La Cross Harbour Swim Race, course mythique plus que centenaire à Hong Kong, est de retour à pleins effectifs avec pour la première fois depuis 3 ans 3000 nageurs autorisés à prendre part à la traversée du port. Votre serviteur, nageur devant l’éternel, était de ceux-là, avec quelques amis. Voici ce qu’il ressort de cette course unique au monde.
Un événement très populaire à Hong Kong
Mis à part les 300 nageurs de niveau international dont le gagnant masculin de cette édition, le japonais Kaiki Furuhata et le second le hongkongais Nip Tsz-yin l’essentiel des participants à la course sont des amateurs, devant tout au plus passer un test de vitesse garantissant qu’ils peuvent effectuer 1,5 kilomètres à la nage en moins de 45 minutes, peu importe le style. De fait, les 5 groupes “leisure”, comprennent des sportifs de tout niveau, jeunes ou vieux, hommes et femmes, athlétiques ou non, qui s’élancent joyeusement des pontons flottants lorsque retentit la corne de départ. Si le départ des professionnels se distingue par le bouillonnement frénétique des jambes destiné à chauffer les muscles et gagner de précieux centimètres en incurvant la ligne de départ, les amateurs se jettent dans le bain en ordre dispersé, certains se laissant rapidement entrainer par les courants sur la gauche, d’autres s’entassant au contraire le long du boudin droit pour être certains de viser juste en suivant les numéros affichés par les bateaux qui protègent la course. Les styles sont aussi nombreux que les participants, les partisans du crawl cherchant à éviter les coups de pied des nageurs en brasse, personne n’étant à l’abris non plus d’un coup de bras asséné par un freestyler un peu excité. Le tout ressemble à une nuée de piranhas autour d’une cuisse de pécari trempée dans un marigot.
Une qualité d'eau très acceptable dans le port de Hong Kong
Lorsque l’on sait que Hong Kong est un port en eau profonde et que l’on n’a pas encore goûté, comme c’était mon cas, à l’excitante expérience du plongeon dans le goulet qui sépare l’ile du continent, on s’attend souvent à des températures dignes d’un fjord et à une composition de l’eau rappelant les jolis précipités colorés de nos cours de chimie. Eh bien, pas du tout ! Les eaux du Port des Parfums sont à la fois chaudes comme un bain pour bébé et transparentes comme du jade. Certes, quelques effluves de moteurs à proximité des rives rendent le fait de boire la tasse peu agréable, mais celles-ci disparaissent après une centaine de mètres, le milieu du port étant magnifiquement clair. Il faut dire que la pollution marine a considérablement baissé depuis les années 1970, lorsque les eaux de Hong Kong présentaient une couleur brune due aux rejets industriels non contrôlés. La reprise des courses, longtemps interrompues du fait des risques inhérents à la santé, a eu lieu en 2011, et depuis les contrôles et politiques environnementales ont produit leurs effets pour parvenir à la qualité actuelle. Votre serviteur a tout de même eu la surprise, à mi-parcours, de faire la rencontre inopinée avec un tronc d’arbre, mais aucun déchet plastique ou autre nappe grasse n’était à signaler.
Au centre du port de Hong Kong pour admirer la vue
Parmi les belles histoires liées à cette traversée légendaire, nombre d’habitués rapportent prendre leur temps, en faisant une pause à mi-distance pour goûter au plaisir unique de nager au milieu de l'une de cartes postales les plus célèbres au monde. J’avoue y avoir pensé mais l’effervescence du départ et la lutte pour se détacher du peloton a agi sur moi comme autant de facteurs de stress et j’ai surtout mobilisé mon énergie et mon attention pour ne pas transformer ce rêve en un cauchemar plus ou moins définitif. Car autant la piscine ou la nage en bord de côtes rassurent par la proximité des bords, autant les mouvements frénétiques autour de vous et le roulis qui s’accentue à mi-parcours, font que j'ai surtout cherché à arriver au plus vite, montant même sur les pontons par l’arrière pour accueillir la meute qui avait fini par retrouver son chemin. Outre, l’accueil chaleureux des cheerleaders, la distribution d’une serviette éponge et la douche salutaire, je retiendrai surtout cette image d’un vieux monsieur en fauteuil roulant, mis à l’eau à mi-distance et salué par les vivas des sportifs valides en haut du quai. En effet, le sport, c’est avant tout une fête, et sur ce plan, la traversée à la nage du port de Hong Kong 2023 a offert cette magnifique communion populaire, au cœur même de la cité ! Je recommande bien évidemment à tous nos lecteurs de tenter l’expérience au moins une fois.