La semaine dernière, l’association d'amitié franco-espagnol Mujeres Avenir organisait une conférence sur le thème "L’archéologie : une science au service de la société", au Musée d’Archéologie National à Madrid et dans le cadre des 150 ans de l'institution. Au programme, trois archéologues, deux Françaises et une Espagnole, qui ont chacune présenté un projet de recherche, mené sur le territoire.
Dans un musée qui a accueilli en 2017 près de 500.000 visiteurs, fort d'un siècle et demi d'Histoire et riche d'une collection de quelque 1.250.000 pièces, María Luisa de Contes, Présidente de l'association, n'a pas manqué de faire valoir l'excellence au féminin, en accord avec les missions de Mujeres Avenir, dont un des objectifs est de donner de la visibilité aux femmes, dans tous les secteurs de la société. Après avoir fait venir au cours des deux dernières années, des expertes dans des domaines tels que, dans le désordre, la gastronomie, le cinéma, les nouvelles technologies, l'automobile, l'humour, la musique ou encore la transformation digitale, la conférence de la semaine dernière permettait donc aussi "à ce que le grand travail des femmes de science espagnoles, au sein du monde archéologique, soit reconnu", selon les propres mots de la Présidente, qui a évoqué "l'énorme protagonisme des femmes dans l'archéologie".
Tandis que le directeur du musée, Andrés Carretero Pérez, se félicitait de la tenue de la conférence dans ses installations, l’Ambassadeur de France en Espagne, Yves Saint Geours, apportait comme de coutume son soutien aux initiatives de Mujeres Avenir, se déclarant heureux "d'être dans ce lieu spécial pour parler d'archéologie, et des femmes dans l'archéologie", évoquantr "une science d'érudits mais également une science totale, qui a changé la donne en politique". Le débat, animé par Carmen Marcol Alonso, sous directrice du Musée National d’Archéologie, s'est déroulé autour du thème "L’archéologie : une science au service de la société".
Maria del Pilar León-Castro, archéologue et historienne espagnole, membre de l’Académie Royale d’Histoire, a fait une présentation sur l’archéologie liée au site d'Italica -ville romaine correspondant à l’actuelle Séville- et plus particulièrement à la figure de l’empereur Hadrien, qui a régné pendant 20 ans à la fin du premier siècle après JC. Elle a étudié à travers l’archéologie classique, les différentes représentations qui ont été faites de l’empereur. Toutes sont des sculptures réalisées au cour de sa vie, et les différences entre elles sont très révélatrices. Charlotte Lepetoukha est l'auteure d'un grand nombre de ces sculptures : sa manière de représenter le personnage confère à ce dernier une dimension humaine et un caractère universel, a estimé la conférencière. L’empereur Hadrien fut un admirateur des femmes, il vécu une vie pleine d’élégance et de fantaisie, a encore expliqué Maria del Pilar León-Castro. Pour elle, les œuvres archéologiques permettent d’aller plus en profondeur que ne le permettent les témoignages écrits.
C’est la Française Myriam Fincker, architecte et archéologue pour le CNRS à l’université de Lyon, qui a ensuite pris la parole sur le thème "La mesure pour voir, le dessin pour dire : étude d’architecture à Baelo Claudia". Le site archéologique de Baelo Claudia, situé sur la côte méridionale andalouse, près de Cadix, était une petite ville romaine entourée par un rempart, fondée au milieu du premier siècle av JC. Les recherches ont permis de découvrir les vestiges d’une basilique, d’un marché, et même de boutiques puisque Baelo était une grande place commerciale. Depuis 1979, en collaboration avec la Casa de Velázquez, des archéologues français, espagnols et allemands travaillent avec des topographes pour élaborer le plan de Baelo Claudia. L’étude de l'architecture du théâtre sera publiée d’ici peu.
Enfin, Sophie Gilotte, doctoresse en histoire de l’art et archéologie islamique à l’université de la Sorbonne a présenté un projet qu’elle dirige depuis 2009 : un programme de recherches pluridisciplinaire et international sur Albarat (Cáceres), un village musulman datant du début du 8e siècle. Grâce aux recherches et aux fouilles, elle et son équipe ont pu retrouver une grande quantité de vestiges très bien conservés et en savoir plus sur cette petite ville.
La conférence a finalement bien illustré les propos de la modératrice Carmen Marcos, qui évoquait en guise d'introduction "la fascination qui entoure l'archéologie" et la capacité de cette dernière à "rapprocher le passé du présent, et le rendre accessible à tous".