Plus d’une décennie après l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima provoqué par un raz de marée en 2011, les autorités japonaises prévoient de commencer cette année à déverser dans l’Océan Pacifique les eaux contaminées qui ont servies à refroidir les réacteurs endommagés de la centrale. Alors que la communauté scientifique tire la sonnette d’alarme sur les conséquences potentielles de millions de tonnes d’eau radioactive déversées dans l’océan, les voisins du Japon ont fait part de leurs inquiétudes vis-à-vis d’un tel plan. Parmi eux, Hong Kong envisage un ban sur les importations de poisson venant du Japon.
Le Japon veut rejeter des eaux contaminées
Trois des réacteurs de la centrale de Fukushima sont entrés en fusion et requièrent l’utilisation d’environ 130 tonnes d’eau de mer par jour pour être gardés à une température sure. Plus de 1,3 million de tonnes d'eaux contaminées ont été ainsi collectées, traitées, et stockées dans un parc de stockage de la centrale de Fukushima depuis l’accident en 2011. Selon le gouvernement japonais, cet espace de stockage est sur le point de s'épuiser, ce qui ne laisse pas d'autre choix que de commencer à déverser les eaux usées dans le Pacifique. Le plan de déversement du Japon prévoit un déversement progressif au cours des trois prochaines décennies, mais certains experts estiment que le processus prendra bien plus de temps.
Alors que l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) évalue toujours la sécurité du plan, certains voisins du Japon ont fait part de leurs craintes vis-à-vis de sa mise en place. Un haut fonctionnaire chinois a récemment déclaré qu'il représentait un risque "pour l'humanité tout entière" et a accusé le Japon d'utiliser le Pacifique comme un "égout". Le chef du Forum des îles du Pacifique, une organisation représentant 18 nations insulaires, l'a qualifié de "boîte de Pandore". Le 15 mai, le chef de l'opposition sud-coréenne a tourné en dérision les affirmations des dirigeants japonais selon lesquelles l'eau est suffisamment sûre pour être bue : "Si elle est potable, ils devraient la boire eux même !". Aujourd'hui, des scientifiques américains ont fait part de leurs craintes sur le fait que la vie marine et les courants océaniques puisse transporter des isotopes radioactifs à travers tout l'océan Pacifique.
Hong Kong pourrait interdire le poisson japonais
Le gouvernement hongkongais c’est récemment joint au chœur des critiques à l’encontre l’initiative de Tokyo : Le déversement des eaux traitées "entraînerait un risque important pour la sécurité alimentaire", a déclaré Tse Chin-wan, secrétaire du bureau de l'environnement et de l'écologie de Hong Kong. Si cette eau est rejetée dans l'océan, Hong Kong "interdira immédiatement les importations de fruits de mer pêchés au large de la préfecture de Fukushima et mettra en place des restrictions strictes à l'importation de produits alimentaires présentant des risques", a-t-il ajouté. D’après un communiqué du Bureau de l’Environnement et de l’Ecologie, Le contenu spécifique des contrôles des importations dépendra des conclusions finales du rapport de l’AIEA, des avis d'experts, des informations fournies par Tokyo, et de l'évaluation des risques par les autorités hongkongaises. La zone géographique concernée par les restrictions concerne la préfecture de Fukushima ainsi que 5 préfectures avoisinantes. En 2022, le Japon a exporté pour 208,6 milliards de yens (1,5 milliard de dollars) de produits agricoles, de fruits de mer, et d'autres produits alimentaires vers Hong Kong, soit 15,6 % du total des exportations, ce qui fait de la ville le deuxième importateur après la Chine continentale. Des restrictions plus strictes auraient un impact sur de nombreuses entreprises, y compris les nombreux restaurants japonais de la ville.