Géraldine Borderie, l’une des plus précieuses contributrices du petitjournal.com de Chennai s’est envolée hier vers d’autres aventures personnelles et professionnelles. Nous sommes émus d’écrire ces quelques mots, elle va nous manquer en Inde… Avant de partir, elle nous fait le très beau cadeau de nous présenter en photos l’un de ses plus beaux souvenirs en Inde : Varanasi (ou Bénarès). Merci pour tout Géraldine !
« Que j’ai aimé cette expérience inédite. Sans doute un de mes plus beaux souvenirs en Inde. Varanasi est une ville mystique, intemporelle au bord du Gange. J’ai pu aller à pieds ou par bateau de porte en portes appelées ghats.
Ce sont ces escaliers tous en couleurs qui mènent à la plus sainte et sacrée de toutes les rivières de l’Inde.
Les hindous croient que ses eaux lavent les péchés et que si les cendres des défunts sont immergées dedans, leurs âmes iront aux cieux. L’aube est considérée par les indiens comme le meilleur moment pour se baigner.
Un bain dans les eaux du Gange purifie les vivants de leurs péchés et assure aux morts leur salut. On voit des ablutions toute la journée mais surtout aux premiers rayons du soleil ; celui-ci se lève timidement à l’est entre les nuages et la fumée des crématoriums. Cela peut paraître étrange de parler ainsi, mais ici, pour moi, ce n’est pas choquant, la mort fait partie de la vie.
En fait, Varanasi, c’est plus qu’une ville, c’est un musée palpitant de vie. Le passé est contenu dans le présent.
On croise des enfants qui jouent au criquet avec à côté la rencontre d’un Dom : gardien du feu sacré perpétuel utilisé pour allumer les bûchers.
Les processions funéraires se frayent un chemin à travers les ruelles. Les dépouilles mortelles sont transportées sur des brancards de bambou décorés de fleurs pour leur dernier voyage. Les corps sont incinérés sur un bûcher plus ou moins proche du fleuve selon les castes. Des milliers de pèlerins viennent de toutes les régions de l’Inde. Les scènes banales de la vie quotidienne peuvent se révéler par de fascinantes images composites de l’Histoire et du mythe, du séculier et du transcendant, du réel et de l’imaginaire.
On y cotoye également le panda brahmane . Il dirige le rituel des ablutions (là il est un peu fatigué), il applique le tilak (marque de pâte de santal au milieu du front) et garde les habits des pèlerins qui vont se baigner ou encore le sadhu, un saint homme qui a renoncé aux plaisirs du monde.
Certains se rasent le crâne, d’autres encore laissent pousser leurs cheveux. Beaucoup d’entre eux sont des musiciens de talent.
Les peintures murales sont une forme populaire des arts folkloriques de la ville qui vénère principalement Shiva appelé aussi Avimukta, celui qui n’abandonne jamais.
N’oubliez pas de rapporter de l’eau du Gange à vos amis indiens, c’est le plus beau des cadeaux que vous puissiez leur faire !
Et ne repartez pas sans avoir déambuler dans les petites ruelles derrière le Gange, où se trouve un monde incroyable qui constitue le cœur de cette ancienne cité. Des marchés, des vaches, des chèvres, des singes, des magasins de coton et de soie où les plus chanceux pourront se faire confectionner un superbe Saari. Ces ruelles sont si étroites qui les rayons de soleil peuvent rarement y pénétrer mais c’est grâce à l’étroitesse de ces galis (rues) que la modernité a pu se tenir à distance et elles ont permis à la ville de conserver son identité.
En se promenant dans les ruelles et sur les berges du Gange, j’ai eu l’impression de remonter le cours éternel de la culture indienne. Un réel voyage intérieur dans l’iréel... Bon voyage à vous aussi !
Géraldine."