À l’occasion de la Journée nationale de la Marinera, (re)découvrez cette danse élégante, issue du métissage, qui a été la première à être déclarée Patrimoine Culturel de la Nation au Pérou, en 1986.
La Marinera se caractérise par l'utilisation de mouchoirs, par des pas d'une grande élégance et par une musique rythmique similaire à la « jota » aragonaise, la « zamacueca » et la « cueca » chilienne, mais avec sa propre identité péruvienne qui affiche un métissage hispano-indigène-africain.
La Journée nationale de la Marinera est célébrée chaque 7 octobre en commémoration de la naissance de l'un des plus grands interprètes de cette danse : Augusto Áscuez Villanueva ; mais aussi comme prélude à la Journée de la marine péruvienne et à l'immolation de son plus grand héros Miguel Grau Seminario lors de la bataille d'Angamos, pendant la guerre du Pacifique.
Il est inévitable de lier l'origine officielle de la Marinera à la guerre du Pacifique. En effet, la première apparition de l’expression pour désigner cette danse péruvienne date du 8 mars 1879. Intitulée "La Antofagasta", la Marinera écrite par Abelardo Gamarra, sur une musique de Nicanor Núñez del Prado, est la première dont il existe un enregistrement.
L’origine de la Marinera péruvienne
Il existe trois versions qui expliquent l'origine de cette danse et son importance au Pérou. La première version, péruvienne, soutenue par l'historien péruvien Rómulo Cúneo Vidal, indique que la Marinera dérive de la « zamacueca », dont le nom quechua « zamiquiqui » faisait référence à la danse qui marquait le début du repos des paysans après une semaine de travail à l’époque de la vice-royauté du Pérou. Cette hypothèse est étayée par diverses représentations picturales des cultures Mochica et Inca, qui montrent des femmes les mains sur la taille et des hommes les mains dans le dos, tous deux tenant un sac ou un mouchoir.
La deuxième tendance, hispanique, explique que la Marinera provient davantage des danses de salon européennes, comme le menuet, la quadrille ou le rigaudon, qui ont été assimilées à la culture populaire de la vice-royauté pour créer une danse de couple où les danseurs portaient un mouchoir à la main. L'influence coloniale est en tout cas très claire quant à l’utilisation d’instruments importés d'Europe comme la guitare ou la harpe.
Enfin, le courant africain, défendu par le chercheur José Durand, indique que la « zamacueca » provient de la zamba clueca, une danse rappelant les danses africaines, dans laquelle la « zamba », une femme noire, métisse ou indigène exécutait des mouvements similaires à ceux d'une poule "clueca", qui venait de pondre un œuf.
Qu’est-ce que la Marinera liménienne ?
La Marinera de Lima est élégante, rythmée et utilise un mouchoir et des chaussures, généralement à talons hauts. Dans cette danse de salon qui partage une structure commune avec les autres variantes, le vêtement se distingue par son élégance et sa sobriété : une robe, généralement en soie, aux manches bouffantes, tombant jusqu'aux chevilles. Elle ressemble à celle de la « cueca » chilienne, puisque les deux danses ont une origine commune. La partie supérieure du vêtement comprend un décolleté discret qui couvre le buste, mais reste près du corps jusqu'au début des hanches, tandis que la jupe n’a pas un si grand volume que celle du vêtement de la Marinera du Nord. La coiffure pour la Marinera de Lima est un simple chignon qui peut être orné d'accessoires.
Quelles sont les différences avec la « Marinera Norteña » (du Nord du Pérou) ?
Le style « norteño » est devenu célèbre pendant la guerre du Pacifique et contient des caractéristiques des danses coloniales et indigènes du Nord du Pérou. Dans la Marinera du Nord, l'homme danse avec des chaussures, tandis que la femme, qui représente les femmes paysannes, n’en porte pas. Le vieil adage "plus le sol est mauvais, meilleur est le danseur", fait référence à la résistance des pieds, qui se tannent et s'habituent à danser sur des sols inégaux, rocailleux et très chauds. Cette différence est une source de fierté pour les danseurs de la Marinera du Nord.
La Marinera qui se danse dans les départements de Lambayeque, La Libertad et Piura est libre, joyeuse et spontanée. C'est une danse qui respire l'amour. La femme exprime son affection avec malice, ruse et intelligence, tandis que l'homme courtise, accompagne et conquiert sa partenaire.
Une autre différence substantielle est que les femmes portent des robes typiques des peuples du Nord dans le style du début du XIXe siècle. Alors que les hommes portent généralement le costume typique du « cholo du Nord » : un poncho accompagné d'un chapeau de paille à larges bords, un costume simple et blanc, caractéristique de toute la côte nord du Pérou. Les chaussures doivent être noires et habillées.