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La pandémie a aggravé les difficultés d’accès à la contraception féminine

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Venus Women's Clinic London
Écrit par Lili Auriat
Publié le 14 octobre 2021, mis à jour le 14 octobre 2021

Au cours de la pandémie, l’accès à la contraception s’est compliqué pour un grand nombre de femmes. Près d'un tiers d’entre elles souhaitant prendre des contraceptifs à action prolongée n'ont pas pu se les procurer.

 

Cette année, les consultations en visioconférence se sont multipliées, posant problème aux femmes nécessitant une contraception réversible à longue durée d'action (LARC). Qu’il s’agisse de la bobine, de la spirale, de l’implant ou de l’injection, ces traitements ne peuvent être administrés qu’en face à face. L’injection doit par exemple être renouvelée par un médecin toutes les 12 semaines. Un tiers des femmes souhaitant y accéder ont été contraintes d’y renoncer selon une étude de Preventx, les contraignant parfois à avoir recours à l’avortement.

 

La dégradation de la santé sexuelle des femmes

Cette LARC représente de grands avantages pour beaucoup de femmes. Le National Institute for Health and Care Excellence (NICE) affirme que l'utilisation de ces méthodes de contraception contribue non seulement à réduire le risque de grossesses non désirées, mais elles représentent également une solution pour les femmes qui supportent mal la pilule à progestérone. Le corps des femmes réagit différemment à cette pilule, certaines peuvent avoir des effets secondaires importants comme de fortes douleurs pendant leurs règles ou des cycles irréguliers.

Malgré cela, de nombreuses cliniques de santé sexuelle au Royaume Uni ont été fermées pendant la pandémie ou ont dû fonctionner avec des effectifs réduits car le personnel avait été déployé dans d'autres parties des hôpitaux pour aider à gérer l'urgence du coronavirus. Durant la pandémie, certaines femmes ont donc soit été empêchées de renouveler leur traitement, soit d’en changer si leur traitement précédent n’était pas adapté.

Peter Greenhouse, porte-parole de l'Association britannique pour la santé sexuelle et le VIH, a participé à une enquête démontrant qu’au Royaume Uni, deux tiers des cliniques de santé avaient moins de 20 % de capacité pour effectuer des consultations en face à face. Selon la même enquête, un tiers des services auraient également cessé de donner des injections contraceptives tous les trois mois et 86 % des cliniques n’auraient pas été en mesure de proposer une LARC.

 

Un recours croissant à l’avortement

Les difficultés d’accès à ces contraceptifs a contraint un nombre croissant de femme à avoir recours à l’avortement ou à la pilule du lendemain. Alors que les confinements et autres restrictions ont compliqué les rendez-vous pour interrompre les grossesses non désirées, les avortements médicamenteux se sont multipliés.

Parmi les femmes interrogées par Preventx, 7% d’entre elles ont déclaré que leur incapacité à obtenir une LARC les avait contraintes à avoir recours à des services d'avortement, tandis que 12% affirment qu'elles avaient été obligées de prendre la pilule du lendemain. Des situations qui peuvent être très difficiles à gérer physiquement et psychologiquement. Katherine O'Brien, porte-parole du British Pregnancy Advisory Service, témoigne : « Aucune femme n'aspire à se faire avorter et, idéalement, aucune femme ne devrait avoir à accéder à des services d'avortement (…) Pour certaines femmes, un avortement sera une expérience difficile. »

 

Une situation aggravée par la pandémie

Le Covid-19 n’est pas le seul événement à l’origine de ces problèmes d’accès à la contraception pour les femmes. La pandémie n’a fait qu’aggraver la situation des cliniques de santé sexuelles qui subissent depuis plusieurs années des coupes « dommageables », selon le personnel de première ligne.

Les chiffres fournis par le Groupe consultatif sur la contraception montrent que les dépenses en matière de contraceptifs ont diminué de près d'un cinquième entre 2015 et 2019. La proportion de conseils municipaux souhaitant réduire le nombre de lieux offrant des services de contraception a bondi de 9 % en 2015 à 26 % en 2019.

Anne Connolly, membre du groupe, a affirmé que ces coupures de budget aggravaient les inégalités sociales qui touchent particulièrement les femmes les plus vulnérables, soit car elles ont un faible revenu, et sont donc moins capables de parcourir de longues distances pour accéder aux cliniques, soit à cause de leur âge ou de leurs addictions. Les cliniques de contraception spécialisées s'adressant spécialement aux jeunes et aux consommateurs de drogues et d'alcool ont été les plus touchées par les réductions de budget. « C'est une question de droits humains » a déclaré Anne Connolly avant de conclure que « Toutes les femmes devraient avoir le droit de choisir quand et si elles tombent enceintes. »

 

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