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PORTRAIT – Antonio Guterres, prochain secrétaire général des Nations Unies

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Écrit par Lepetitjournal Lisbonne
Publié le 16 octobre 2016, mis à jour le 17 juin 2021

Le 1er janvier 2017, Antonio Guterres sera intronisé 9ème secrétaire général des Nations-Unies. Le Portugais de 67 ans succédera à Ban-Ki-moon, arrivé au terme de ses deux mandats à la tête de l'institution. L'ancien Premier ministre portugais (1995-2002) a déjà officié pendant dix ans à la tête du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. Entre une crise migratoire majeure et les conflits syrien et yéménite qui ne s'arrêtent pas, la tâche de M. Guterres s'annonce ardue.

(@AFP - Antonio Guterres le 12 avril 2016 à l'Onu à New York)

Un parcours politique portugais riche
Antonio Guterres, ingénieur de profession, fait ses débuts en politique au sein des mouvements catholiques portugais. C'est en 1973 qu'il adhère au parti socialiste portugais. D'abord chef de cabinet, il est élu député en 1976, réélu en 1979, 1980 puis 1985 et 1987, date à laquelle il devient président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale portugaise. En 1992, il prend la tête du parti socialiste portugais en piteux état après trois défaites électorales consécutives, dans le même temps il est nommé vice-président de l'Internationale Socialiste. Le PS remporte les élections législatives de 1995 et Antonio Guterres se retrouve propulsé Premier ministre. En 1999, il prend la succession de Pierre Mauroy à la tête de l'Internationale Socialiste. Il reste Premier ministre du Portugal jusqu'à sa démission en 2002 après des élections locales ratées pour le parti socialiste. En 2005, il quitte ses fonctions de Président de l'Internationale Socialiste.

 

Dix ans au coeur de l'ONU
Antonio Guterres est familier des arcanes onusiennes. En 2005, il est nommé Haut-Commissaire des Nations-Unies pour les réfugiés par Kofi Annan, alors secrétaire général des Nations Unies, son mandat est renouvelé en 2010 par Ban-Ki-moon. Le mandat de M. Guterres est marqué par une réforme en profondeur de l'organisation basée à Genève. Il veut redéployer ses troupes : moins de personnel dans les bureaux suisses de l'organisation et plus d'hommes disponibles pour intervenir directement sur les zones d'urgences. Cette expérience a été l'argument de campagne majeur avancé par cet homme politique très impliqué sur le terrain. "Je suis totalement engagé parce que je sais ce que j'ai ressenti à la tête du Haut-Commissariat pour les réfugiés pendant dix ans. Vous ne pouvez pas imaginer ce que c'est que de voir de tels niveaux de souffrance" affirmait-il cet été au journal britannique The Guardian. Par ailleurs, en reconnaissance du travail effectué par cet homme respecté par tous les partis politiques au Portugal, l'Assemblée nationale portugaise vient de lui décerner le "Prix des Droits de l'Homme 2016".

 

Une élection rapide
Antonio Guterres a été désigné le 6 octobre par le Conseil de Sécurité de l'ONU après six tours de scrutin où il s'est rapidement imposé comme le favori. Cependant sa nomination n'était pas acquise, notamment à cause d'une rotation géographique implicite pour désigner les secrétaires généraux des Nations-Unies. Puis, beaucoup souhaitaient voir une femme à la tête de l'organisation, Ban-Ki-moon avait quant à lui explicitement indiqué qu'il souhaitait qu'une femme prenne sa succession. Cependant les candidatures de Kristalina Georgieva (Bulgarie), Natalia Gherman (Macédoine), Helen Clark (Nouvelle-Zélande) et Vesna Pusic (Croatie) n'ont pas convaincu.  Après l'asiatique Ban-Ki-moon, l'africain Kofi Annan, l'égyptien Boutros Boutros-Ghali, le temps était théoriquement venu pour un candidat d'Europe de l'Est de prendre la tête de l'organisation (seule région à n'avoir jamais dirigé l'ONU). Mais c'est un Portugais qui a réussi à convaincre pratiquement à l'unanimité les membres de l'organisation, et en particulier le Conseil de Sécurité qui recommande le candidat sélectionné à l'Assemblée Générale des Nations Unies.

Une entrée en matière délicate
La mission assignée à Antonio Guterres s'annonce des plus difficile. L'Europe et le Moyen-Orient font face à la plus grande crise humanitaire depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. De plus l'ONU a jusqu'ici été impuissante à mettre fin aux conflits syrien et yéménite. Cependant, son expérience de la question des réfugiés devrait être d'une grande aide à l'organisation : des milliers de personnes fuient les bombes et la guerre. L'accord entre l'Union européenne (UE) et la Turquie signé le 18 mars 2016, n'entame pas la détermination des réfugiés qui cherchent à rejoindre les îles grecques proches des côtes ottomanes ou l'île italienne de Lampedusa. Chaque jour des dizaines de personnes et plus se noient dans la Méditerranée. La question du conflit syrien s'apparente pour l'instant à une mission impossible. Antonio Guterres devra composer avec la présence de la Russie au Conseil de Sécurité de l'ONU. Le fervent allié de Bachar Al-Assad bombarde allègrement les zones syriennes tenues par les opposants au régime, et a encore opposé le 8 octobre son veto à une résolution française visant à mettre en place un cessez-le-feu en Syrie.

Antonio Guterres sera soumis au vote de l'Assemblée Générale des Nations Unies au mois de décembre. S'il est élu, ce qui devrait être une formalité, il prendra ses nouvelles fonctions de secrétaire général des Nations Unies le 1er janvier 2017.

Guillaume Bermond (www.lepetitjournal.com/lisbonne) lundi 17 octobre 2016

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Publié le 16 octobre 2016, mis à jour le 17 juin 2021

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