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8 MAI - Un devoir de mémoire différent ?

Écrit par Lepetitjournal Londres
Publié le 8 mai 2014, mis à jour le 9 mai 2014

 

Hier, en cette journée de 8 mai, la France célébrait l'armistice de la Seconde Guerre Mondiale. Un armistice qui concerne de nombreux pays, dont l'Angleterre, qui semblent pourtant donner une signification différente à cette date un peu spéciale. Simple réalité, ou illusion d'optique ? 

(source photo : journal l'Aube)

Il y a quelques semaines, nous parlions à des étudiants anglais sur des sujets variés, jusqu'à dériver sur la question de la Seconde Guerre Mondiale. De suite, les questions fusent : "Et les Français, ils étaient du côté des Anglais?", "Quelles sont les dates de la guerre, déjà?". Bien entendu, il n'y a pas lieu de faire de généralités, et ainsi englober une jeune génération d'Anglais, ou l'Angleterre en général. Néanmoins, cela nous amène à nous poser une question : la mémoire de guerre, qui en France semble si importante, est-elle aussi majeure de l'autre côté de la Manche ?

Des différences de célébration 

Faisons un rapide rappel de la situation française : les armistices des guerres mondiales sont célébrées par deux jours fériés distincts, bien que l'idée de les regrouper ait déjà été mentionnée et réfléchie. Plus, bien entendu, les cérémonies orchestrées ces jours ci, en l'honneur des combattants, ainsi qu'un rappel annuel à l'occasion du Débarquement du 6 juin, ou de l'Appel le 18. C'est un fait, la mémoire de guerre est encore bien intégrée dans la société française, et ce même si certains tenteront d'ajouter qu'elle est moins présente d'année en année.  

En Angleterre, ni le 11 novembre, ni le 8 mai ne sont des bank holidays. Cela ne veut pas pour autant dire que la mémoire n'est pas importante. Intéressons nous à un ouvrage de Stephen Clarke, intitulé 1000 years of annoying the French, best seller du Sunday Times (autant dire qu'il y a de l'audience derrière). Le chapitre consacré à la World War Two commence ainsi ; "la version subliminale française de la Seconde Guerre Mondiale ressemble à quelque chose comme ça". La page suivante dépeint les surnoms que De Gaulle et Churchill se donnaient (rien de bien glorieux), avant de conclure de la sorte : "et l'on pensait qu'on était alliés". S'en suivent plusieurs pages qui annoncent que les "Français se sont 'libérés d'eux mêmes'" (ne pas voir dans les guillemets une erreur de typographie), et qu'il existe un "mythe de la libération". La question est bien entendu discutable, et le sujet n'est pas ici de savoir si la France aurait oublié l'aide que l'Angleterre lui a apportée. Si tout ceci ne répond pas à la question de l'importance de la mémoire en Angleterre, cela montre néanmoins l'image qu'une partie de l'Angleterre en garde.

(source photo : MYCHELE DANIAU AFP.COM)

La seconde guerre mondiale dans le système scolaire

Et chez les jeunes générations, comment ça marche ? Un étudiant anglais, en répondant à nos questions, et suite à un malentendu, nous explique qu'il n'était pas au courant que le bank holiday du lundi 3 mai était une célébration de l'armistice - ce qui n'est pas le cas. Il nous déclare ensuite que le système scolaire anglais fait la part belle à cette guerre "plutôt tardivement" selon ses mots, vers l'âge de 14-15 ans. Cela correspond pourtant à la classe de 3ème, où les Français découvrent à l'école la Seconde Guerre Mondiale, avant de l'étudier plus en détail au lycée, voire dans les études supérieures. "On apprenait les choses un peu générales, qui se battait contre qui, et pourquoi. Après, on s'intéressait aux conditions de vie des soldats dans les tranchées" - à part le fait que les tranchées soient plutôt la caractéristique de la 1ère Guerre Mondiale. Quant à la place du 8 mai en Angleterre, il répond qu'ils utilisent plutôt Remembrance day, le 11 novembre, pour commémorer "les gens qui se sont battus et ont perdu la vie depuis les guerres mondiales".

On ne peut pas dire que les Anglais ne s'intéressent pas à la mémoire de guerre : on trouve de nombreux projets de mémoire qui présentent des témoignages de soldats, et le coquelicot (d'où le poppy day), symbole de ces célébrations, arbore les façades de nombreux bâtiments officiels. La grande différence entre les deux côtés de la Manche provient sûrement, et principalement, du statut de chaque pays pendant la guerre, mais aussi des coutumes locales. Ce mythe français, ce rappel que la France résistante était bel et bien présente, explique dans une infime partie l'importance de ces célébrations, tout comme l'envie et la nécessité que cela n'arrive pas à nouveau. C'est du moins ce qui ressort des différents témoignages. Au final, Angleterre et France célèbrent ensemble la mémoire de leurs soldats, même si cela s'illustre de manière (un peu) différente.

Cindy Jaury (www.lepetitjournal.com/londres) vendredi 9 mai 2014

lepetitjournal.com londres
Publié le 8 mai 2014, mis à jour le 9 mai 2014

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