Dans la série des femmes françaises à Bombay, voici le témoignage de Vanessa Lainé qui a vécu 6 ans dans cette ville avant de rentrer en Bretagne.
Vanessa est arrivée à Bombay pour suivre son mari muté dans cette ville. Elle était accompagnée de ses deux chiens et ne parlait pas un mot d’anglais. Six ans plus tard, lorsqu’elle quitte l’Inde, elle manie sans problème la langue de Shakespeare et est une des rares Françaises à la parler avec un accent indien. Elle s’y est fait de nombreux amis et garde des souvenirs fantastiques de son séjour. “Ces sont les expériences humaines plus que le pays qui m’ont marquée” dit-elle.
N’ayant jamais vécu en expatriation, Vanessa a atterri en Inde pleine d’enthousiasme et sans préjugés. Très rapidement, elle rencontre d’autres propriétaires de chiens dans son immeuble lors des promenades quotidiennes. Son mari et elle partent une première fois en weekend dans un “resort” qui organise des séjours avec les animaux domestiques, comprenant jeux et balades. Ils font ainsi la connaissance de plusieurs couples qui deviendront des amis proches. Et elle se met à l’anglais car elle se rend compte que sans cela, elle ne pourra pas avoir de contacts. “Peu après notre arrivée, nous avons été invités à une soirée chez des voisins de notre immeuble (les Imperial Towers, le premier complexe résidentiel de luxe construit à Bombay). J’ai tenté de discuter avec un homme qui se tenait à côté de moi mais ne parlant quasiment pas anglais, la conversation fut malaisée. Je crus comprendre qu’il vendait des téléphones portables, mais prudente, j’attendis la fin de la soirée pour demander à mon mari ce que lui avait compris. Mon interlocuteur était en fait le patron d’une grande société de télécommunications !”
Sur les conseils de l’agent de “relocation”, elle décide de découvrir le Kathak, une danse traditionnelle indienne qui ressemble un peu aux claquettes, qu’elle a pratiquées pendant 12 ans en France. Après une discussion lors du weekend entre propriétaires de chiens, un des hôtes lui suggère de contacter une professeure de Kathak renommée à Mumbai, ce qu’elle fait sans tarder. Et peu de temps après son arrivée, elle est inscrite au cours des débutants.
Lorsqu’elle entre pour la première fois dans la salle de danse, elle se retrouve la seule adulte dans un groupe de petites filles de 5-6 ans qui la regardent éberluées. Mais elle ne se démonte pas et suit tout le cours au fond de la salle en copiant les gestes du professeur, sa connaissance de l’anglais étant encore très limitée. “Ce fut une super expérience,” raconte-t-elle, “au bout de quelques mois, toutes les petites filles avaient adopté “Auntie Vanessa” qui était toujours toute rouge après 3 heures de danse dans une salle refroidie seulement par deux vieux ventilateurs !” Non seulement le Kathak est proche des claquettes par les mouvements des pieds, mais c’est aussi une danse qui raconte une histoire comme la plupart des danses traditionnelles indiennes. “J’ai ainsi beaucoup appris de la mythologie indienne.”, déclare-t-elle, “J’ai aussi participé à des spectacles, les gens étaient tous curieux de me voir là.”
Une nouvelle élève adulte intègre le cours trois ans plus tard et sympathise avec Vanessa. Lorsque cette jeune femme décide d’ouvrir un équivalent de nos “Maisons pour tous” dans son quartier, elle demande à Vanessa d’y donner des cours de claquettes et elle devient une très bonne amie. “Les Indiens sont des gens très joyeux, pendant les cours, ils laissaient éclater leur bonne humeur,” dit-elle, “leur enthousiasme est très communicatif et j’en garde des souvenirs mémorables.”
En France, Vanessa exerçait comme éducateur canin. A Bombay, elle visite le centre de soins de l’association “The Welfare of Stray Dogs (WSD)” et commence par y aller plusieurs fois par semaine pour promener les chiens qui y sont gardés en attente d’une adoption. “Au début, personne ne me faisait confiance, d’autant plus que je ne pouvais pas communiquer avec le personnel local, ni en anglais, ni en hindi ou marathi,” avoue-t-elle, “mais j’ai poursuivi et six ans plus tard, je faisais partie intégrante de l’équipe de WSD”. Cela lui a permis de continuer à pratiquer sa passion mais aussi de découvrir la chaleur humaine des Indiens et de se faire de nombreux amis.
Entre ses voisins d’immeuble appartenant à l’élite indienne et les volontaires de WSD, plutôt de la classe moyenne locale, Vanessa a pu fréquenter des couches différentes de la société indienne et a découvert des personnes chaleureuses, joyeuses et ayant un grand sens de l’humour.
Aujourd’hui rentrée en France, elle regrette les couleurs omniprésentes en Inde, le sens de la plaisanterie de ses habitants et le soutien moral qu’ils lui ont apporté lorsqu’elle a traversé des périodes difficiles. Mais, le manque de verdure, le bruit et la pollution lui ont pesé lors de son séjour à Bombay et elle est contente d’être de retour dans le calme de la nature bretonne.
Son conseil pour un nouvel arrivant à Bombay :
S’inscrire à une activité avec des personnes locales, que ce soit du théâtre, du tennis, du yoga ou autre, c’est le meilleur moyen pour faire des rencontres.
“Il n’est pas nécessaire de bien parler la langue, il ne faut pas hésiter à demander quand on ne comprend pas, les Indiens sont des personnes très attentionnées,” déclare-t-elle.