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Okinawa : les secrets culinaires de la longévité

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Écrit par Chloé Levray
Publié le 18 juillet 2018, mis à jour le 18 juillet 2018

Si la cuisine nippone a ses saveurs délicieuses et l’art de travailler le poisson, celle d’Okinawa fait toute la renommée de l’île pour ses bienfaits sur la santé et la longévité de ses habitants. L’archipel des Ryūkyū abrite en effet 15% des super-centenaires de la planète, c’est-à-dire des plus de 110 ans ; à tel point que, devant leur nombre grandissant, le gouvernement a renoncé au présent qui visait à honorer leur grand âge tant cela représentait un poste de dépense de plus en plus important ! Alors zoom sur l’alimentation si particulière ce cette petite terre insulaire, et peut-être à vous l’éternité !

 


Vitamines et minéraux, l'assiette aux mille couleurs

 


Traditionnellement, les habitants de l’archipel ont toujours pris soin de manger des aliments considérés bons pour le corps dans le but de vivre le plus sainement possible. A cela s’ajoutent l’histoire et les conditions socio-économiques, d’une époque. Car, il y a une cinquantaine d’années, les habitants de l’île d’Okinawa se distinguaient selon leur régime alimentaire. Tandis que les plus aisés se nourrissaient de riz blanc, les plus modestes, à l’instar des travailleurs de la terre ou de la mer, consommaient essentiellement des patates douces dont les vertus ne sont plus à démontrer. Riches en bêtacarotène, vitamines B1, B2, B9, C et E et peu grasses, qu’elles soient jaunes, orangées ou encore violettes, la patate douce est devenue l’ingrédient principal de la cuisine d’Okinawa.  

 

patate douce Japon Okinawa


Le régime alimentaire des insulaires est encore le fait de conditions et de facteurs géographiques particuliers. Les pluies qui naissent au sein de l’océan sont chargées de minéraux et, lorsqu’elles percent le ciel de l’île, imprègnent son sol et l’enrichissent. Les fruits et légumes locaux - couramment appelés shimayasai - en culture sur l’île se nourrissent alors de ce calcium et de ce magnésium tout en fabriquant à leur tour des antioxydants pour se protéger du soleil. Par exemple, le goya, aliment emblématique de la cuisine d’Okinawa, est riche en vitamine C et se retrouve dans nombre de plats dont le réputé champuru, un mélange de tofu, légumes et porc sauté à la poêle. Le goya est particulièrement recommandé en été, pour lutter contre les effets des grosses chaleurs.

 
Le secret réside alors dans la consommation de ces légumes locaux riches en minéraux, accompagnés de racines et de leur association à d’autres produits à faible densité calorique comme les épices et les algues dont les mozuku et l’asa, ayant une riche teneur en iode, minéraux, vitamines, antioxydants, et en fibres. Elles sont des anticholestérol naturels, excellents pour la santé. A cela s’ajoute très peu d’alcool, remplacé par beaucoup d’eau et de thé, et une consommation limitée de viande. En effet, la cuisine de l’archipel d’Okinawa se compose à 78% d’éléments végétaux. Les habitants mangent en moyenne 18 fois moins de viande et 3 fois moins de produits laitiers que les occidentaux. Ils préfèrent, et de loin, l’apport de protéines par les végétaux, dont le soja, qui contiennent d’autres éléments spécifiques et bénéfiques pour la santé. En revanche, le porc, longuement dégraissé par une cuisson de plusieurs heures, occupe une place privilégiée pour son apport nutritionnel : riche en vitamine B1 reconnue comme parade aux grandes fatigues, il est encore réputé pour sa teneur en collagène et ses vertus quant aux soins de la peau. 

 

L'art de manger, mais pas trop

 


Les bons aliments de l’île ne seraient rien sans les quelques grands principes traditionnels qui en régissent la dégustation et en font une cuisine extraordinaire disposant de sa propre philosophie. En premier lieu, les habitants d’Okinawa pratiquent ce que l’on appelle le hara hachi bu, une auto-restriction alimentaire qui consiste à modérer la quantité que l’on mange, sans gloutonnerie, jusqu’à se sentir repu à 80%.  Selon les chercheurs, une restriction calorique de ce type, portée sur le long terme, améliorerait l’espérance de vie tout en permettant de conserver un bon indice de masse corporelle. Allié au hara hachi bu, le principe du kuten gwa encourage à ne manger que de petites portions. Enfin, le nushi gusui amène à considérer les légumes pour leurs pouvoirs de guérison et de bonne santé. Il s’agit d’adopter un point de vue particulier sur ce qui se présente dans notre assiette et de prendre conscience que ce ne sont pas juste des aliments, mais des fibres, antioxydants et minéraux qui nous font du bien. Une nouvelle façon de considérer l’alimentation et de la consommer. A ces trois principes fondamentaux s’ajoutent encore quelques petites lignes de conduite supplémentaires comme le fait de favoriser des plats colorés, qui plaisent autant aux yeux qu’à l’estomac, ou encore de mélanger les aliments crus et cuits. 

 

plages okinawa

 

Un esprit libre dans un corps sain

 


Manger d’une manière saine et équilibrée s’accompagne de la nécessité de prendre soin de son corps et de son esprit. Entretenir ses muscles par une activité physique journalière est une bonne façon de se sentir en forme. Pour les habitants d’Okinawa, c’est une tâche quotidienne : ils marchent beaucoup, usent du vélo pour se déplacer, fument très peu comparativement aux habitants des autres régions du Japon et leurs emplois favorisent généralement l’activité physique. Il n’est pas rare de croiser quelques personnes s’étirer alors qu’elles attendent à l’arrêt de bus. De plus, la vie à Okinawa est calme, beaucoup moins stressante que dans la capitale ; les habitants prennent le temps de s’écouter, de vivre sous le soleil et d’inspirer l’air de la mer. Ainsi, prendre le temps de vivre est aussi important que prendre le temps de manger. Une manière de réfléchir et de méditer pour prendre soin de soi.


Toutes ces spécificités propres au régime alimentaire d’Okinawa expliquent l’espérance de vie si longue de ses habitants ; les centenaires y sont au nombre de 50 pour 100 000 personnes. Mais si les anciennes générations ont su préserver cette alimentation riche et variée, adaptée à leur mode de vie et activités, les jeunes se trouvent fortement influencés par la présence militaire américaine et les entreprises de junk food qui l’accompagnent. Des habitudes plus enclines aux maladies et à l’obésité qui questionnent, pour le futur, la survivance de cette partie de la culture ancestrale de l’île. 

 

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