En 2023, l'Inde a enregistré une baisse significative de la pluviométrie sur tout son territoire. De juin à septembre le déficit cumulatif à l'échelle du pays était de 5,6 % par rapport à la moyenne de saison et de 18% d'octobre à décembre. Certaines régions souffrent déjà d'une pénurie d'eau qui affecte non seulement l'approvisionnement en eau potable mais également l'irrigation des champs ou l'hydroélectricité. Bangalore, mégapole de plus de 15 millions d'habitants et connue comme la plaque tournante informatique de l'Inde, est actuellement aux prises avec une grave crise de l'eau.
Des difficultés d'approvisionnement en eau
Les plus de 2 000 millions de litres par jour d'eau qui alimentent la ville proviennent essentiellement de la rivière Cauvery et de puits de forage. L'insuffisance des précipitations de ces derniers mois a entraîné une baisse importante du niveau des eaux souterraines et une diminution des réserves d'eau des réservoirs du bassin de la rivière Cauvery, ceux-ci étaient à 39 % de leur capacité totale au 28 février. Par ailleurs, près de la moitié des 14 700 puits que compte la ville et ses alentours seraient à secs. Cette sécheresse a conduit à une crise de l'eau potable dans la capitale du Karnataka. Selon le Bengaluru Water Supply and Sewerage Board (BWSSB), son approvisionnement en eau aurait diminué de 50%. Si la situation semble pouvoir être gérée dans les zones centrales, la crise est plus grave à la périphérie de la ville.
Le plan d'action du gouvernement du Karnataka
Pour résoudre ce problème urgent, le gouvernement de l'État du Karnataka a élaboré un plan d'action et alloué 556 crores ₹ à l'approvisionnement en eau.
Le vice-ministre en chef de l'État, DK Shivakumar, a ordonné d'identifier les points où l'eau étaient encore disponible et de rendre opérationnels tous les centres d'eau potable qui ne fonctionnaient pas jusqu'à présent. De plus, le gouvernement a l'intention de prendre le contrôle des puits de forage privés dans la ville et ses environs.
La population a quant à elle été invitée à réduire sa consommation d'eau au strict nécessaire, et des recommandations telles qu'éviter le lavage des voitures ou recycler l'eau ont été prodiguées.
Afin d'assurer l'approvisionnement en eau de la capitale et des villages alentours, tous les camions-citernes disponibles doivent être enregistrés auprès des autorités avant le 7 mars et pourront être mobilisés. Si besoin, les camions-citernes d'entreprises privées (comme les laiteries) pourront également être réquisitionnés.
Flambée des prix de l'eau
Le gouvernement a déclaré vouloir fournir de l'eau à un tarif très raisonnable à toute la population. Les opérateurs de camions-citernes accusés d'exploiter la crise en augmentant considérablement les prix vont se voir imposer un mécanisme de tarification standardisé basé sur la distance entre la source d'eau et le point de livraison. Il en va de même pour la vente de carburant dont les prix vont être contrôlés. A également été annoncé le lancement de la phase 5 du Projet Cauvery. Ce projet ambitieux vise à fournir 110 litres d'eau potable par jour à 1.200.000 personnes via la construction de 228 km de canalisations de drainage et de 13 usines de traitement des eaux usées capables d'assainir 100 MLD (mégalitres par jour) d'eaux usées.
Enfin, une cellule de crise est en cours de création pour suivre la situation en temps réel et des lignes d'assistance téléphonique vont être mises en place pour traiter les plaintes concernant la pénurie d'eau dans la ville.
Le gouvernement du Karnataka espère que ces mesures limiteront dans les mois à venir une crise de l'eau potable qui pourrait toucher 7 082 villages du Karnataka et 1 193 quartiers, y compris dans le district urbain de Bangalore, tous considérés comme vulnérables.