Ce vendredi 3 décembre avait lieu, après un an d’interruption due au Covid et l’agitation politique, la commémoration à la mémoire des Français Libres tombés lors de la bataille de Hong Kong dont c’est cette année le 80e anniversaire (décembre 1941). Une occasion de nous souvenir du sacrifice de ces hommes qui ont combattu aux côtés des Anglais et Canadiens face à l’envahisseur japonais.
Black Christmas à Hong Kong
Le 8 décembre 1941, le réveil est brutal lorsque le pilonnage aérien commence sur Hong Kong à 8 heures du matin, suivant de quelques heures l’attaque de Pearl Harbour. Les défenses supposées retenir plusieurs semaines voire plusieurs mois les troupes d’invasion au Nord de Kowloon tombent en quelques jours, du fait d’un manque d’effectifs et une sous-estimation du niveau de préparation des armées nippones. Le 13 décembre, les troupes du Mikado sont à Tsim Sha Tsui et il faut aux contingents restants se replier sur l’île de Hong Kong. C’est le début de la bataille de Hong Kong qui s’achèvera le 24 décembre 1941, la veille d’un Noël de triste mémoire.
Les Français libres se battent pour Hong Kong
Inauguré en 1948, le monument implanté dans le cimetière militaire de Stanley rappelle la mémoire des Français lors de cet épisode. Chaque année, Le Souvenir Français organise une cérémonie à laquelle assistent officiers de réserve français, vétérans et représentants des forces britanniques, le consul général à Hong Hong et Macao ainsi qu’un groupe d’élèves du Lycée Français International. La cérémonie 2020 n’a pas pu se dérouler pour raisons sanitaires. Si les Français ayant participé à la résistance à Hong Kong représentaient une quarantaine de personnes à l’époque (sur une communauté de 400 Français), retrouver les documents les concernant est un travail de longue haleine. Suite à ces recherches, figurent depuis 2019 les noms de 6 Français directement tués pendant les combats ou à la suite de leur internement ou des brutalités de l’occupant.
Les noms sur la stèle des Français libres à Hong Kong
Parmi les noms récemment ajoutés figure celui du consul Louis Reynaud qui s’est illustré dans une forme de résistance passive à la politique de Vichy, en remplaçant notamment la francisque sur les documents officiels par un curieux « V » assimilable au symbole de la victoire popularisé par Winston Churchill. Le docteur Georges Béchamp mènera quant à lui des activités de propagande avant d’être embarqué par les Japonais vers l’Indochine où il mourra en détention. Léon Weill s’engage de son côté dans le corps volontaire de défense britannique (HKVDC) et participe aux combats. Il décède au camp de Sham Shui Po le 27 avril 1944. Enfin, Ngo Chi Dao et Tran Van Truong, Annamites travaillant respectivement pour la Banque d’Indochine et le Consulat de France, seront tués par les Japonais dans les premiers jours de l’offensive. Leurs noms sur la stèle des Français Libres marquent la reconnaissance de notre pays envers les ressortissants des anciennes colonies morts au service de la France.
Continuer la lutte à Hong Kong alors que la France avait capitulé
Pour comprendre la portée de l’engagement des Français Libres de Hong Kong, il convient de rappeler que la France avait capitulé un an et demi plus tôt devant l'Allemagne et que poursuivre la lutte à Hong Kong signifiait le refus de capitulation devant les forces de l’Axe. La concession française de Shanghai avait rallié le gouvernement officiel de l’époque et c’est justement de cette ville que s’étaient dirigés vers Hong Kong les membres du réseau « France quand même » du capitaine Roderick Egal, suite à l’appel du Général de Gaulle. C’est à la tête d’un petit groupe d’hommes qu’il prendra part aux combats de North Point pour tenter de bloquer les troupes de débarquement japonaises. Malgré une résistance farouche, les défenses sont enfoncées et les assaillants se livrent à des exactions au fil de leur progression. Egal ne devra sa vie qu’à des Chinois qui le cacheront tandis que plusieurs de ses camarades seront tués dont le Capitaine Frédéric Jacosta et le soldat Armand Delcourt, victime d’une exécution sommaire le 23 décembre 1941, soit un jour seulement avant la reddition. Les autres noms sont ceux de Pierre Mathieu, Henri Belle, morts en détention et Paul Deroux, qui se jettera par une fenêtre lors d’un interrogatoire.
Un hommage de la communauté française à Hong Kong
Cette année, c'est en tant que nouvel officier de réserve que le consul général de France Alexandre Giorgini a déposé une gerbe, en compagnie d'autres réservistes français à Hong Kong et de représentants des forces militaires alliées. Les élèves du Lycée Français ont comme ils le font désormais chaque année entonné le chant des partisans. Ronan, à la bombarde, a accompagné La Marseillaise. Alexandre Giorgini a évoqué le sacrifice des hommes qui se sont battus contre le facisme et le nazisme, expliquant que le Chant des Partisans avait été écrit par Joseph Kessel, Français d'origine russe, également auteur du livre de souvenirs "Hong Kong et Macao". Xavier Pech, représentant du Souvenir Français à Hong Kong, a vanté de son côté devant les élèves du Lycée Français de Hong Kong les valeurs de l'engagement et de l'action. "La joie de l'âme est dans l'action" a-t-il rappelé en citant le Maréchal Lyautey, en incitant les jeunes présents à prendre part à la vie citoyenne.
Parmi les personnalités présentes figuraient le commandant Badoui, officier de liaison police et immigration au consulat général de France, le capitaine Gotten, attaché naval du consulat américain, le brigadier Christopher Hammerbeck président de la Royal British Legion Hong Kong & China Branch, le capitaine de frégate Thibaud Sarrazin, ainsi que des représentants et ressortissants de l'Union Européenne, de la Russie, de Singapour, d'Indonésie, d'Inde, du Canada, du Vietnam, du Cambodge, de Malaisie, du Kazakhstan, d'Irlande et d'Australie, rappelant que le devoir de mémoire est universel.