Romans, recueil de nouvelles, essai, bande-dessinée, policier… Sélection de six nouveaux livres évoquant l’Italie et d’autant d’auteurs italiens à connaître. Une invitation à «lire l’Italie», à glisser dans sa valise.
La littérature italienne a une place à part en France, deuxième marché pour la vente des droits d’œuvres italiennes à l’étranger, avec plus de 900 titres traduits chaque année. Nombreux sont les Français déjà sous le charme d’Elena Ferrante, d’Erri de Luca, ou encore de Dino Buzzati… Tant d’autres auteurs italiens méritent d’être lus, notamment parmi les 51 invités en avril dernier au Festival du Livre de Paris placé sous le signe de l’Italie. Nombreux aussi, sont les auteurs français passionnés du Belpaese. Parmi eux, sélection des parutions les plus récentes.
Sélection de livres sur l’Italie
Deux vies, d’Emanuele Trevi - Editions Actes Sud (janv.2023)
Emanuele Trevi fait partie des auteurs italiens reconnus et appréciés en France, pour ces trois précédents ouvrages : Quelque chose d’écrit (2013), Le Peuple de bois (2017) et Songes et fables (2020).
Son dernier livre, Deux vies, est un splendide récit, récompensé en Italie par le prix Strega (2021), l’équivalent transalpin du Goncourt. Il y est question de deux écrivains italiens prématurément disparus, Rocco Carbone (1962-2008) et Pia Pera (1956-2016). Avec l’auteur, ils formaient un trio inséparable. Pour combler le vide qu’ils ont laissé dans son existence, leur ami Emanuele Trevi les ressuscite en brossant leurs portraits. Dans un style limpide, sans ostentation, il raconte le solide trio qu’ils formaient : les débuts de leur amitié dans la Rome des années quatre-vingt, des disputes, des réconciliations, des virées nocturnes dans les rues de la Ville Eternelle, des parties de cartes en Calabre, des virées à Paris… Au fil du temps se dessine le portrait de ces êtres complexes et attachants, fragiles et brillants, emportés dans les tourments et les joies de la création, des succès et des échecs, en lutte avec leurs démons personnels.
Le narrateur nous offre une ode à l’amitié, une réflexion sur le deuil, sur le pouvoir de l’écriture aussi, capable de transformer des êtres aimés en personnages de fiction au point de brouiller les frontières entre l’illusion et la réalité.
Un bon endroit pour vivre, de Francesca Manfredi – Editions Robert Laffont (janv. 2023)
On connaît déjà Francesca Manfredi pour L'empire de la poussière, son premier titre traduit en français (2021), on la découvre de nouveau avec Un bon endroit pour vivre, un recueil de nouvelles envoûtant et poétique.
Et quel est ce bon endroit pour vivre ?, titre de la nouvelle phare de ce recueil hypnotisant. Une cabane dans les arbres, une maison ancienne au cœur des montagnes, une piscine... Chaque nouvelle est consacrée à un lieu, un endroit. Francesca Manfredi nous fait voyager à travers des histoires qui creusent au plus profond des personnages. Une petite fille qui se baigne, un père qui disparaît, un autre qui trouve la paix dans le silence humide d'une cave, un couple qui se déchire ou se retrouve.
Et puis, surgissent des sentiments, des rêves, un désir inconnu, une découverte, qui illuminent, blessent, font grandir. Chaque nouvelle est un instant de vie. Des instants rendus à la fois poignants et poétiques, grâce à l’efficacité d’une plume limpide.
« Rendez-nous la Joconde ! », de Stefano Montefiori – Editions Stock (avril 2023)
Correspondant à Paris du quotidien Corriere della Sera, Stefano Montefiori explique ici l’Italie aux Français, à travers les traditionnels malentendus franco-italiens. La cuisine, la télévision, la musique, le foot bien sûr, l’humeur, les complexes… tout y passe. Le journaliste (amoureux de la France) livre un essai riche d'informations et d'anecdotes, une réflexion où l'humour vient offrir avec légèreté un décryptage sociologique et historique. A lire, des deux côtés des Alpes !
Motorossa, de Jean Aubertin (Scénario, Dessin) et Adèle Albrespy (Scénario), Editions Dargaud (juin 2023)
Franca, dix-huit ans, quitte Rome à la mort de sa mère pour venir habiter chez son oncle et sa tante à Carbonia, au sud de la Sardaigne. Elle est malheureuse, et cherche une échappatoire à sa tristesse. Elle rencontre Silvio, un jeune du village, qui l’a fait monter pour la première fois sur une moto. La vitesse, la puissance et le danger la passionnent aussitôt ! Mais la moto n’est en réalité qu’une occasion d’évoquer des sujets plus intimes, comme le deuil, la reconstruction et le passage à l’âge adulte. Des thèmes abordés avec brio grâce à un récit solide, et un dessin à la fois épuré et empli de couleurs. On plonge dans un agréable décor italien entre la douceur des criques, les étendues bleues, assorti de quelques images pas si clichées avec les personnes âgées qui traînent en terrasse et les femmes qui préparent à manger.
La malédiction de la Madone, de Philippe Vilain - Editions Robert Laffont (août 2022)
On ne présente plus Philippe Vilain, l’écrivain presque autant Napolitain qu’il est Français. Avec son dernier roman, La malédiction de la Madone, lauréat du Prix Méditerranée en 2023, l’écrivain livre une ode à Naples et à ses contradictions. Inspiré de faits réels, le roman nous plonge dans l’histoire de la vendetta d'une jeune Napolitaine, Pupetta, au cœur de la Camorra, dans les années 1950. Assunta Maresca, dite Pupetta, grandit à Naples, dans les années 1950, sous la coupe d'un père mafioso. Mais Pupetta, la " petite poupée ", ne craint rien ni personne. À dix-neuf ans, alors qu'elle participe à un concours de beauté, son destin bascule. Elle rencontre l'amour de sa vie, Pasquale Simonetti, un boss de la Camorra, qui tombe sous le charme de cette Napolitaine sulfureuse. Le mariage est vite officialisé et rien ne peut contrarier le bonheur de ce couple. Si ce n'est l'assassinat de Pasquale, quatre-vingts jours après la cérémonie. Pour Pupetta, l'heure de la vendetta a sonné. Son histoire ne cesse alors d'affoler la rumeur de la ville, car cette Madone vengeresse incarne à la fois le courage et l'honneur, la passion et l'héroïsme, mais également toute l'ambiguïté de Naples, à feu et à sang.
L’ invitation au voyage dans une Italie multiforme, de Philippe Vilain
Le tueur au caillou, de Alessandro Robecchi - Editions de l’Aube (février 2023)
Alessandro Robecchi, éditorialiste dans la presse italienne et ancien journaliste du quotidien de gauche Il Manifesto, est auteur d’une série noire autour du personnage de Carlo Monterossi. Son dernier ouvrage se passe à Milan, dans une sorte de cité proche du centre-ville, qu'on appelle La Caserne. Une densité de population effarante, plus de six mille appartements, si vétustes que la mairie préfère ne pas les rénover.
À quelques kilomètres de là, dans la rue d'un quartier cossu, un riche entrepreneur est assassiné. Bientôt, Carlo Monterossi apprend qu'un homme, récemment mort en prison, en savait long sur la victime... Une enquête menée avec en toile de fond l'Italie des années de plomb.