Jusqu’à très récemment, l'histoire du Pérou enseignée à l’école, présentait l'indépendance du pays comme un exploit où les principaux protagonistes étaient des hommes, sans aucune mention des femmes.
Heureusement, les dernières recherches historiques ont démontré que ce long processus au cours duquel le Pérou est passé du statut de vice-royauté d'Espagne à une République a effectivement impliqué de nombreux hommes, mais aussi des femmes.
Il est d’ailleurs intéressant de noter que ces femmes, dont certaines ont même payé de leur vie leur engagement pour le Pérou, venaient de différents secteurs de la société et se sont unies dans la lutte : indigènes, métisses, esclaves, libres, roturières, aristocrates, riches et pauvres. Aujourd'hui, à l’occasion du bicentenaire du Pérou, nous voulons mettre en valeur certaines d'entre elles.
Micaela Bastidas Puyucahua
Martyre de l'émancipation péruvienne, épouse du grand rebelle José Gabriel Condorcanqui dit Túpac Amaru II. Elle l’a soutenu lors de la grande révolution de 1780 qui ébranla toute la vice-royauté du Pérou. Son aide était principalement axée sur la partie logistique. Malgré son analphabétisme, elle s'assurait que les forces rebelles ne manquent de rien. Elle a été assassinée avec son mari et ses enfants sur la place principale de Cusco en 1781, 40 ans avant que le Pérou ne proclame son indépendance. Elle n'était cependant pas la seule femme à avoir participé à cette révolution. Il faut aussi se souvenir de Tomasa Tito Condemayta, la cheffe d'Acos ; Cecilia Túpac Amaru, Bartolina Sisa, Marcela Castro, Ventura Mojarras ; toutes ont été condamnées à mort et leurs biens ont été confisqués.
María Parado de Bellido
C'est une grande héroïne née à Ayacucho, comme tant d'autres femmes de l'époque, elle était analphabète, ce qui ne l'empêchait pas de dicter des lettres importantes adressées à son mari pour transmettre des informations précieuses pour la cause de l'indépendance. Elle était le lien avec les guérilleros qui soutenaient les soldats envoyés de Lima par le libérateur San Martín. Les Espagnols ont fini par trouver une de ses lettres et l'ont capturée. Elle a été fusillée en 1822 sur la Place de Ayacucho.
Les rassemblements des femmes de l’élite
Les femmes des familles les plus puissantes et les plus illustres de l'époque se joignirent également à la cause de l'Indépendance. Beaucoup d'entre elles se réunissaient, au début pour parler de littérature, mais peu à peu le sujet de la liberté du Pérou a commencé à être abordé, jusqu’à ce qu’elles s’engagent activement dans la lutte, en agissant en tant qu’infirmières ou même espionnes, en cachant des soldats ou en offrant leurs propres bijoux pour obtenir de l'argent et payer les troupes. Parmi ces femmes notables qui ont assisté à ces rassemblements, on retrouve Rosa Campusano, Manuela Sáenz (considérée comme la maîtresse de Simón Bolívar) ou Petronila Carrillo de Albornoz.
Les « rabonas »
Ce sont les héroïnes anonymes et pourtant fondamentales de la guerre d’indépendance. Le mot « rabona » vient des chevaux sans queue appelés « rabón ». Ces femmes coupaient leurs tresses ou queues de cheval pour ne pas perdre de temps à se peigner les cheveux. C'étaient des personnes très courageuses qui étaient chargées de préparer la nourriture pour les soldats. Elles soutenaient leurs compagnons s’ils étaient gravement blessés, voire les remplaçaient au combat s'ils mouraient. Le grand aquarelliste péruvien Francisco « Pancho » Fierro les a immortalisés dans certaines de ses aquarelles.
Rédaction : Pablo Solórzano – Guide touristique