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Les Grand-remplacés : ces expats qui fuient la France multiculturelle

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Écrit par Némo Empis
Publié le 7 janvier 2021, mis à jour le 22 février 2021

Avec Les grand-remplacés, le journaliste Paul Conge fait une revue complète des effectifs des mouvements radicaux de l’extrême droite française. Il est allé à la rencontre de ces convaincus, qui croient dur comme fer à la théorie du grand remplacement et vont jusqu'à quitter une France qu'ils jugent trop multiculturelle.

Le grand remplacement. L’expression était déjà utilisée à la fin du XIXe et au cours du XXe siècle pour évoquer un processus de substitution des populations française et européenne par des populations étrangères. Au siècle dernier, cette théorie visait principalement les juifs et les Arméniens. En 2010, la notion revient sur le devant de la scène avec cette-fois comme cible, les populations d’Afrique subsaharienne et du Maghreb. C’est l’écrivain d’extrême droite Renaud Camus qui l’a réintroduite dans son ouvrage L’abécédaire de l’in-nocence. Un an plus tard, il sortira un livre intitulé Le grand remplacement. Presque 10 ans après la parution de ces deux ouvrages, Paul Conge, journaliste chez Marianne, a mené une enquête sur les mouvances de l’extrême droite française. Ces « grand-remplacés », comme il les nomme, sont des milliers dans l’Hexagone. Ils sont nationalistes, suprémacistes ou xénophobes et alertent sur la situation actuelle de la France, où ils se sentent oubliés. Certains d’entre eux sont même prêts à tout quitter pour s’expatrier dans des pays de l’Est dans l’unique but de récréer une société 100% blanche.

La couleur de peau comme dénominateur

Son enquête, Paul Conge l’a découpé en huit chapitres. La couleur de peau blanche est le principal dénominateur commun dans chacun d’eux. Le journaliste est allé à la rencontre de dizaines d’individus qui font la vie de ces mouvements radicaux, tous différents mais reliés par la couleur de leur peau. La plupart se disent déçus par le Rassemblement National, le jugeant souvent « trop à gauche ». Ces mouvances, dans leur processus de recrutement, ont un coeur de cible bien précis : les « petits blancs ». Ces jeunes français qui se sentent en insécurité et oppressés face à la montée du métissage et du multiculturalisme dans leur propre pays. Aujourd’hui, ils sont davantage recrutés sur Internet, sur les forums et même plus surprenant, sur les jeux-vidéo. C’est notamment le cas sur le jeu en ligne Fortnite, véritable carton de ces dernières années, où les rabatteurs recrutent des individus de plus en plus jeunes. Le public visé est facilement manipulable et se retrouve confronté à des propagandes nationaliste, négationniste, raciste… en à peine quelques minutes.

La ruée vers l’Est

Le chapitre II, intitulé « Les renégats du cauchemar multiracial » est probablement le plus édifiant de l’ouvrage de Paul Conge. Le journaliste y narre les convictions de la confrérie Suavelos, comprenez bienvenue ou bonjour, en langue celtique. Le mouvement a été co-lancé par Daniel Conversano, figure du militantisme nationaliste français, il a pour but d’encourager l’expatriation. C’est là où se trouve le paradoxe : comment des « ethno-nationalistes » (c’est ainsi que se définit Conversano) initialement acquis à la cause de la défense de leur pays en arrivent à se retourner contre lui ?

Pas un arabe, pas un noir, j’ai eu l’impression de me retrouver 

Daniel Conversano est expatrié en Roumanie depuis 2018, il dit craindre pour sa survie le jour où il se retrouvera en situation de minorité ethnique. C’est pour ça qu’il est parti, et pas n’importe où. Les communautaristes blancs ont choisi leur destination en fonction de la couleur de peau des populations. En Roumanie, en Hongrie ou en Ukraine, ils seraient déjà près de 200 à lui avoir emboité le pas et à avoir fui l’Hexagone pour recréer une société exclusivement blanche. Sur place, « pas un arabe, pas un noir, j’ai eu l’impression de me retrouver », confie Daniel à Paul Conge. Là-bas, l’entraide est de mise dans ces nouvelles communautés, Conversano a même créé une agence matrimoniale pour les Français célibataires, histoire de les mettre en contact avec des « jeunes femmes blanches de l’est », fécondes de préférence. L’objectif est clair : la régénérescence de la race blanche pour à terme, promettre des postes de pouvoir aux enfants issus de Suavelos. Grâce à ce processus, Daniel Conversano assure qu’il peut avoir un poids politique d’ici 30 à 40 ans, à condition que 1000 à 10 000 nationalistes prennent un aller simple vers un pays d’Europe de l’Est.

Pour Paul Conge, en moins de dix ans, les théories énoncées par Renaud Camus sont passées de délires d’initiés au sujet, à des phénomènes de masse. Selon un sondage IFOP réalisé en 2018, 48% des Français seraient en accord avec l’affirmation selon laquelle « un projet politique de remplacement d'une civilisation par une autre organisé délibérément par nos élites politiques, intellectuelles et médiatiques » existerait.

 

Les Grand-remplacés, éditions Arkhé, est disponible ici

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