo: V. Lacomme)

Je passai ma semaine à rayonner, à droite, à gauche. Là où j’étais, les routes étaient vraiment très peu fréquentées et se prêtaient vraiment au tourisme lent et durable. De plus, l’eau était omniprésente ce qui m’obligeait à prendre le bac très souvent. Cela donna un certain charme à mon séjour. Plus près des éléments. 

Des vaches philosophiques. « Profite aujourd’hui et recommence demain » (Photo: V. Lacomme)
Des vaches philosophiques. « Profite aujourd’hui et recommence demain » (Photo: V. Lacomme)

En fait, je n’étais pas près des éléments, mais dans les éléments. Une aggravation  inattendue du temps, comme cela arrive fréquemment ici, fit que mes nuits sous la tente étaient régulièrement humidifiées par une pluie abondante. La pluie et le vent. Je m’étais préparée à vivre cela, mais déjà, germait en moi l’idée de louer une huisje aux Pays-Bas et d’abandonner le camping. Il me fallut encore une expérience malheureuse, dans le Veluwe cette fois, pour me décider. Maintenant, je ne fais du camping que lorsque je suis absolument certaine qu’il fera beau. 

Un bateau traditionnel (Photo: V. Lacomme)
Un bateau traditionnel (Photo: V. Lacomme)

Un patrimoine exceptionnel 

Une de mes grandes surprises lors de mon premier séjour en Friesland fut la richesse du patrimoine. 

Autour de Oudega où je me trouvai donc pour le séjour dont il est question dans cet article, j’allai de surprise en surprise au fur et à mesure que je traversai de nouveaux villages. 

Wolsum, Bolsward, Westhem et sa petite église, Workum, Makkum, Sneek bien sûr. Toutes ces villes et villages témoignent d’un passé abondant et chargé d’histoire. 

À Makkum (Photo: V. Lacomme)
À Makkum (Photo: V. Lacomme)

À Workum, la visite du musée Jopie Huisman, un peintre autodidacte local du siècle dernier, s’avéra assez passionnante. En plus, le musée se trouve près de la bibliothèque, ce qui était mon refuge préféré pour les jours de pluie. En plus de lire le journal, j’ai pu rencontrer des locaux qui ont essayé de m’apprendre quelques mots de frison. 

Mais le musée qui m’a le plus impressionnée, voire même bouleversée, c’est celui de Titus Brandsma que l’on peut visiter à Bolsward. Titus Brandsma était prêtre. Spécialisé dans le thème de la mystique, il traduisit l’œuvre de Thérèse d’Avila et devint professeur à l’université de Nimègue. Pendant l’occupation nazie, il n’hésita pas un seul instant à prendre la défense des Juifs, ce qui lui valut d’être déporté et de mourir à Dachau. 

E!glise (Photo: V. Lacomme)
E!glise (Photo: V. Lacomme)

Étonnant, n’est-ce-pas ? Cette région est vraiment fascinante et mes vacances se terminèrent bien vite. Retour par Stavoren, bateau sur l’éblouissant IJsselmeer, nuitée à Enhuizen et enfin arrivée à Haarlem, où j’habite. 

Je fis d’autres séjours en Friesland depuis, plus au nord, à Franeker et Harlingen, puis Terschelling. Franeker, justement, abrita une université, de 1535 à 1811 ! Son planétarium est toujours visible, mais hélas, il me fut impossible de le visiter, parce que le bateau pour Terschelling m’attendait. Voilà une excellente raison d’y retourner !

Sur l’ IJsselmeer (Photo: V. Lacomme)
Sur l’ IJsselmeer (Photo: V. Lacomme)

 

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