Les résultats d’une enquête conséquente sur la jeunesse turque, réalisée par l'Université de Yeditepe et MAK Conseil, et menée entre le 13 juillet et le 20 août 2020, ont été dévoilés le 6 septembre. Cette enquête, plutôt inquiétante, repose sur le ressenti et la place qu’occupent les jeunes en Turquie, sur une tranche d'âge de 18 à 29 ans.
Comment les jeunes Turcs perçoivent-ils le passé, le présent et l'avenir et quelles sont leurs attentes futures ? Le rapport met ces jeunes face à plusieurs sujets tels que : l'éducation, le travail, la politique, la famille, la religion, leur état d'esprit etc.
Cette enquête de terrain, qui s'est déroulée dans 71 provinces, révèle de nombreux problèmes ; elle tend à dépeindre une jeunesse turque qui se sent délaissée par l'État, et qui a du mal à s’épanouir au sein de son pays.
Le rapport montre ainsi que 27,5% des participants ne sont "pas heureux", et même que 23% ne sont "pas du tout heureux", alors que seulement 18,2% des participants se disent "heureux".
La principale cause de désespoir chez les jeunes ? Le manque d’argent. La majorité d'entre eux dénonce le manque d'action des partis politiques pour répondre à leurs besoins. Une grande majorité (77,9%) affirme que les politiques ne fournissent qu'un "semblant de productivité", et qu'aucun des partis en Turquie n’a élaboré de politiques satisfaisantes pour résoudre les problèmes que la jeunesse rencontre.
Par ailleurs, un chiffre est alarmant : 86% des participants affirment qu’ils sont "actuellement endettés". 26,2% expliquent avoir besoin d'argent pour être heureux, tandis que 16,6% déclarent qu'avoir une carrière et un statut confortable les rendrait heureux.
D'autre part, des problèmes au sein de l'éducation sont révélés par l’enquête. Parmi les participants, 60,3% pensent que les universités n'offrent pas assez d'outils pour trouver un emploi dans leur pays, contre 12,6% de "satisfaits" et 27,1% "sans opinion".
A la question, "déménageriez-vous temporairement à l’étranger pour étudier ou travailler si vous en aviez l’opportunité ?", 76,2% répondent "oui, absolument". De plus, 64% déclarent qu'ils quitteraient définitivement la Turquie si un autre pays leur accordait sa nationalité*. 59% citent "un avenir meilleur" comme raison à leur désir de quitter le territoire turc.
Concernant la politique, 60% disent "s'impliquer occasionnellement dans la politique", tandis que 19% seulement avouent « ne jamais s’y intéresser".
À la question "Si vous gouverniez le pays, quels problèmes seraient à résoudre ?", 49% des participants répondent qu'à l’échelle nationale ils donneraient la priorité à la lutte contre le chômage, et 7,6% déclarent qu'ils s’attaqueraient à restaurer le système judiciaire.
Lorsqu’on leur demande "Pensez-vous pouvoir vous exprimer librement dans votre pays ?", les jeunes répondent à 43,8% "absolument pas", 15,2% seulement disent "oui absolument".
Parmi les questions concernant la religion, 82,8% annoncent être "croyants", 72,7% déclarent croire aux répercussions de leurs choix dans l'au-delà. Ils sont 14% à annoncer prier cinq fois par jour, contre 17,8% qui "ne prient jamais".
Pour finir, les jeunes déclarent souffrir d’un manque d’écoute et de compréhension de la part de leurs aînés. En effet, 42,5% pensent que "les adultes ne les comprennent pas" et 38,8% que les adultes "comprennent un peu" ce qu'ils ressentent.
* 43% choisiraient l'Europe, 39,8% les Etats-Unis ou le Canada.