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La féminisation des noms de métiers acceptée par l'Académie Française

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Écrit par Lepetitjournal.com International
Publié le 14 mars 2019, mis à jour le 3 décembre 2020

Autrice, cheftaine, sapeuse-pompière... il va peut-être falloir s’habituer à ces nouvelles appellations puisque l’Académie Française a adopté « à une large majorité » le rapport sur la féminisation des noms de métiers et fonctions. Plusieurs pays francophones s’étaient déjà penchés sur la question au cours des vingt dernières années, sans susciter de débats passionnés. 

 

La parité dans la langue de Molière. Afin d’éviter toute discrimination imposée par le langage ou l’écriture, l’Académie Française a adopté, à une large majorité, l’ouverture à la féminisation des noms des métiers et fonctions. Seules deux voix sur vingt se sont prononcées contre. Le projet a été dirigé par un groupe paritaire composé de Gabriel de Broglie, Danièle Sallenave, sir Michael Edward et Dominique Bona. La commission s’est rassemblée neuf fois, afin de "soumettre des propositions", sans volonté de légiférer sur la question. 

 

Ce vote n'allait pas forcément de soi au vu du scepticisme affiché depuis plusieurs années par les Académiciens, dont le groupe n'a été composé que de neuf femmes à travers l'Histoire. En 2014, ils avaient estimé que les formes "telles que professeure, recteure, sapeuse-pompière, auteure, ingénieure, procureure, pour ne rien dire de chercheure, qui sont contraires aux règles ordinaires de dérivation et constituent de véritables barbarismes". Une volte-face qui pourrait en inspirer d’autres, comme l’écriture inclusive, dont le sujet soulève aussi de multiples débats au sein de l’Institut de France. 

 

Le rapport distingue plusieurs nuances de féminisations, dont certaines sont déjà entrées dans les mœurs. La plus courante consiste à marquer le féminin par l’article, comme pour "une architecte", ou "une artiste". D’autres exemples ont nécessité une réflexion plus poussée, car ils font débat depuis plusieurs années. C’est le cas des métiers se terminant par "eure". Pour la commission, une déclinaison en "euse" s’impose lorsqu’un verbe correspond au nom (carreleuse, contrôleuse). Lorsque la situation ne s’y prête pas, le rapport propose d’ajouter un "e" à la fin de la fonction (docteure, professeure).

 

Certains cas sont difficiles à trancher

 

Quelques cas épineux, comme le féminin d’auteur, subsistent toujours à l’arbitrage des membres de l’Académie Française. "L’autrice" semble tenir la corde "dans le milieu universitaire". Mais le rapport indique qu’il est "tout à fait concevable" d’utiliser la forme "auteure". Une fois encore, l’usage arbitrera. Même cas d’école pour le féminin de "chef", qui inspira plusieurs déclinaisons en "cheffe", "chèfe", "cheftaine" ou "chève". Toutes sont utilisables. 

 

Les autres pays francophones n’ont pas attendu le réveil des Immortels pour s’attaquer au problème d’égalité de genre dans la langue de Molière. Le Québec s’est penché sur la féminisation de tous les titres de métiers et de fonctions à partir de 1979. Quelques années plus tard, en 1993, la Belgique a publié un décret relatif à la féminisation des noms de métiers. En Suisse, les administrations ont féminisé leurs noms de métiers de manière sporadique, entre 1980 et 2000. Des nuances d'usages existent néanmoins entre les pays. En France, on utilisera "un poète", en Belgique et au Canada "une poète", tandis que l'on dira "une poétesse" en Suisse. Ces derniers ont d'ailleurs tendance à utiliser avec abondance les suffixes en "esse". La Belgique se distingue quant-à-elle en changeant l'article plutôt que le nom : un(e) professeure, un(e) auteur. 

logofbinter
Publié le 14 mars 2019, mis à jour le 3 décembre 2020

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