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Emmanuel Nardin (Devialet) : « Il nous reste 90% de notre potentiel en Italie ! »

Emmanuel NardinEmmanuel Nardin
Emmanuel Nardin, designer et co-fondateur de Devialet
Écrit par Marie-Astrid Roy
Publié le 21 septembre 2021, mis à jour le 22 septembre 2021

De passage à Milan pour l’incontournable Design week, rencontre avec Emmanuel Nardin, designer et co-fondateur de la firme française au succès fulgurant Devialet. Le design est l’un des piliers de la marque. Une partie de son ADN même, qui associé au son, a fait trembler le monde de l’audio. Une occasion d’échanger sur les particularités du design français et italien, et la recette du succès d’un design devenu iconique, signé Devialet.

 

Devialet est née en 2007 de l’idée innovante de Pierre Emmanuel Calmel et de ses trois autres co-fondateurs : Mathias Moronvalle (ingénieur), Emmanuel Nardin (designer) et Quentin Sannié (entrepreneur). La firme d’ingénierie acoustique a focalisé son cœur de métier sur l’excellence du son associé au design, en opérant à l’intersection du luxe et de la technologie de pointe. A la clé, un premier amplificateur commercialisé en 2010, mais surtout une première enceinte Phantom lancée en 2014 et rapidement devenue iconique. Plusieurs levées de fonds plus tard, plus de 100 brevets déposés garantissant une technologie unique au monde, un développement à l’international remarqué et une gamme diversifiée - de son enceinte best-seller aux écouteurs sans-fil Gemini – Devialet ne cesse de développer son opération séduction. Le succès est tel qu’en quelques années, la start-up française est en phase de devenir licorne.

 

De la France à l’Italie, focus design avec Emmanuel Nardin, designer et co-fondateur de Devialet

De manière générale, comment se reflète la différence entre le design français et italien, selon vous ?

Notons d’abord que la plupart des grands designers sont italiens, tant dans les domaines clés comme l’automobile, que grand public comme le mobilier. S’il n’y a pas vraiment de design français du meuble, plusieurs designers français travaillent toutefois pour des éditeurs italiens.
Le design italien se définit comme sophistiqué, le dessin est très travaillé, lyrique voire poétique, avec une pâte très contemporaine. Dans le domaine de l’objet, Alessi incarne très bien ce design à la fois simple et spirituel, chargé de symbolique et appuyé sur une histoire.
Le bon design français quant à lui,  a quelque chose d’unique. Il s’agit d’un design maîtrisé, à la frontière du design simplifié nordique, il est capable de créer la surprise en faisant surgir une sophistication inattendue.

 

L’objet Devialet se distingue justement de ses concurrents en un coup d’œil. Design plutôt français ou italien : quelle est la recette de ce design réussi ?

Notre design est unique dans le secteur. Si on prend l’exemple de l’enceinte Phantom, notre produit phare, il s’agit d’un design fonctionnaliste et d’apparence simplifié, d’essence plutôt germanique donc. Mais il pourrait également avoir des affinités avec le design italien dans la mesure où il transmet une partie émotionnelle. Sa grille située sur le côté (à l’avant) du produit dévoile une surprise inattendue. Il s’agit d’un dessin ouvragé en dentelle, artistiquement inspiré des motifs des jardins à la française, très symétrisés où la symétrie était signe de perfection esthétique. On a inséré du lyrisme dans un design fonctionnel, créant ainsi une parfaite alliance entre design simplifié et sophistiqué, à l’image du design français.

 

Enceinte Devialet Phantom II

 

Quel est votre plus grande difficulté pour obtenir un design épuré ?

En général, l’enceinte acoustique est un objet tellement contraint techniquement qu’il n’est jamais très beau. La particularité du design Devialet a été de s’éloigner des codes traditionnels de l’enceinte stéréotypée - une caisse avec haut-parleur - pour arriver à un objet expressif et inspiré, en mesure de s’inscrire dans le temps. Or la simplicité est aussi certainement la plus grande difficulté du designer technologique. Le défi est en effet de parvenir à épouser tellement bien les contraintes techniques, qu’on ne les voit plus. Il faut ruser pour dissimuler les vis et les joints, user de créativité pour rendre un haut-parleur esthétique.

 

Que représente Milan pour vous designer, et pour Devialet ?

Milan, ville berceau du design, est nécessairement un lieu d’inspiration du design d’intérieur. Le salon du design est d’ailleurs un moment incontournable pour nos équipes. Nous saisissons régulièrement l’occasion pour y faire un team building à la fois sur l’aspect produit et sur le design du retail de toute la distribution (des points de vente). Le Off du salon (Fuorisalone) apparaît comme le plus inspirant avec toutes ces marques qui libèrent leur expression en prenant appui sur des lieux merveilleux et chargés d’histoire.

 

enceinte Devialet posée dans un salon design


Quelle est la place de l’Italie pour Devialet ?

L’Italie est complexe pour l’approche commerciale, alors que nous avons pourtant beaucoup d’affinités avec le pays, pour Devialet en particulier. Le Belpaese incarne en effet le berceau du design, mais aussi celui de la grande musique. Les Italiens sont donc sensibles à cet art, à la reproduction musicale à la manière de Devialet, c’est-à-dire de façon très vivante et extrêmement réaliste. Nous avons équipé l’hôtel Bulgari de Milan et cinq revendeurs audiophiles sont diffusés sur le territoire. Il nous reste donc 90% de notre potentiel en Italie  !

 

MAR
Publié le 21 septembre 2021, mis à jour le 22 septembre 2021

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