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Le mythe de l’immunité collective

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Unsplash - Chris Barbalis
Écrit par Colin Porhel
Publié le 22 janvier 2021, mis à jour le 22 janvier 2021

L’immunité collective obtenue par l’infection naturelle, politique choisie par Boris Johnson au cours des premiers mois de la pandémie, ne constitue désormais plus l’objectif à atteindre. Les autorités privilégient aujourd’hui la vaccination de masse. Un changement approuvé par l’OMS (Organisation mondiale de la santé), qui a déclaré que l’immunité collective « posait un problème du point de vue scientifique et éthique ».

 

Patrick Vallence, conseiller scientifique du gouvernement, assurait pourtant en mars dernier « qu’éviter que tout le monde attrape le virus » n’était pas « souhaitable » dans le but que la population « acquiert une certaine immunité ». Mais le Royaume-Uni n’est pas le seul pays à avoir abandonné ce discours. La Suède a récemment reconnu l’échec de la stratégie adoptée jusqu’ici, à savoir compter sur l’immunité de groupe et la responsabilité des citoyens.

 

L’immunité collective, de quoi s’agit-il ?

Elle correspond au phénomène par lequel un virus ne peut plus se propager car trop de personnes sont immunisées. L’épidémie s’éteint progressivement, mais peut continuer à toucher les sujets les plus fragiles. En fonction des maladies et au regard de leur taux de reproduction de base, le pourcentage de la population qui doit être immunisée varie sensiblement. Celui de la grippe est égal à 50%, tandis que ceux du Covid-19 et des oreillons grimpent respectivement à 70 et 87%.

Afin d’atteindre cette immunité, deux solutions existent. La première consiste à laisser la population se contaminer entre elle. Il s’agit de l’immunité naturelle. Les organismes des individus vont produire des anticorps, qui lutteront contre la maladie. Cette stratégie s’avère toutefois risquée, car les personnes les plus fragiles développeront une protection trop faible pour combattre l’infection. La deuxième réponse possible pour atteindre l’immunité collective est de vacciner l’ensemble de la population. Cette solution semble séduire une majorité des pays concernant la pandémie actuelle.

 

Quels résultats pour les pays ayant choisi l’immunité collective naturelle ?

Si une grande partie des Etats a, dès le début de la pandémie, adopté des mesures restrictives pour tenter de juguler la progression de l’épidémie, certains n’ont pas voulu sacrifier leur économie en instaurant des confinements. La Suède, le Brésil, le Royaume-Uni ou encore les Etats-Unis ont tous montré quelques réticences à instaurer un cadre strict. Cette stratégie s’est néanmoins avérée peu efficace.

Le pays nordique fait partie des Etats d’Europe les plus frappés par la propagation du virus, tout comme le Royaume-Uni. Un mot a même été inventé par les Suédois pour exprimer leur incompréhension face à cette stratégie. La « coronaskam », littéralement « la honte du corona », désigne l’embarras des citoyens face à la politique de santé de leur gouvernement. Le Brésil reste également très touché par l’épidémie. La ville de Manaus, dans laquelle 76% de la population présente des anticorps, est à nouveau durement touchée par l’épidémie. L’explication provient probablement de la mutation du virus, d’après le Professeur François Balloux, de l’University College de Londres.

 

Le Royaume-Uni peut-il atteindre l’immunité collective ?

Selon la responsable scientifique de l’OMS, Soumya Swaminathan, l’immunité de groupe ne sera pas atteinte en 2021. Malgré les « progrès incroyables » réalisés par les professionnels de santé, l’acheminement du vaccin vers les pays prend du temps.

Une étude menée par les scientifiques du SAGE (Scientific Advisory Group for Emergencies) affirme que le Royaume-Uni ne pourra accéder à l’immunité collective si le gouvernement assouplit les restrictions de déplacements actuelles. Ils estiment nécessaire de maintenir un confinement strict jusqu’au mois de mai, car une seule dose de vaccin ne procure qu’une faible protection. Boris Johnson a pourtant promis de procéder à une réévaluation de la situation lorsque 14 millions de personnes auront reçu une première injection.

Le gouvernement reste ainsi concentré sur son objectif de proposer le vaccin à toutes les personnes majeures d’ici au mois de septembre. Plus de cinq millions de personnes se sont déjà fait administrer une première dose de sérum d’immunité, selon le Premier ministre.

 

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