C’est en voyageant dès le plus jeune âge que Sophie Guilali a eu l’idée de créer Globalong, une association de solidarité internationale qui répartit des bénévoles aux quatre coins du monde. Entretien avec une philanthrope.
De l’association Globalong, on ne connaît que la structure apparente : un système bien huilé conçu pour envoyer bénévoles à l’étranger, dans les zones où le besoin se fait sentir. Mais qui se cache derrière ?
Ayant étudié les langues, hyperpolyglotte, Sophie Guilali commence sa vie active de petits boulots pour financer ses voyages, avant de travailler plusieurs années dans un organisme humanitaire au Danemark. « Lorsque je voyageais, je fuyais les zones touristiques », raconte-t-elle d’une voix douce. « J’étais uniquement attirée par les expériences locales. C’est en vivant aux côtés des locaux que je me suis aperçue qu’il y avait certains besoins, les gens faisaient toujours appel aux autres. C’est là que j’ai décidé de créer ma propre association. »
Le projet Globalong est lancé en 2009 et voit finalement le jour trois ans plus tard. Aujourd’hui, l’organisme est géré par une équipe de 5 salariés et bon nombre de bénévoles. « Nous travaillons tous ensemble de façon complémentaire », explique Sophie. « Certains s’occupent de l’informatique, d’autres de l’écriture et de la traduction de textes afin de préparer les formations préalables au départ. » Aujourd’hui, l’organisme travaille d’arrache-pied pour aider les associations locales, en leur envoyant des bénévoles et en les soutenant financièrement avec les dons qu’elle perçoit. Leurs actions au quotidien ont déjà donné lieu à de belles réussites : « Un couple de dentistes est parti dans un village au Maroc », se souvient-elle. « Ils ont arraché 50 dents en deux semaines. C’était nécessaire pour rétablir une bonne hygiène buccale. Une autre fois » , ajoute-t-elle, « on a financé l’opération d’une petite Sénégalaise qui ne pouvait pas marcher à cause d’une maladie rare. Aujourd’hui, elle apprend ! »
L’association finance aussi quotidiennement une cantine à Madagascar, où 100 enfants bénéficient de repas gratuits toute l’année. De petits dons ponctuels permettent aussi quelques petites choses ; par exemple l'achat de cartables pour des écoliers, ou encore une connexion internet dans une école au Togo. Des petites pierres qui apportent incontestablement à l’édifice.
Lutter contre le volontourisme
L’association forme et envoie ses volontaires pour des missions de solidarité, des stages mais dispense aussi des séjours linguistiques. Autant d’options qui attirent chaque année entre 500 et 550 individus. Un nombre important, réjouissant pour Globalong mais que Sophie n’hésite pas à nuancer : « A juste titre, certains reportages ont mis en lumière le problème croissant du volontourisme. Nous essayons de lutter contre cela, mais c’est dur de distinguer, car en général, ces personnes sont pleines de bonnes intentions. « Tiens, ce serait bien de passer un jour dans un orphelinat ! ». Non. Ce n’est pas un zoo ». « D’autres fois », dit-elle, mi-figue mi-raisin, « c’est un beau reportage passé à la télé qui met en avant un pays en particulier. Et là, tout d’un coup nous sommes énormément sollicités par des gens qui aimeraient s’y rendre pour faire du bénévolat alors que ce pays, ils ne savaient même pas qu’il existait avant ! »
Difficultés rencontrées
Si l’organisation de Globalong semble efficace, Sophie admet rencontrer certaines embûches, notamment financières. « Nous sommes vraiment une association à but non lucratif », rappelle-t-elle fermement. « Notre but est uniquement d’aider, nous n’avons pas de budget publicité. Mais ce n’est pas évident : nous avons beaucoup de charges et frais à payer en France.
En revanche nous subsistons grâce aux dons financiers et matériels des particuliers », ajoute-t-elle. « La ville de Perols (ville dont Sophie Guilali est originaire NDLR) nous a d’ailleurs octroyé des bureaux. Nous essayons d’expédier les dons matériels sur place, mais la plupart du temps nous les revendons, car l’envoi coûte très cher. »
Outre les problèmes d’ordre financier, être salariée et fondatrice de l’association Globalong, c’est aussi investir la majeure partie de son temps dans les démarches à l’étranger. « On va sur place vérifier les projets, les missions, on se renseigne sur les déclarations officielles, on s’assure que tous les papiers soient en règle », énumère la jeune femme. « Cela nous prend beaucoup de temps, et ce n’est pas toujours facile à gérer. »
Un sacrifice que Sophie est pourtant prête à faire coûte que coûte pour aider les plus défavorisés.
L’humanitaire « possible à tout âge »
Si certaines personnes se glissent volontiers dans les spirales du volontourisme, Sophie tient à parler des bénévoles - les véritables - qui l’accompagnent dans l’association Globalong, « sans qui rien ne serait possible ». Majoritairement, leurs profils s’étendent de 18 à 35 ans, en général des étudiants, d’autres en année sabbatique. Mais depuis quelques temps, Sophie note un changement : « On a de plus en plus de personnes quadragénaires, quinquagénaires, et des retraités ! D’ailleurs, la plus âgée que l’on ait envoyée avait 74 ans ! Comme quoi, c’est possible à tout âge », conclue-t-elle un sourire dans la voix.
Des objectifs pour la suite ? « Continuer à aider un maximum », répond-elle spontanément. Avant de préciser : « On met en place un système de parrainage d’enfants malades pour financer leurs frais médicaux. Il devrait être effectif courant 2019. Achever la construction d’un orphelinat à Madagascar. Sinon, arriver à lever des fonds. Pour tout : dans le cas de création d’évènements, aussi bien que celui de catastrophes naturelles ou de projets de construction. »
Pour conclure, elle ajoute d’une voix rêveuse : « Le luxe serait de pouvoir aider ponctuellement, dès qu’il y’a un besoin. »