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Pour ses 70 ans, l’IFM met en lumière sa relation avec l’Italie

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Écrit par Marie-Astrid Roy
Publié le 29 avril 2020, mis à jour le 5 mai 2020

En 2020, l’Institut, foyer dynamique de la francophonie et de la culture française à Milan, fête ses 70 ans.  Un anniversaire chargé d’histoire, marquée par un riche lien entre Milan et la France.
Pascale Just, directrice de l’IFM, nous raconte comment l’Institut a su s’intégrer à part entière dans le panorama milanais.

 

institut français milan
Pascale Just, directrice de l'Institut français de Milan depuis 2016

 

Lepetitjournal/Milan : L’Institut français est né à une époque où la francophonie était très prégnante en Italie. Depuis sa naissance en 1950 à aujourd’hui, comment a-t-il tissé ses liens avec Milan ?

Pascale Just : A l’origine, il s’agissait d’un centre d’études et d’information sur la France, destiné principalement à la communauté d’affaires.
Il a évolué en Centre culturel en 1953, à partir du moment où il a pu prendre ses quartiers aux cœur du quadrilatère de la mode,  via Bigli. Son activité était alors centrée sur la diffusion de la culture française, avec des cours de français. Lorsque son espace s’est agrandi pour accueillir une salle d’exposition et davantage de salles de cours, toujours via Bigli, son activité s’est étendue. La population francophone étant à l’époque très importante, l’Institut organisait quatre séances de cinéma par semaine ! Pour plusieurs générations de Milanais, et durant plusieurs décennies, le centre culturel français de la via Bigli, est le lieu de référence de la francophonie et de la culture française : cinéma en version originale, cours de français , conférences se déroulent dans ses murs.  Le Centre culturel français voit passer des écrivains aussi prestigieux que Simenon et Ionesco.
L’année 1997 est un tournant qui voit s’installer le Centre culturel français de Milan au sein du prestigieux Palazzo delle Stelline. Après des travaux de rénovation, dans l’aile du palais, situé au 63 du Corso Magenta sont aménagées des salles de cours, une médiathèque, une salle de cinéma et une galerie.

 

Aujourd’hui, il n’y a pourtant pas la même francophilie que dans le passé. Comment affronter le déclin de cet attrait ?

L’Institut français est encore aujourd’hui un foyer actif de la francophonie et de la culture française qui voit passer un public nombreux et très diversifié dans ses murs.  Il est resté fidèle à sa vocation pluridisciplinaire : outre les cours, nous avons une programmation intra-muros régulière de septembre à juin :  dans la salle numérisée du Ciné-Magenta63, nous proposons une programmation de cinéma, des rencontres littéraires et des événements en partenariat avec les institutions milanaises (maisons d’édition, théâtres, fondations).  C’est l’un des centres de cours les plus importants du réseau italien, il dispense aujourd’hui près de 15.000 heures de cours à près de 5.500 élèves.
Ces dernières années, nous nous sommes attachés à faire évoluer tant notre offre que nos espaces, afin d’être en phase avec une ville en pleine ébullition. Nous avons ainsi repensé le modèle de la médiathèque, actualisé les collections, modernisé les équipements et la salle de cinéma, aujourd’hui numérisée ou encore fait évoluer notre offre culturelle
La programmation de notre salle de cinéma, le CinéMagenta63, attire un public qui n’est pas nécessairement francophone, car si notre programmation est en VO, elle est sous-titrée en italien.  Elle alterne des films du patrimoine, avec des cycles consacrés à des acteurs tels que Romy Schneider, Jean-Louis Trintignant, ou des cinéastes comme Melville ; le cinéma contemporain, à travers des cycles dédiés à des réalisateurs (François Ozon, Olivier Assayas, Christophe Honoré), occupe également une large place.

 

Quel est le rapport de la France avec les grandes institutions culturelles milanaises, telles que la Triennale, la Scala et les théâtres ?

Les décennies des années 70 et 80 sont une période faste marquée par une intensité particulière dans les échanges intellectuels et artistiques entre la France et Milan.  La capitale lombarde devient une étape obligée pour bon nombre d’artistes et créateurs : Patrice Chéreau entame une carrière internationale au Piccolo, Jean-Pierre Ponnelle signe des mises en scène qui font date, les chorégraphes français sont accueillis à bras ouverts.  
La Triennale, joue un rôle très important à travers les grandes expositions internationales de design et d’architecture.  Milan est alors une ville prescriptrice en la matière, tant sur le plan de la création, que pour la recherche et l’enseignement.
Depuis la première Triennale de l’après-guerre, qui a eu lieu en 1951, la France a toujours été présente.  L’année dernière, l’Institut français, opérateur du pavillon français de la XXIIe Triennale de design, a conçu le projet en intégrant notre institut dans le pavillon français.
Nous travaillons à maintenir vivante cette relation avec la ville de Milan et à  l’actualiser aussi, car si l’attachement du public à la langue, à la littérature et au cinéma français, reste présents,  il  est important d’investir de nouveaux domaine, d’aller à la rencontre de publics nouveau. Nous sortons donc de nos murs en construisant des projets avec différents acteurs de la ville, la Fondation  Feltrinelli par exemple ou la Fondation Corriere Della Sera .
Nous sommes soutenus dans cette action par les services culturels de l’Ambassade de France à Rome et l’Institut français.  Nous entretenons également une relation étroite avec les théâtres et les festivals, par exemple avec celui de la Triennale, qui accorde une large place dans sa programmation permanente aux artistes internationaux et aux nouveaux créateurs, comme le metteur en scène Philippe Quesne ou bien le chorégraphe, Olivier Dubois.

 

 

La montée en puissance de Milan rend le programme très exigeant et impose que nos expositions soient à la hauteur.

 

Depuis quelques années, l’Institut apparaît comme très bien identifié dans le parcours du Fuorisalone lors de la semaine du design. C’était un défi à relever ?

Le Fuorisalone a pris beaucoup d’ampleur ces dernières années. La montée en puissance de Milan nous impose une certaine mise à niveau, il faut que nos expositions soient à la hauteur, si nous voulons tirer notre épingle du jeu dans le foisonnement de propositions du Fuorisalone.  Nous avons pu, grâce à l’implication des partenaires français et le soutien de l’Institut français (Paris) présenter ces dernières années des expositions de grande qualité, à l’instar de celle présentée en 2017 (No taste for bad taste) présentant un vaste panorama du design français à travers 40 objets de 40 designers les plus emblématiques du design français, comme Philippe Starck, Patrick Jouin, Matali Crasset, Mathieu Lehanneur.

 

mendini institut français milan
Les salles de cours de l'Institut français de Milan sont meublées avec des pièces du designer Alessandro Mendini

En 2020, à l’occasion des 70 ans de l’Institut et du Fuorisalone annulé, vous deviez accueillir la grande artiste Constance Guisset, aussi très connue en Italie. Qu’en est-il du programme des festivités ?

Ce n'est certes pas ainsi que nous nous préparions à fêter les 70 ans de l'Institut français de Milan. Nous devons conjuguer notre agenda d'aujourd'hui entre réminiscences du passé et projections vers l’après. L'exposition de Constance de Guisset est reportée en 2021 et l'Institut français sera présent virtuellement sur la plate-forme du Fuorisalone en juin prochain.
Virtuellement, nous sommes présents à travers une chronique retraçant sept décennies de présence culturelle française à Milan. Cela a été rendu possible grâce au travail de recherche effectué par Viviana Gatica, à laquelle nous avions confié, le commissariat  de l’exposition « Un’aria francese à Milano », que nous aurions dû présenter en juin dans la galerie de l’Institut français.
Nous espérons pouvoir présenter l’exposition fin 2020 à la galerie. En attendant nous publions cette chronique sur notre site et nos réseaux sociaux. Il s’agit de publications : photos, documents d'archives, vidéos, accompagnés de textes explicatifs sur les moments forts qui ont jalonné les relations culturelles et artistiques au cours de ces sept décennies. Ces publications mettent en lumière les collaborations franco-milanaises avec les magnifiques institutions de la ville que sont la Scala, le Piccolo, la Triennale : les mises en scène de Patrice Chéreau au Piccolo, celles  de Jean-Pierre Ponnelle à la Scala, des publications sur les nombreux écrivains qui sont passés dans nos murs, la relation privilégiée que le Centre culturel français a entretenue avec les créateurs milanais, ainsi qu'avec le célèbre designer Alessandro Mendini,  dont plusieurs pièces meublent notre institut. En effet, nous avons aussi des trésors ici ! A la fin des années 1980, le directeur du Centre culturel français de Milan avait passé commande à Mendini pour l’ameublement des salles de cours et des bureaux. Il s’agit d’objets : lampes (bleu blanc rouge), de vaisselle, de tables pour les salles de cours, de bureaux et de chaises. Même le logo du Centre culturel français d'alors avait été dessiné par Mendini !

 

 

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