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Anouck Veyret : d’un Caillou à l’autre

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© Clotilde Richalet Szuch
Écrit par Clotilde Richalet
Publié le 15 novembre 2020, mis à jour le 10 avril 2024

S'ils ont quitté la Nouvelle Calédonie : la Nouvelle Calédonie ne les a jamais quittés. Éloignés pour quelques semaines ou plusieurs années, ils sont la preuve que l’on peut avoir des racines et des ailes. Partons ensemble à la rencontre de ces Calédoniens explorateurs, voyageurs, créateurs… Aujourd’hui j’ai RDV avec Anouck Veyret, joaillière et gemmologue.

Je retrouve Anouck dans une bulle, littéralement. La terrasse extérieure de l’hôtel où nous nous retrouvons est tel un écrin en forme de diamant. Un signe ! Nous nous installons dans ce décor propice aux confidences où je vais découvrir une passionnée de son art qui va partager avec moi ses plus belles créations.

Des premiers voyages à l’expatriation

Anouck est née en Nouvelle-Calédonie et a grandi à Nouméa, d’où sa famille est originaire depuis plusieurs générations.

 

J’adore la Nouvelle-Calédonie, c'est un pays magnifique. Je n'échangerai mon enfance pour rien au monde.

 

C’est en grandissant qu’Anouck commence à se poser la question du voyage. En Nouvelle Calédonie l’entrée au Lycée est souvent le signe du départ de certains vers la France Métropolitaine, le Canada ou l’Australie. Pour Anouck c’est 2011 qui est l’année du départ vers l’Australie pour 1 an. Le choix géographique est tactique, ni trop près ni trop loin, dépaysement garanti mais sentiment de sécurité par la proximité. Et dorénavant le goût du voyage est là et ne la quittera plus.  

Repartir ensuite oui mais où ? Le monde du luxe l’attire, dans ce secteur quelques grandes villes s’imposent à elle : New York, Paris, Londres ou Milan… Elle choisit Paris où elle s’installe en 2012.

Avec toute sa famille en Nouvelle-Calédonie, Anouck sait qu’elle part seule. A part quelques amis elle a tout à construire sur place : vie sociale, vie professionnelle ; mais comme beaucoup d’expatriés l’envie de découvrir cet « ailleurs » est plus fort que les appréhensions. Après son master et entre 2 stages dans l’immobilier Anouck prend des cours de gemmologie. Elle a toujours été passionnée par les pierres. Elle se lance dans l’aventure de l’École des Gemmes.

 

Les premières créations / Les Inspirations

Anouck prend d'abord des cours de dessin de joaillerie. C’est une technique dans le dessin qui est extrêmement particulière où l’on utilise la gouache, un peu d'aquarelle, et des techniques qui sont vraiment propres à la joaillerie. Elle apprend à dessiner des pierres translucides ou opaques ; sous le crayon prennent vie des boucles d’oreilles ou un collier. L’idée de créer sa propre collection n’est pas encore là, elle y va pas à pas pour acquérir la technique. La création est un cheminement qu’il ne faut pas brusquer.

2 choses importantes à savoir sur Anouck :

 

  • Elle est passionnée de couleurs. Et c’est ce qu’elle veut mettre en avant dans la joaillerie.

 

En joaillerie l’or n'est là que pour porter la pierre, pour la mettre en valeur. Généralement on ne voit pas l'or, on ne voit que le pavage et les pierres puisque l'or est au service de la pierre.

 

  • Elle est passionnée de voyages, ce qui lui laisse un choix de destinations formidables pour aller à la recherche de pierres : l’Australie, le Sri Lanka, Madagascar, l’Inde…

 

C’est le voyage qui m’inspire plus qu’une destination en particulier ; c’est le sentiment qui nous envahit quand on arrive dans un pays que l’on ne connaît pas.

 

Sa première création est une paire de boucles d’oreilles. Anouck crée des boucles qui vont s’adapter au besoin de chaque femme avec un système d’attache pour y accrocher, ou non, 1 ou plusieurs pendants.

 

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Pour aller encore plus loin dans la personnalisation du bijou, Anouck propose trois formes de pierres différentes (poire, carré ou marquise). On peut ainsi créer son bijou idéal !

C’est la philosophie d’Anouck :

C'est le bijou qui s'adapte à la femme et pas la femme qui s'adapte au bijou.

 

La Collection MELTING POT

« Melting Pot » est le nom de la collection principale de Maison Veyret : nom vaste volontairement pour pouvoir y faire de multiples déclinaisons, et collection résolument inspirée du voyage et de la diversité culturelle.

Une de ses déclinaisons est la collection « Sari » inspirée par la mode et les tissus, connotée des souvenirs de voyages du Maroc et d’Inde…

 

En Inde j’ai toujours trouvé le port du Sari magnifique, ce drapé gigantesque a quelque chose de fascinant.

 

On retrouve la sensibilité d’Anouck et son rapport à la couleur et à la composition. Puisqu'elle était en train de créer une collection très colorée : le nom Sari est apparu comme une évidence.

 

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Dans le métier il y a 2 catégories de pierres :  les pierres précieuses qui dépendent de leur dureté (ce qui signifie qu'elles dureront plus longtemps dans le temps) comme le diamant, le rubis, le saphir et l’émeraude ; et les pierres fines (qui peuvent durer très longtemps si on prend soin) comme la tourmaline, le grenat, l’aigue-marine, le spinelle…

Anouck a décidé dès ses débuts de travailler avec toutes. 

 

Il y a tellement de belles choses à faire avec les pierres fines pourquoi se limiter !

 

L’Héritage familial comme un retour aux sources ?

Anouck n'avait pas prévu de rentrer dans ce métier quand elle était petite, mais elle a toujours aidé sa famille qui avait une boutique d’horlogerie, de joaillerie et de liste de mariage à Nouméa. Petite elle aidait à faire les paquets cadeaux durant la période de Noel, il y avait cette ambiance familiale feutrée entre sa tante, sa grand-mère et sa mère qui passait de temps à autre. Ce ne sera que des années plus tard, quand elle est « retombée » dans les pierres, qu’Anouck s’est rendu compte que l’héritage familial fait partie de nous.

 

Ce sont des valeurs, une transmission tout simplement. Revenir aux pierres m'a ramené à des souvenirs d'enfance où je jouais avec ma grand-mère avec des petites pierres roulées. Ma famille m’a transmis une culture du beau, de la joaillerie et de la pierre.

 

Anouck est accompagnée de ce sentiment de se sentir « chez soi » entouré de pierres, sentiment étrange et réconfortant, encré en elle.

 

Sa vision du futur

Anouck est catégorique, l’Art à la Française existe bien et elle ne tarit pas d’éloges sur les artisans français qui ont un vrai savoir-faire qui se constate sur les détails et la finesse des bijoux.

 

Ma fabrication est en France et elle le restera. Je travaille avec un superbe atelier et avec des artisans qui comprennent mon goût. J’ai une totale confiance en eux. Tout est dans le calibrage, le détail, la technique avec des artisans qui peuvent passer des centaines d’heures sur une pièce.

 

Comme me le précise Anouck, elle est gemmologue : experte en pierre. Elle ne confectionne pas les bijoux elle-même, elle les dessine et ensuite suit la fabrication en atelier de A à Z.

Il est donc très clair que la fabrication restera en France, mais qu’en est-il de la créatrice ?

Anouck veut continuer à voyager et à découvrir ce fameux « ailleurs », à être une joaillère nomade qui rencontre ses clients au fil des continents. Pas de boutique en vue donc, mais peut être un show-room, un espace plus intime où retrouver ses clientes de passage dans la capitale. 

 

Son œuvre emblématique ?

 

La manchette. C'est mon unique pièce de haute joaillerie de la collection et j’en suis très fière.

 

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Et il y a de quoi, c’est un objet d’art et un bijou à la fois, un mélange de rythmes arabisants et de rigueur asiatique. La manchette est imposante mais légère. Cette pièce représente des centaines d’heures en atelier, me confie Anouck, tout est fait à la main : c’est un travail de titan.

 

Les manchettes restent des pièces rares, j’ai pu y exprimer beaucoup de choses avec un design plus défini et beaucoup de détails, avec un côté très classe. Cette manchette il faut être fière de la porter : il faut l’assumer complètement.

 

Et en l’assumant complètement : ressentir une émotion particulière ? Car après tout n’est-ce pas la quête de chaque artiste : procurer de l’émotion à soi-même et aux autres à travers une création ?

A vous de me le dire en découvrant le travail d’Anouck : ici.

 

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