Fondée il y a presque trois ans, "Racines françaises au Mexique"s'attache àmieux faire connaître l'histoire de l'implantation française en terres aztèques aux descendants de cette communautéainsi qu'aux simples curieux. Rencontre avec Minouche Suberville, présidente de l'association
Minouche Suberville, présidente et fondatrice de "Racines françaises au Mexique"(Photo : LPJ)
Lepetitjournal.com : Pouvez-vous nous raconter comment est née l'idée de "Racines françaises"?
Minouche Suberville : Officiellement, l'association a étélancée en novembre 2003, il y a donc presque trois ans. Mais c'était une idée qui couvait déjàdepuis un certain temps entre moi-même et plusieurs de mes amis et connaissances. Dès l'été2003, nous avons commencéàmettre les choses en place avec mon père, Gilbert Béraud, mon mari, Marc Suberville, Jacques Paire, Francis Javelly et Bernard Martel. Nous avons défini de façon plus précise les objectifs que nous voulions remplir grâce à"Racines françaises au Mexique".
LPJ : Justement, expliquez-nous dans les grandes lignes les activités de l'association...
MS : Notre but principal est de mieux faire connaître l'histoire de l'implantation des Français au Mexique, non seulement àpartir des recherches déjàeffectuées par des historiens professionnels, mais aussi en nous lançant nous-même dans des investigations, de façon moins académique, même si nous travaillons aussi sérieusement que possible. Nous recueillons des documents encore inexploités, que nous trouvons ici, au Mexique, ou bien en France, dans les endroits d'oùsont partis les immigrés. Il y en a beaucoup, comme la Franche-Comté, le Gers, le Pays Basque français, le Béarn, la Corrèze, le Massif Central? et bien sûr Barcelonnette et la région des Alpes de haute Provence. C'est par exemple de làqu'est originaire mon père. Il s'agit de l'immigration peut-être la plus visible, avec 2.500 personnes qui sont parties vers le Mexique, principalement au milieu du XIXe siècle;ils ont souvent bien réussi dans le commerce des tissus, des vêtements et on leur doit l'essor des grands magasins àMexico, comme Palacio de Hierro ou Liverpool qui existent toujours. On estime que les Barcelonnettes auraient environ 50.000 descendants au Mexique. Et l'association entretien de très bonnes relations avec le musée de la ville : nous échangeons des informations et collaborons très régulièrement. Enfin, nous apportons aussi un soutien pratique aux descendants qui souhaitent demander la nationalitéfrançaise, nous avons d'ailleurs une permanence au Consulat.
LPJ : Concrètement, comment diffusez-vous ces informations àvos membres ?
MS : Il y a tout d'abord nos réunions mensuelles, au cours desquelles nous présentons parfois un livre, parfois les travaux d'un des membres. Les sujets sont très variés et nous voulons que ces rencontres soient aussi conviviales que possibles. "Racines"compte déjàprès de 700 membres, alors évidemment tout le monde ne se déplace pas àchaque fois, mais plusieurs dizaines de personnes assistent chaque mois aux réunions, ce sont des bons moments instructifs ! Il y a également nos cahiers annuels et nous allons lancer le mois prochain le bulletin, qui devrait être bi-annuel, afin de faire plus souvent le point sur nos recherches. Il y a également des voyages organisés sur des lieux riches de mémoire pour les Français du Mexique, comme Camerone, San Rafael ou Chihuahua, oùil existe aussi une association des descendants de Français. Je pense aussi àcréer un musée pour "Racines françaises", c'est un projet qui me tient très àc?ur. J'attends d'en avoir davantage mais on m'a déjàoffert quelques objets très intéressants, notamment un vieux coffre-fort qui était utilisédans un magasin, c'est assez émouvant.
LPJ : Vous-même ne veniez pas vraiment du monde associatif ni de la recherche historique. Comment vous est venue cette passion pour vos origines ?
MS : C'est vrai que je viens de l'univers de l'hôtellerie de la restauration donc ça n'a pas beaucoup de rapport, encore que la gastronomie est une passion très française ! Mais il y a eu une petite étincelle, il y a quelques années, qui est allée en grandissant, jusqu'àce qu'il devienne essentiel àmes yeux de familiariser les Franco-Mexicains avec leur culture d'origine. Lorsque j'ai réaliséque très peu avait étéfait pour qu'ils connaissent l'histoire de l'arrivée de leurs ancêtres, je me suis dit qu'il y avait vraiment quelque chose àfaire. Et je pense que nous pouvons aussi intéresser les Français qui s'installent au Mexique pour quelques années, il peut y avoir une curiositépour la façon dont des gens de leur pays ont tissédes liens si forts et durables avec le pays dans lequel ils vivent pour l'instant.
Propos recueillis par Camille VAYSSETTES. (www.lepetitjournal.com ? Mexico) 18 octobre 2006
Racines françaises au Mexique
Présidente : Minouche Suberville
Siège : Monte Altai 320, colonia Lomas de Chapultepec
Contact : racines@rfm.org.mx