Au début de la crise de la COVID, en constituant un inventaire des fruits endémiques et introduits en Asie du Sud-Est, Marc Le Moullec découvre le Palaquium gutta, un arbre surprenant qui produit une gomme qui a fait les beaux jours de la colonie néerlandaise. Avec sa collègue Violaine, ils lancent une étude pour retrouver cet arbre présent en Indonésie.
La gutta percha, l’ancêtre du plastique
La gomme appelée gutta-percha est une matière plastique issue d’un arbre endémique de la région malaise, polymère naturel, largement utilisé au 19e siècle et dans la première moitié du 20e, qui a été détrôné par ses homologues de la pétrochimie après la 2e guerre mondiale. Elle a surtout été utilisée comme unique isolant des câbles sous-marins du télégraphe, pour fabriquer la gutty (balle de golf), pour l’obturation canalaire en endodontie (remplissage des dents cariées) et un nombre incroyable d’objets hétéroclites. C’est l’ancêtre du plastique.
"À cette époque, dans une démarche zéro-déchet de son projet balinais, Marc est à la recherche d’une solution de remplacement des emballages plastiques pour la société pour laquelle il travaille. La tentation est trop forte : il lui faut retrouver ce ‘vieux machin’.
Avec sa collègue Violaine, ils travaillent deux ans à étudier cette matière, son histoire, les raisons de sa disparition "le plastique coûte moins cher et est plus facile à trouver !". La dernière plantation de gutta-percha et l'usine de transformation au monde se trouvent à Java.
La production de plastique pétrochimique poursuit, depuis 1950, une croissance exponentielle et s’accompagne d’effets indésirables (pollution globale et en particulier des océans, surconsommation contribuant à l’épuisement des ressources fossiles, libération de CO2 stocké contribuant au réchauffement climatique et enfin atteinte à la santé des consommateurs). Une prise de conscience mondiale de la nécessité de changer nos comportements de consommation excessive conduit les industriels à rechercher des solutions alternatives.
Réactivation de la filière gutta
Avec ses collègues de la société Enrique Indonesia, Marc Le Moullec s’engage à participer à la mise en place d’une solution alternative : un plastique bio-sourcé, recyclable et intégrable dans une économie circulaire. Leurs efforts actuels visent à fédérer plusieurs acteurs industriels et institutionnels afin de relancer la filière gutta-percha, une matière plastique d’un arbre endémique de la région malaise, polymère naturel, largement utilisé au 19e siècle et dans la première moitié du 20e, qui a été détrôné par ses homologues de la pétrochimie.
Ce projet a déjà bénéficié du soutien de Science et Impact. L’avancement du projet est très encourageant, nous avons pu rassembler une large littérature scientifique, révéler les atouts et les faiblesses majeurs du matériau, sauvegarder le procédé industriel existant en le modélisant, pratiquer des essais de moulage et enfin impliquer des acteurs industriels. Avant de motiver un fond d’incubateur pour la continuité du projet, il est nécessaire d’établir les objectifs commerciaux, la conception d’un plan industriel et son business plan. Pour cela il manque une évaluation de la capacité de production de la dernière plantation située à Java.
C’est la prochaine étape : une cartographie en 3d de la plantation avec un LiDAR terrestre mobile, pour obtenir un nuage de points définissant la morphologie des arbres.