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Covid-19 - Après l’orage, le chômage

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Écrit par Lucie Etchebers-Sola
Publié le 19 juillet 2020, mis à jour le 3 août 2020


La pandémie a durement frappé le secteur de l’emploi au Portugal. Plus de cent mille Portugais ont perdu leur gagne-pain en l’espace de quelques mois et le marché du travail subit déjà les soubresauts de la récession économique.
 

100.000 nouveaux chômeurs

Le gouvernement s'attend à un recul du PIB de 6,9% en 2020 – la plus importante contraction économique enregistrée au cours des dernières décennies. Cette récession affecte directement le secteur de l’emploi et le bilan économique provoqué par la crise sanitaire est lourd : plus de cent mille travailleurs ont été congédiés au Portugal. C'est le constat communiqué le 23 juin par l'Institut de l'Emploi et de la Formation Professionnelle du Portugal. Fin juin, le pays comptait 406 665 chômeurs, 108 474 de plus qu'à la même période l’année dernière, mais 2 269 de moins que le mois précédent. La Commission européenne estime que le taux de chômage devrait atteindre 9,7% de la population active en 2020, soit légèrement au dessus de la moyenne anticipée par Bruxelles pour les pays de la zone euro (9,6%). Un taux qui reste tout de même inférieur à celui prévu pour certaines des plus grandes économies européennes, dont plusieurs ont été fortement ébranlées par le coronavirus en mars et avril. C'est le cas de la France, qui pourrait dépasser les 10% de chômeurs en 2020 selon les prévisions de la Commission européenne. Bruxelles espère tout de même une amélioration pour le Portugal en 2021 et un taux de chômage qui devrait retomber à 7,4% – un chiffre qui reste supérieur à celui d’avant la pandémie, alors de 6,9%. Dans le rapport World Economic Outlook publié mi-avril, le FMI lui, envisageait un scénario plus pessimiste et prévoyait un taux de chômage de 13,9% au Portugal pour 2020. La conjoncture économique reste manifestement très difficile à anticiper du fait de l’imprévisibilité de la propagation du virus. Ces dernières semaines ont montré qu’il était encore difficile à contrôler dans certaines régions du Portugal.

Des disparités régionales

Au niveau régional, le rapport de l'Institut de l'Emploi et de la Formation Professionnelle montre qu’en juin le chômage a diminué dans la plupart des régions du Portugal par rapport au mois de mai, à l’exception de la région de Lisbonne (+1,6%) et de Madère (+3,4%). La région qui a le plus souffert est l’Algarve qui a vu le nombre de chômeurs augmenter de plus de 231,8% en juin par rapport au mois précédent. Une situation qui s’explique notamment par le poids du secteur touristique dans la région qui s’est retrouvée privée de l’une de ses principales mannes financière. Selon le Cabinet de la Stratégie et Planification du ministère du Travail, les centres de l’IEFP ont enregistré 40 745 nouveaux inscrits au mois de juin, dont 16 098 à Lisbonne, 14 352 dans le Nord, 5 923 dans le Centre, 2 382 en Algarve et 1 990 dans l'Alentejo. 44 662 nouvelles inscriptions avaient été enregistrées en mai et 63 643 en avril - les chiffres indiquent donc un ralentissement global du nombre d’inscrits.

Le tertiaire et le secondaire au ralenti

Le rapport de l’IEFP de juin indique que la crise qui ébranle le secteur de l’emploi touche quasiment toutes les catégories professionnelles et tous les secteurs d’activité. Les plus atteints sont les travailleurs non qualifiés (qui représentent 25,6% du total des chômeurs enregistrés), les travailleurs de service à la personne, de sécurité et les vendeurs (22,1%), le personnel administratif (11,7%), les travailleurs qualifiés appartenant au secteur de l’industrie, de la construction et de l’artisanat (10,9%) et les experts intellectuels et scientifiques (9,4%). À noter que les femmes, les jeunes (de moins de 25 ans) et les inscrits depuis moins d’un an sont particulièrement affectés. Sans surprise, c’est donc le secteur tertiaire qui est le plus touché par la montée du chômage (notamment les activités immobilières, l’hôtellerie, la restauration, les services aux entreprises et aux particuliers ainsi que les services administratifs) suivi du secteur secondaire (en particulier dans l’industrie agricole et la construction).

L’Etat soutient les chômeurs

Le gouvernement a mis en place début juin des mesures temporaires pour aider à lutter contre le chômage et préserver les revenus des ménages. Le droit aux allocations chômage a notamment été prolongé jusqu’à la fin de l’année pour tous les chômeurs qui arrivaient à la fin de leurs droits. Un complément de salaire sera également versé aux ménages les plus précaires qui ont perdu une partie de leur revenu au cours des mois d’avril et mai (entre 100 et 351€). Le parlement a voté la mise en place d'une nouvelle allocation chômage et d’un assouplissement des conditions d'accès aux allocations chômage. Les travailleurs ayant cotisé 180 jours au cours d’une période 24 mois avant la date de chômage peuvent s’inscrire au IEFP muni d’une preuve de l’état des ressources qui ne doit pas dépasser 526,6€ par mois. Ce soutien peut être demandé jusqu’au 31 août de cette année et ne peut être combiné avec d’autres prestations sociales.

 
Selon les données de l'IEFP, des postes vacants devraient être à nouveau disponibles sous peu, de nombreux commerces, hôtels et restaurants ayant rouvert leurs portes en juin. L’offre d’emploi devrait ainsi s’élargir dans les semaines à venir, une tendance que les chiffres de juin semblent confirmer si l’on en croit la baisse des inscriptions dans les centres d’emploi.

 

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