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Coronavirus : que va-t-il se passer dans les 18 mois à venir ?

Coronavirus Covid-19 avenir Royaume-Uni confinement Coronavirus Covid-19 avenir Royaume-Uni confinement
Tom Parsons - Unsplash
Écrit par Luther Beaumont
Publié le 30 mars 2020, mis à jour le 30 mars 2020

Que la pandémie liée au coronavirus ne dure que deux mois, ou quelle s’étale sur deux ans, nos modes de vie vont irrévocablement être altérés tant sur le plan personnel que professionnel.

 

Nous sommes tous confinés. Les rayons de supermarché sont vides ou parsemés de quelques produits. Les avions sont cloués au sol. Les travailleurs ont été licenciés, ou mis en congés et reconvertis en instituteurs à la maison. Un gouvernement conservateur a nationalisé le réseau ferroviaire et paye des salariés à ne rien faire. Et nous en sommes seulement à la deuxième semaine. En moins de dix jours, la Grande-Bretagne a dû faire face à des bouleversements sociaux et politiques qui n’auraient pas pu survenir en temps normal. Ou seulement après avoir guillotiné notre royauté ou après que le palais n’ait été rayé de la carte suite à une tempête. Notre élan de solidarité sur le plan national ne demeure-t-il qu’épisodique, ou entend-il se pérenniser dans notre vie de tous les jours ?

Tout va dépendre de la durée dans laquelle la crise liée au coronavirus va s’inscrire. Les experts pensent que le vaccin propre au Covid-19 ne sera pas mis au point avant 18 mois, dans le meilleur des cas. Ce qui rend les promesses effectuées par Donald Trump quant à la réouverture des frontières aux Etats-Unis d’ici trois semaines bien optimistes. Au Royaume-Uni, la réalité la plus plausible a été décrite dans un rapport publié par les chercheurs de l’Imperial College de Londres. Ils estiment que les nouvelles règles de vivre ensemble : éloignement social, auto-isolement, confinement prolongé, pourraient s’éterniser au moins jusqu’en septembre 2021. La question de ce qui va advenir durant cette période de crise se pose donc.

La vérité absolue, personne ne la détient. Nous n’avons jamais dû faire face à un ennemi comme le Covid-19 auparavant. L’onde de choc provoquée par le coronavirus est significative dans tous les domaines, tant sur le plan social qu’économique. J’ai donc observé et étudié ce que les experts pensent pour vous éclairer sur les séquelles de cette crise sanitaire majeure.

 

Mois numéro 1 : La contamination

Une chose est quasiment sûre : « Cela va d’abord aller en empirant, pour ensuite aller potentiellement mieux (…) Je pense que l’épidémie va très certainement continuer de se propager pendant les trois prochains mois » a déclaré le docteur Paul Hunter, professeur de médecine à l’université d’Est-Anglie. Il a la conviction que les restrictions de nos déplacements vont devenir de plus en plus lourdes dans les 30 prochains jours. Sans personne dans les rues, les centres-villes seront désertés. Les sites de construction ne feront plus l'objet de la même activité, et les magasins, bars ou restaurants devront rester fermés.

Pendant ces cessations d’activité, les supermarchés et les entreprises de livraison alimentaire prospéreront. Selon les dernières données rapportées par le cabinet consultant Kantar, qui a suivi plus de 100 000 enseignes en Grande-Bretagne, nous nous sommes rendus près de 15 millions de fois supplémentaires au supermarché lors de la semaine se terminant le 17 mars (ce qui correspond à la première semaine d'éloignement social). Et ce, en comparaison des chiffres recensés lors de la même semaine l’année dernière. La moyenne de fréquentation a donc augmenté de près de 16 %. Malgré ce qui peut être observé dans les rayons de pâtes alimentaires complètement vides, il n'est pas uniquement question de la constitution de stocks de la part de la population.

« Les supermarchés ne comptabilisent actuellement que 60 % de ce qu’ils comprennent habituellement » a précisé Tim Lang, professeur en politique alimentaire à l’université City de Londres. Cela doit aussi permettre de fournir notre « Fish and chips » du vendredi, ou notre brunch du samedi, ou encore nos déjeuners à emporter (qu'est-ce que ce kebab complet salade tomates oignons peut nous manquer !). « Si 40 % de notre chaîne alimentaire ne fonctionne plus, l'ensemble de la population doit se débrouiller avec les 60 % disponibles. Ce qui de façon inévitable va engendrer du stress et de la contrariété ».

 

« Nous sommes habitués aux listes d’attente, mais sûrement pas à ce qu'on nous réponde : « Désolé, nous n'allons pas pouvoir hospitaliser votre grand-père, ramenez-le à la maison et installez-le confortablement ».

 

Ne vous attendez pas à ce que les rayons redeviennent abondamment fournis. Ils seront certes moins parsemés, de part l'acclimatation de la population et la façon dont les placards ont pu être remplis pour gérer au mieux le confinement. Le vrai problème pour la plupart des gens ne sera pas la disponibilité des produits, mais plutôt la façon dont nous parviendrons à nous les offrir. « D’ici un mois ou deux, les particuliers vont commencer à peiner pour payer leur loyer, ainsi que leurs denrées alimentaires », a confié Lynette Nusbacher, une ancienne conseillère du gouvernement, qui exerce désormais en tant que conseillère en stratégie pour le compte de grandes entreprises. Le coup vraisemblablement le plus dur, touchera les professionnels du secteur événementiel, qui dépendent de nos activités nocturnes et de nos va-et-vient après un peu trop de temps passé dans les pubs. Particulièrement depuis qu'ils ont pour la plupart, le statut de prestataires extérieurs. Ce qui par conséquent leur procure un degré de protection moindre, au regard des mesures salariales mises en place par le gouvernement.

Le mois d'avril va aussi demeurer le mois pendant lequel le NHS devra gérer le pic de l’épidémie. Toutes les indications tendent à démontrer que nous sommes sur les traces de ce qui se produit en Italie, où le nombre de pertes humaines a d'ores et déjà dépassé les 10 000 (en comparaison au 1000 décès constatés au Royaume-Uni au même moment). Ici, le pays s’appuie sur une moyenne de 2,8 soignants pour 1000 personnes, ce qui est inférieur aux moyennes constatées en Italie et en Espagne, de l’ordre de 4,1 médecins pour mille personnes. Le nombre de patients se trouvant dans un état critique va terriblement augmenter et le NHS va, selon toute vraisemblance, se retrouver complètement débordé. De la même façon que cela se produit déjà en Espagne et en Italie, le personnel médical se retrouvera contraint et forcé de sélectionner, qui aura désormais le privilège de se faire traiter par ses moyens limités. Des respirateurs seront prodigués à des personnes plus jeunes en lieu et place des personnes âgées. « Nous sommes habitués aux listes d’attente, a déclaré Nusbacher. Mais le fait de s'entendre dire « Désolé, nous n'allons pas pouvoir hospitaliser votre grand-père, ramenez-le à la maison, et installez-le confortablement » va nous heurter d'une façon viscérale.

 

Mois numéro 3 : La récession

L'espoir, c'est qu'en juillet, nous serons parvenus à avaler la première grosse difficulté. Après des mois d'augmentation journalière du nombre de contaminations et de décès, nous serions enclins à ce que les deux puissent commencer à diminuer. « Je doute que jusqu'à ce que nous puissions observer cela, nous ne puissions pas commencer à nous relâcher quant aux règles d'éloignement social », indique Hunter. Bien qu’il trouverait surprenant que le confinement n'ait pas été levé en cette date. « Espérons que cela aura lieu avant la fin du mois de mai, mais cela ne devrait pas être le cas ».

Si la promesse de Trump quant au redémarrage de l'économie américaine dans un délai d'un mois, semble plutôt désormais correspondre à un délai de trois mois à compter d’aujourd’hui, certains pays auront déjà commencé à se re-familiariser avec un semblant de vie normale. Il semble que selon les experts « nous pourrons observer la capacité de la population à sortir de nouveau et redevenir active économiquement dans le courant du mois de juillet ou du mois d’août », nous dit Nusbacher. « Mais cela pourrait peut-être le cas un peu plus tôt ».

Hunter s’attend à ce que l’économie suive la même évolution que celle en train de se produire dans les hôpitaux : « Cela va être difficile, mais je pense qu'un retour au calme interviendra pendant la période estivale. Je ne puis en être certain, mais j'envisage un déclin de la progression de la pathologie vers la fin du mois de juin ». En partie grâce aux mesures prises et encouragées par le gouvernement, mais également en partie grâce au fait avéré que les choses seront un peu plus faciles à gérer en été ». De part l'amélioration de la situation, nous serons de nouveau autorisés, à passer du temps dans les parcs. Nous serons encore tenus de respecter des distances socialement, afin de pouvoir se prémunir d'une seconde vague de contaminations.

 

« Nous pourrions être amenés à constater le véritable effondrement de la classe ouvrière »

 

Les distances à respecter socialement s'appliqueront aussi sur le plan professionnel. Gary Cooper, professeur en psychologie organisationnelle à l’école de commerce de Manchester a déclaré : « Je pense que les gens voyageront, mais seulement lorsqu'ils y seront obligés ». Notre frilosité à voyager ne sera pas uniquement due à notre perception du secteur de l’aviation, tel un vecteur de propagation du virus dans le monde. Elle s'expliquera aussi de part la durée de la période durant laquelle nous fûmes priés de rester à la maison. La population aura d'ici là réalisé, à quel point ce qui pouvait se traduire par au accoutumance aux entretiens physiques, peut tout aussi bien être effectuée par l'intermédiaire des technologies dont il nous est donné de disposer.

Cela aura aussi pour conséquence de replacer certains salariés au rang de subalternes. Il y a de cela deux ans, Cooper avait entrepris une étude dans le but de déterminer le pourquoi du comment les professionnels ne tiraient pas profit de leur droit légal en vigueur leur permettant de révoquer l'obligation de travailler dans les locaux propres à leurs employeurs. L'étude révéla que certaines femmes avaient su user de ce droit, au contraire des hommes, qui craignent que cela puisse affecter leur carrière. « Il y avait un blocage, désormais il n'y en a plus » affirme Cooper. « À l'heure actuelle, vous êtes forcés de travailler exclusivement depuis votre domicile ».

La gestion des stocks dans les supermarchés se sera stabilisée autour de certains principes, prenant en considération que les fabricants ont désormais placé en propriété ce qu'ils peuvent concrètement mettre en rayons. Notre relationnel avec la nourriture évoluera également. « Il nous faut songer à nationaliser à nouveau nos chaînes de distribution, afin de les rendre plus résiliantes et mieux préparées » annonce Lang, l’expert en politique alimentaire. « Nous avons développé pendant soixante ans la culture du : « je peux manger ce que je veux, quand je le veux, et cela restera abordable pour toujours. Je pourrais même me permettre de trop manger. Cette culture se doit de changer ». Les fruits exotiques vont disparaître des rayons, la saisonnalité des fruits renaitra. Il faudra remercier pour cela les blocages aux frontières quant au transport aérien de marchandises. Cela signifie qu'il n'y aura plus de fraises en hiver par exemple. « Le coronavirus va impacter lourdement la normalité de notre alimentation ».

Cependant, ce retour à la normale socialement, pourrait engendrer une nouvelle phase de contamination. « Les lieux dans lesquels l’économie reprendra son cours trop tôt, en laissant la population retourner sur ses lieux de travail et reprendre de vieilles habitudes, feront apparemment l’objet d'une nouvelle vague de contamination fulgurante » décrit Nusbacher. « Fulgurante car lorsque la population renouera le contact, il y aura des contaminations particulièrement meurtrières car les services de santé ne seront plus en mesure d'administrer de soins intensifs. »

Nusbacher est convaincue que cela pourrait représenter la fin des grandes rues anglaises. Le coronavirus n'en sera pas la cause sous-jacente, mais cela marquera l’avènement de l’âge d’or des livraisons à domicile. Nous assisterons à une centralisation de nos entrepôts, d'une façon plus précoce que celle envisagée auparavant. Alors qu’Amazon et compagnie vont avoir encore un plus gros marché à se partager, les conséquences pour les autres seront significatives. Environ trois millions de personnes sont employés dans le secteur sédentaire. Et même si une partie de ces employés se reconvertiront en tant que livreurs pour les enseignes de commande en ligne, l'automatisation sera synonyme de la disparition en grande proportion de ces métiers. « Beaucoup de personnes vont perdre leurs emplois » affirme Lynette Nusbacher.

 

Mois numéro 6 : La rechute

D’ici septembre, nous commencerons à prendre conscience des effets permanents du budget alloué par le chancelier Rishi Sunak, dans la gestion du coronavirus. Heureux puissent être ceux à qui sera donnée la possibilité de retrouver un emploi. Ceux qui par contre, auront été mis à la porte, ainsi que ce qui se seront potentiellement effondrés suite à leur mise à pied, devront lutter ardemment pour solutionner leur devenir. Avec un affaiblissement sans pareil depuis la crise financière de l'économie américaine, une nouvelle période de confinement longue de six mois ne pourrait être la garantie que d'une seule chose : une récession totale et globale. Parce que les marchés devraient faire face à des effondrements sans précédent de l'offre, mais aussi de la demande. Tous les emplois portés disparus durant la crise ne réapparaitront probablement pas, ce qui pourrait mener à une explosion du taux de chômage.

« Nous allons passer la moitié d’une année à payer une partie de la population pour qu’elle reste chez elle à ne pas travailler, les gens finiront par ne plus souffrir moralement d’être payés à ne rien faire » explique Nusbacher. « Il est question d'un changement d’éthique ». Une allocation minimum universelle, c'est ce qui a été expérimenté en Finlande et au Canada. Les conclusions sont variées. Parmi celles observées, l'effondrement de la classe ouvrière. En lieu et place d'une économie se reposant sur les capacités de production, ce sera une économie se basant sur les capacités de consommation. Illustrant le biais par lequel la population dépense l'argent prodiguée par le gouvernement.

 

« Nous allons observer une nette augmentation du taux de natalité. Lorsqu'on s'ennuie devant sa télé, il n'y a rien d'autre à faire ».

 

Pour ceux dont les emplois auront survécu, leur manière de travailler évoluera. Le nombre de bureaux rétrécira, laissant place désormais à des lieux dans lesquels nous ne serons que de passage une paire de fois par semaine, afin de pouvoir se croiser. Il ne sera plus question de ces lieux de travail, dans lesquels nous passions 40 heures par semaine (voire plus) assis face à notre écran d’ordinateur. Nous pouvons bien faire cela depuis la maison après tout ! « Nous allons avoir besoin d'un nouveau type de manager », déclare Cooper. « un profil avec d'importantes compétences sur le plan social, pour gérer virtuellement les équipes de travail ». Les changements intrinsèques au fonctionnement de notre économie ne feront qu'accélérer ce processus. Nous n’aurons plus à partager des outils de travail comme une imprimante ou une connexion internet. « La seule chose, qui jusqu'au coronavirus, empêcha les professionnels de travailler depuis leur domicile, c'était la crainte que cela puisse remettre en question leur implication professionnelle ».

Mais par-delà cette fragile illusion de normalité, le virus se sera placé en mode silence radio, observant l'évolution de nos comportements. Nous nous confronterons à une résurgence des cas nécessitant des soins intensifs aux périodes estivales. Des cycles de confinement répétés seront instaurés dans différentes régions du Royaume-Uni. Dans le but de minimiser les cas impliquant des soins intensifs. Il nous faudra parvenir à procurer un peu de mou à notre système de santé. « Aux alentours de Noël prochain, je parie que nous allons observer une nette augmentation du taux de natalité », relate Hunter. « Lorsqu'on s'ennuie devant sa télé, il n'y a rien d'autre à faire ».

Au sujet du petit écran, la quantité de nouveaux programmes ne va cesser d'aller en diminuant. Avec les cinémas dont la tendance ne laisse pas vraiment présager de réouverture à court terme, les studios de production devront choisir entre continuer de retarder indéfiniment les sorties de films, ou les rendre accessibles sur des plates-formes de streaming. Dans ce dernier cas, Il nous faudra prendre nos distances avec les célèbres résultats du box-office. L'éloignement social et les restrictions de libre circulation vont mettre à l’arrêt les productions de films ainsi que celles de séries télévisées. Les annonceurs, tout comme les studios, se retrouveront dans l'obligation ou de puiser abondamment dans leurs archives ou de trouver de nouvelles méthodes afin de créer de nouveaux contenus.

Les écoles rouvriront leurs portes. Les universités aussi. Mais avec un nombre plus que réduit d’étudiants internationaux mettant en pause leur cheminement universitaire. La plupart s’interrogeant quant au fait de se retrouver potentiellement à l'autre bout du monde si une nouvelle épidémie venait à subvenir. Au même moment que les employés de bureau seront en train de s’interroger sur le fait d'être tous réunis dans la même pièce pour effectuer leur travail, les établissements scolaires du secondaire ainsi que les universités commenceront à considérer le potentiel maintien permanent de certaines des mesures prises au cours des derniers mois.

 

Mois numéro 12 : la résilience

Après que la fiction coronavirus soit devenue réalité, notre façon de gérer les cas suspects aura changé radicalement. Par la vaccination, cela ne sera que très peu probable malheureusement. Les personnels médicaux seront devenus plus coutumiers de la pathologie Covid-19, et de ses complications potentielles. Nous disposerons donc d'un panel de traitements plus larges. « La médecine, c'est de la science” », insiste Hunter. « Tout ce que nous entreprenons doit reposer sur des preuves exhaustives. Ce n'est pas pour autant que bon nombre de facteurs ne sont pas encore maîtrisés suffisamment pour envisager des essais cliniques. Il faudra plutôt compter sur les médecins pour pointer du doigt les cas qui nécessitent de faire plus, car ils les ont déjà observés cinquante fois auparavant. C’est de cette façon qu’ils ont pu obtenir plus d'informations quant à l’interprétation des symptômes ».

Le biais par lequel le gouvernement sera en capacité de suivre à la trace la propagation du virus aura lui aussi évolué. « Nous serons probablement amenés à devoir décider si nous préférons répartir en grande partie nos efforts dans l'identification des nouveaux cas, plutôt que de les laisser surgir, pour ensuite les isoler. Le genre de comportements dans lesquels nous nous inscrivions fin janvier, début février 2020 », annonce Hunter. « Mais le chemin est encore long pour en arriver là ».

 

« En Grande Bretagne, nous sommes habitués à savoir nous reprendre. Les gens mettent derrière eux les erreurs commises, et vont de l’avant ».

 

L’un des points positifs, avec les secteurs industriels et de l'aviation à l’arrêt, c'est que les émissions en CO2 chuteront. Les chercheurs ont déjà pu observer de nettes diminutions des dioxydes d’azote. En Chine, il a été constaté un taux de pollution 30 % moins élevé qu'à la normale. Dans le nord de l'Italie, les niveaux de dioxyde de carbone ont même chuté de 40 %. Même si cela ne peut être suffisant pour enrayer complètement la crise climatique, la précipitation dans laquelle nous avons dû faire évoluer nos comportements, à cause de la crise du coronavirus, pourrait être un signe rassurant de notre capacité à nous inscrire dans d’énormes sacrifices personnels. Face à une menace du calibre de la crise du coronavirus, nous avons su réagir.

N'imaginez cependant pas que tout redevienne rose. Nous serons probablement toujours en période de récession. L’économie dans sa globalité devra être repensée. « Nous pourrions être amenés à observer des difficultés pour les entreprises prestataires de services dans l’annonce du message : tout le monde de retour au travail », confie Nusbacher. « Nous devrions observer les vestiges de certaines entreprises qui ne parviendront plus à demeurer rentables, de par les nouveaux business plans à élaborer ». Tout particulièrement en Europe, il nous faudra y songer à deux fois avant de faire redémarrer cette économie qui se base sur les hydrocarbures. Il nous faudrait saisir cette opportunité de considérer beaucoup plus l’écologie.

Le coronavirus ne représentera pas la raison de ces changements de comportement, mais il constituera le déclencheur pour acter ces changements attendus depuis si longtemps. « Je ne suis pas en train de dire que cette épidémie ira de paire avec des changements radicaux pérennes dans nos comportements », ajoute Nusbacher, je précise juste que l'épidémie pourrait représenter le facteur nous permettant d'appuyer sur la pédale d’accélération. Il y aura des tentatives de retour à la normale, mais cela ne marchera pas. Les temps auront changé. Nous étions déjà à l’aube de changements économiques et sociaux, et toutes tentatives pour nier cela irait à l'encontre de la réalité économique telle qu’elle est. » Mais au bout du tunnel, nous verrons enfin la lumière : le vaccin.

 

Mois numéro 18 : la guérison

Le coronavirus est une pathologie. Par définition donc, il ne faut pas s’imaginer qu’il ne restera pas. Mais une bonne organisation dans l'administration du vaccin, permettra de soulager la population. « Je redoute que lorsque le vaccin sera rendu disponible, il soit d'abord prodigué auprès des personnes les plus exposées, tels les personnels de santé, même s'ils n'ont pas été contaminés », émet Hunter.

Le reste d'entre nous devra être suffisamment fort pour résister au virus, en l’ayant déjà contracté. « D’ici la fin 2021, beaucoup de particuliers auront développé leur immunité. Ils auront déjà été exposés, en étant parvenus à survivre. Cela fera la différence. L'épidémie s'achèvera et nous aurons à traiter ce qui a pu se passer. Peut-être même davantage que ce qui sera à venir ».

Tout cela pourrait faire l'objet de véritables tremblements de terre, dans la façon dont le monde s’organise. La Chine devra faire en sorte de redémarrer la croissance de son économie. Les pays qui ont bénéficié du soutien apporté sur le plan médical par la Chine, comme l’Italie, noueront des liens plus étroits avec Pékin. Les États-Unis en finiront peut-être, avec leur approche de marché à l’égard de leur système de santé. Au Royaume-Uni, dans la foulée du gouvernement conservateur qui aura chamboulé un siècle de dogmes pour sauvegarder notre économie, nous devrions observer des changements significatifs. Les infrastructures construites juste à temps pourraient devenir des chose du passé. Tous les moyens mis à disposition du NHS durant la crise pourraient devenir un problème, plutôt qu'un objectif à tenir.

Le coronavirus entraînera une véritable révolution dans la façon de vivre et le travailler des Britanniques. Mais bon nombre de ces changements à long terme seront accompagnés aussi de ce qui avait été occulté, même si cela prendra un certain temps à s’observer. Le test pour nos sociétés va s'effectuer au travers de notre approche à l’égard de ceux qui ont tout perdu. De la façon dans laquelle nous parviendrons à les rémunérer dans cette nouvelle société. A nous de déterminer cette approche dans un sens ou dans l’autre. Laisserons-nous se développer ce sentiment de responsabilité partagée ou accepterons nous de sacrifier les potentielles opportunités qui se présenteront à nous, afin de préserver ceux d’entre nous qui ont tant perdu.

 

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