Bien qu’il n’en reste que des ruines aujourd’hui, les meilleurs exemples d'architecture espagnole des XVIe et XVIIe siècles dans le nord du Pérou se trouvaient dans cette ville.
La ville de Santiago de Miraflores de Zaña a été fondée en 1563 par les conquérants espagnols. À une époque antérieure, cette zone était connue sous le nom de Sañap par les indigènes. Plusieurs raisons ont poussé les Espagnols à choisir ce site pour fonder une ville comme son excellent emplacement à mi-chemin entre la mer et les montagnes, sa proximité avec une rivière, mais aussi le bon système d'irrigation que les indigènes y avaient construit. Tout cela a permis la construction d'immenses églises et de manoirs.
Être au centre d'un réseau de routes commerciales a fait de Zaña une ville opulente, à tel point qu'elle serait presque devenue la capitale du pays
Mais cette même richesse a été la cause de sa tragédie. En 1686, la fortune de la ville qui était qualifiée à l’époque de « Séville du Pérou » ou de « Petit Potosí » (selon l'historien Hampe Martinez), attira jusqu’à ses portes le corsaire Edward Davis. Il pénétra dans la ville après avoir surmonté une faible résistance et avec ses hommes, il pilla les églises et les maisons ; ils s’emparèrent d’une grande quantité de richesses.
Le cauchemar de Zaña ne s'arrête pas là puisqu'au début du mois de mars 1720, il pleut à torrents et le niveau de la rivière monte rapidement jusqu'à déborder vers la ville. Quelques heures ont suffi pour que la puissance destructrice de l'eau fasse tomber toutes les maisons sur son passage, ne laissant debout que les façades de quelques églises : celles que l'on peut visiter aujourd'hui. En quelques jours, la quasi-totalité de la population entreprend un immense exode qui se terminera dans la ville de Lambayeque.
Zaña et ses nombreuses ruines d’églises
Les lieux qu'il faut visiter à Zaña sont avant tout les vestiges de certaines des églises que la ville possédait à l'époque coloniale et qui témoignent de la magnificence dont elle jouissait autrefois. Par exemple, les ruines du couvent de San Agustín, qui était sans aucun doute le joyau architectural de ce lieu, où l’on peut apprécier un grand patio entouré d'arcades.
Aux abords de la ville, entre les champs de maïs et le désert, se trouve la façade de ce qui fut l'église de la Merced de 1636. On y trouve également les vestiges de l'église de la Matriz dont l’entrée est aujourd'hui soutenue par des poutres en bois pour empêcher sa chute. Des fragments de peintures murales sont encore visibles sur certains murs. Les ruines de ce qui était l'église de San Francisco valent également le détour. Sur sa façade, des écrits en latin sont toujours visibles et dans ce qui était la nef, un grand arc nous donne une idée des dimensions que devait avoir le bâtiment.
Tout n'est pas que ruine à Zaña
C'est une ville pleine de vitalité et surtout très fière de ses racines africaines. Dans l'atelier de danse afro-péruvienne de Santo Toribio de Mogrovejo, les jeunes de la ville apprennent les danses que leurs ancêtres africains ont apportées à Zaña lorsqu'ils sont venus en tant qu’esclaves pour travailler dans les champs.
Face à cet héritage, l'UNESCO a reconnu le 12 juillet 2017 cette ville comme « Site de la Mémoire de l'Esclavage et du Patrimoine Culturel Africain » et l'a considérée comme une référence de mémoire associée à la « Route de l'Esclave, de la Résistance, de la Liberté et du Patrimoine » au Pérou. Il y a quelques jours, le 23 juillet, la loi 31302 a été promulguée au Pérou, qui reconnaît Zaña comme le premier site de la mémoire afro-péruvienne.
Une très bonne alternative pour en savoir plus sur l'histoire de Zaña est de visiter le Musée Afro-péruvien inauguré en 2005 et qui possède une page Facebook très active : https://www.facebook.com/museo.afroperuano
Enfin, pour vous rendre à Zaña, vous devez prendre un bus au terminal EPSEL à Chiclayo, capitale de la région de Lambayeque. Le trajet dure 45 minutes et coût environ 4 soles (un peu moins d’un euro).
Rédaction : Pablo Solórzano – Guide touristique