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ANKARA, BURSA … - Le grand ménage chez les maires AKP

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Melih Gökçek a annoncé sa démission sur Twitter
Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 24 octobre 2017, mis à jour le 25 octobre 2017

Après la démission de l’ancien maire d’Istanbul, Kadir Topbaş, il y a un mois, le maire d’Ankara a annoncé qu’il quitterait ses fonctions samedi. En quelques semaines, six élus municipaux AKP ont renoncé à leur poste après les appels pressants du président Erdoğan

Il est le sixième maire AKP (Parti de la justice et du développement) à annoncer sa démission en quelques semaines. Edip Ugur, le maire de Balıkesir, a signalé hier qu’il quitterait ses fonctions lundi. La veille, c’était au tour de Melih Gökçe, le maire d’Ankara, de faire la même annonce : "Si Dieu le veut, je convoquerais une réunion extraordinaire du conseil municipal d'Ankara samedi et ferais mes adieux aux membres du conseil et présenterais ma démission", a-t-il écrit lundi sur son compte Twitter, à l'issue d'une rencontre avec Recep Tayyip Erdoğan au palais présidentiel. Jusqu’alors, les deux édiles étaient restés sourds aux appels pressants du président. 

Melih Gökçek, maire de Turquie avec le plus long mandat à son actif, avait été élu en 1994 et a rejoint l’AKP au début des années 2000. Il a été réélu à Ankara lors de trois élections consécutives en 2004, 2009 et 2014. Son mandat devait prendre fin dans un an et demi. Melih Gökçek, qui résistait à donner sa démission, a finalement jeté l’éponge. Avant lui, les maires AKP d’Istanbul, de Bursa, de Düzce (nord-ouest) et de Niğde (centre) ont aussi annoncé qu’ils quittaient leur fonction. Kadir Topbaş, le maire d’Istanbul, a été le premier à le faire le 22 septembre dernier, après treize années de mandat.

Objectifs : élections 2019

Les raisons de cette soudaine vague de démissions sont à chercher du côté du palais présidentiel. Recep Tayyip Erdoğan a récemment affirmé son souhait de renouveler les rangs de son parti dans la perspective des élections en 2019 :  une année décisive sur le plan politique avec des municipales en mars, puis des élections législatives et présidentielles prévues en novembre. Une victoire à Ankara, Istanbul et Balıkesir, où le "non" l’a remporté au referendum d’avril dernier sur le régime présidentiel, représente un enjeu majeur pour le chef de l’Etat. 

En quelques semaines, le président turc a ainsi appelé maintes fois les maires souffrant de ce qu’il appelle "la fatigue du métal" – pour symboliser l’usure des cadres de son parti, –à quitter leurs fonctions avant que l’AKP ne les expulse ou qu’une action judiciaire soit intentée contre eux. "Ce qui est nécessaire doit être fait dans une courte période de temps", a-t-il averti. Dans la presse turque, les rumeurs allaient bon train sur les prochaines démissions. Une liste de plusieurs dizaines d’édiles seraient encore sur le bureau du président.

La jeunesse ciblée

Peu de temps après l'annonce de la démission de Melih Gökçek, Recep Tayyip Erdoğan a publié une série de tweets, dans lesquels il a souligné sa confiance dans la jeunesse turque, un thème récurant ces derniers temps dans ses efforts pour la régénération de son parti. "En temps voulu, nos jeunes prendront en charge les tâches importantes de cette nation", a-t-il écrit lundi sur le réseau social.

Un peu plus tôt dans la journée, lundi, Recep Altepe, le maire de Bursa a lui aussi annoncé sa démission. "Nous n'allons jamais aller à l'encontre de notre parti ou de notre chef, ni faire de mal à notre parti. Nous ferons ce qui convient et nous n'essaierons pas de créer un environnement de crise. Dans ces circonstances, je n'ai aucune possibilité de continuer à servir mon pays, c’est pourquoi je démissionne", a déclaré l’élu devant la presse. Trois jours avant cette annonce, le maire AKP avait pourtant juré de continuer à faire son travail malgré les pressions du président. 

Au cours de ses quinze années au pouvoir, l’AKP a connu un certain nombre de changements dans ses cadres dirigeants. Mais c’est la première fois qu’un si grand nombre de maires présentent leur démission, dans un laps de temps si court.

Solène Permanne (http://lepetitjournal.com/istanbul) mercredi 25 octobre 2017

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