La semaine dernière l'association d'amitié franco-espagnole Mujeres Avenir organisait une conférence sur les "Millenials", cette génération des 18-35 ans qui prend peu à peu le relais, notamment dans les entreprises, au sein des postes décisionnaires. Avec une vision, des valeurs et des aspirations distinctes de celles de la génération X, les Y apportent aux organisations dans lesquelles ils s'incorporent de considérables changements de mentalité, forgés à l'échelle de la révolution qui les a vu mûrir : avec diligence, et en profondeur.
(De gauche à droite : María Luisa de Contes, Président de Mujeres Avenir, Chloé Pueyo, fondatrice de Madrid Confidential, Muriel de Saint Sauveur, Izanami Martinez, Présidente de l'Association Espagnole des Start-ups, et Mar Gallardo, responsable diversité Pricewaterhouse Cooper / Photos Mujeres Avenir)
Ils n'ont jamais envoyé de fax, la lettre de motivation manuscrite (et sa très française analyse graphologique !) les fait sourire, leur CV, enrichi de recommandations, est posté en ligne sur des plateformes minutieusement sélectionnées. Ils sont "ambitieux, ultra compétents, entrepreneurs et aiment profiter de la vie", selon Mar Gallardo, responsable diversité à Madrid au sein de la firme d'audit et de conseil Pricewaterhouse Cooper. A partir d'une étude réalisée auprès de 10.000 jeunes dans 75 pays, PwC a dressé un portrait robot de la génération Y et de ses motivations professionnelles, dont les grandes lignes ont été présentées à l'audience. Entre têtes chenues et profils hipsters, le public transgénérationnel est venu nombreux écouter une conférence qui a réuni les X, Y et Z autour du B-A BA des Millenials et leur relation avec la parité et le monde professionnel.
"Je les aime, parce que nous en avons rêvé et eux sont en train de le faire". A la tribune, Muriel de Saint Sauveur, auteure du livre "Un monde au féminin serait-il meilleur ?", et en charge d'une étude sur la vision de la parité au sein de la génération Y, a joué le rôle de modératrice, relançant deux trentenaires -une Française et une Espagnole, entrepreneuses inspirées ayant su transposer ce nouvel état d'esprit, très générationnel, dans leurs startups. Les Y donc, qui matérialisent les désirs de leurs aînés, c'est part exemple Chloé Pueyo, fondatrice du site Madrid Condidential, qui a laissé tomber une prometteuse carrière d'avocate d'affaires pour repartir de zéro, avec un projet bien à soi et des envies d'épanouissement personnel. C'est aussi Izanami Martinez, entrepreneuse récidiviste, fondatrice et dirigeante de Doctor 24, Présidente de l'Association Espagnole des Start-ups et mentor de l'incubateur d'entreprises Top Seeds Lab, qui ne tient pas 6 mois dans une grande entreprise, pour cause d'ennui. "Le risque c'est ne pas prendre de risque", a ainsi déclaré Chloé Pueyo à propos du sens donné à sa carrière professionnelle.
Ni capricieux, ni feignants. Les Millenials sont au contraire impliqués dans leur vie professionnelle. "Ils demandent plus de visibilité et de participation dans l'entreprise, mais souhaitent aussi s'investir dans des organisations qui participent à construire un monde plus juste. Ils exigent plus de parité dans le monde professionnel et un équilibre accru entre vie privée et vie professionnelle", a notamment évoqué Muriel de Saint Sauveur. Un commentaire qui prend tout son sens au regard des chiffres : "Sur les 30 dernières années, 500 millions de femmes ont incorporé le monde du travail", a rappelé Mar Gallardo. "Elles seront 1 milliard à le faire au cours de la prochaine décennie". Les entreprises vont devoir s'adapter à une génération qui demande des congés paternité pour les papas, la possibilité d'allier maternité et carrière jusqu'au plus haut niveau, des options sérieuses et tangibles de conciliation. "Seules 19% des femmes de la génération Y -9% en Espagne- seraient disposées à arrêter leur travail pour avoir un enfant : qu'on arrête de nous dire qu'il n'y a pas de présence féminine dans les postes de direction du fait de l'abandon des carrière au profit de la maternité", a appuyé Mar Gallardo.
"Les entreprises doivent faire face à une révolution qui arrive depuis trois côtés", a résumé Muriel de Saint Sauveur : "l'augmentation du nombre de femmes dans les effectifs, l'hyperconnectivité et les nouvelles revendications de la génération Y (...) Pour les responsables de ressources humaines, il y a un énorme travail à faire pour adapter leurs structures à ces évolutions". Présidente de l'association et secrétaire générale de Renault Espagne, María Luisa de Contes a averti une audience régulièrement composée de dirigeants de haut vol, mi-sérieuse mi-sourire : "Maintenant, vous allez devoir changer !" "Les organisations vont devoir inclure des processus facilitant la diversité de profils, promouvoir la méritocratie et adopter des attitudes inclusives au lieu d'exclusives", a commenté Mar Gallardo. "Ce n'est pas une mode passagère, c'est une tendance qui va impacter les entreprises de façon durable, au niveau de leur rentabilité et de leur compte de résultat".
Vincent GARNIER (www.lepetitjournal.com - Espagne) Lundi 1er février 2016
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