“Crew”, “battle”, “flow” ; ces mots vous semblent peut-être flous, pourtant ils font partie intégrantes du vocabulaire du breakdance. Alors que la discipline est inaugurée aux Jeux olympiques de Paris pour la première fois, Martin Lejeune, médaillé d’argent aux Jeux Juniors en 2018, revient sur les enjeux de l’événement et sur son parcours des plus breakthrough (perçant, ndlr) dans le domaine.
Dans le monde du breakdance, il y a des noms qui résonnent comme des légendes vivantes : Junior Bosila Banya, Shigekix, (plus jeune participant à remporter les Red Bull BC One)...
Loin de New York, où elle a été fondée, la discipline se fait aujourd’hui un nom, à coups de flows, de MC’s, et de power-moves ; à tel point qu’elle sera inaugurée aux Jeux olympiques de Paris 2024, après plus d’une demi-décennie d’existence. Si vous ne connaissez pas, petit aperçu rapide de ce qu’est le break :
Parmi tous ces aficionados de hip-hop, existe Martin Lejeune, également connu sous le nom de Bboy Martin. Originaire de Calais, le jeune homme de 21 ans incarne la fraîcheur et l'énergie de la nouvelle génération de danseurs de breakdance français. Mais derrière un visage dynamique et souriant se cache une histoire faite de passion, de détermination et d'un soupçon d'humour.
Martin Lejeune est guidé par le flow depuis ses 9 ans
Bboy Martin fait partie : “du groupe Immigrandz, du collectif Blacklist et de la Team France”. Dès son plus jeune âge, il a été comme attiré par les moves du breakdance et une étincelle s'allume en lui à l'âge de 9 ans : “J'ai vu un ami à moi en faire, sous le préau en école primaire. Je suis rentré chez moi et j'ai pleuré pour que mes parents m'amènent à une session de break”. Pourtant, ses parents ne lui ont pas tout de suite accordé la confiance qu’il réclamait : “Ils me disaient que la danse était pour les filles. Ils se focalisaient sur le terme "Break-dance". Ils ne pouvaient pas s'imaginer ce que c'était”
L’histoire est belle car les parents de Martin ont vite été stupéfaits par le talent brut de leur fils. Aujourd'hui, ils parcourent le monde entier pour le soutenir ; une fierté palpable dans leurs yeux : “Aujourd'hui, à 21 ans, j’ai pu les amener en Argentine ; j'ai ramené mon père au Japon… C'est génial. Étrangement j'ai la sensation qu'ils en veulent encore plus, parce qu'ils sont fiers.”
Des jeux de récrés, aux Jeux olympiques
Martin gravit rapidement les échelons, accumulant succès et médailles. Mais son apogée arrive bientôt : “Ma plus grande échéance a été d'avoir fait les Jeux olympiques Juniors, à Buenos Aires et d'avoir pris la médaille d'argent, en 2018, à seulement 16 ans.” Mais ceci n'était que le début d'une aventure encore plus grande.
Alors que les Jeux olympiques de Paris 2024 se profilent à l'horizon, Martin se prépare à représenter fièrement la France, bien qu'il ne soit pas encore officiellement qualifié : “Personnellement, je ne ressens aucune peur pour la qualification”, avoue-t-il d’un sourire taquin, “même si je ne suis pas encore qualifié, cela ne m'effraie pas. Je suis confiant en mes capacités, ainsi qu'en celles des personnes qui me soutiennent. Dans notre sport, les qualifications se déroulent jusqu'en juin ou juillet. L'essentiel est de croire en soi pour pouvoir s'entraîner pleinement.”
“Il faut que le break, break tout (à Paris 2024) !”
Pour Martin, les Jeux olympiques ne sont pas seulement l'occasion de briller sur la scène internationale, il s’agit aussi d’une opportunité de propulser le breakdance sous les feux des projecteurs. “Je pense que nous avons une culture qui peut s'acquérir chez toutes les générations. Je vois Paris 2024 comme une grosse mise en avant pour que le break, break tout. Ce que nous voulons mettre en relief c'est la culture hip-hop”, conclut-il.
En ce qui concerne la compétition elle-même, certains se demandent sûrement si les règles changeront par rapport au format “classique” du break ? “Notre discipline reste la même, mais le comité veut rendre les notes plus compréhensibles et objectives.” Ainsi, a été introduit des critères tels que la technique et la musicalité pour évaluer les performances, permettant ainsi de clarifier les raisons des points perdus ou gagnés. “Ce n’est pas forcément le plus technique ou le plus original qui va gagner, mais plutôt quelqu’un de complet. Puis maintenant, les athlètes savent pourquoi ils perdent. Je trouve la formule plus simple, finalement”, souligne Bboy Martin.
Une approche décontractée pour un enjeu de taille
Alors, comment se préparer pour un événement mondial ? Avec son mélange unique de confiance et de légèreté, Martin adopte une approche “chill”, selon ses termes. "Mentalement, je ne me prépare pas, comme ça je ne suis jamais choqué", plaisante-t-il. Pour lui, l'entraînement est une question de passion et de spontanéité, pas de chiffres ou d'obligations.
En somme, derrière le danseur qu’est Bboy Martin, se cache un compétiteur redoutable, prêt à conquérir de nouveaux sommets sur la scène mondiale : “Si je vais aux JO, je ne peux pas faire moins que mes résultats précédents (médaille d’argent).” Alors, rendez-vous à Paris 2024, où le Bboy promet de nous offrir un spectacle mémorable et rempli de flows…