Après Jordan, plusieurs quartiers se sont vu imposer un confinement éclair afin de tester tout un voisinage. Comment cela se passe-t-il et à quoi s’attendre? Lepetitjournal.com revient sur cette méthode rapide, destinée à identifier de nouveaux cas de Covid 19 et éviter la propagation.
Après les quartiers de Jordan et de Lam Tin, ce sont quatre zones supplémentaires qui se sont vues imposer, le premier février, un confinement en vue de dépister tout le voisinage, dans le cadre du règlement sur la prévention et le contrôle des maladies. Qu’il s’agisse de Tsim Sha Tsui, Hung Hom, Yau Ma Tei et Yuen Long, les habitants des endroits concernés ont dû rester à la maison, le temps de passer un test.
Ces missions éclairs permettent en effet de s’assurer si un voisinage est touché par une infection de Covid ou non. Mais comment cela se passe concrètement? Décryptage.
Au cœur du lockdown de Jordan
Depuis quelques jours, lorsqu’un quartier est touché par des cas de Covid, certaines zones sont bouclées avec maintien à domicile et test de la totalité des résidents. Ces mesures sont en général très rapides et organisées à la dernière minute afin d’éviter que certains habitants ne répondent pas présents.
Mais comment cela se passe-t-il de l’intérieur? Pour ce faire, nous avons interrogé Rei, un habitant de Jordan, qui a vécu ce confinement-rapide de l’intérieur: "J’habite sur Temple Street. Dans notre quartier, tout a commencé samedi vers 4 heures du matin. Il y avait pas mal de rumeurs sur un lockdown potentiel de Jordan… mais cela ne m’inquiétait pas outre mesure car j’avais dû faire un test Covid la semaine précédente et il était négatif. Je pensais qu’avec ce test, je pourrais sortir. Mais le samedi matin, trois hommes ont toqué à ma porte, vêtus de combinaisons blanches. Ils m’ont dit d’aller en bas afin de me faire tester. Quand je leur ai montré le résultat négatif, ils m’ont dit que je devais tout de même me faire retester. Je suis donc descendu, j’ai fait la queue pendant une dizaine de minutes. Ce que j’ai le moins apprécié, c’est qu’on se fait vraiment tester devant tout le monde. C’était bizarre de se faire observer par autant de gens alors que je me faisais gratter le nez… mais en dix secondes c’était terminé. J’ai ensuite reçu un bracelet et de la nourriture: des nouilles instantanées, du poisson en conserve. Après ça, on a dû retourner chez nous. On ne savait pas vraiment combien de temps ça allait durer mais on nous a dit que cela se terminerai probablement lundi."
"C’était très bien organisé!"
Rei est surtout frappé par la rapidité des tests: "La semaine précédente, lorsque je me suis fait tester volontairement, j’ai dû attendre le résultat bien 24 heures. Celui réalisé pendant le lockdown était très rapide. En 3 heures j’avais la réponse. Mais malgré le fait que ce soit négatif, j’ai dû rester à la maison. On avait le droit de sortir uniquement pour aller chercher de la nourriture aux stands."
Rei prend donc son mal en patience, observe ce qu’il se passe de sa fenêtre ou depuis le rooftop de son immeuble: "De ma fenêtre, je pouvais observer l’extérieur. Chaque rue avait sa propre station de test. Ma rue en avait environ une dizaine. C’était très bien organisé: il y avait le personnel infirmier dans la rue, la police bloquant le district, des petits stands où on pouvait aller chercher de la nourriture si nécessaire. Chaque entrée d’immeuble était surveillée pour éviter que les habitants n’en sortent inutilement. Tout le monde était monté sur les rooftops pour regarder ce qu’il se passait. C’était sympa à voir. Il y avait des enfants qui jouaient, des gens qui fumaient. Je me sentais moins seul. L’atmosphère était agréable."
Le dimanche, Rei fête son anniversaire et la célébration a un goût un peu étrange: "Je me suis fait un petit repas, mais mon problème principal, c’est que je n’y étais pas préparé. Je n’avais pas énormément de nourriture ou de boissons à la maison… J’ai alors demandé aux officiers si je pouvais me faire livrer un paquet par un ami. Comme j’avais reçu mon résultat qui était négatif, même si nous étions coincés dans le quartier, j’ai eu l’autorisation de recevoir un paquet! Ça m’a sauvé ma journée!"
En 44 heures, l'opération a été bouclée, révélant 13 cas de coronavirus parmi les plus de 7000 personnes testées.
Serez-vous prochainement confinés?
D’après un communiqué datant du 1er février, le gouvernement spécifie que: "Pour arrêter la transmission au sein des communautés, le gouvernement a décidé d'abaisser encore le seuil des tests obligatoires par quartiers, à partir du 1er février, dans tous les districts de Hong Kong, si un ou plusieurs nouveaux cas confirmés d'origine inconnue sont détectés dans les bâtiments (y compris les bâtiments à usage commercial et résidentiel), ou s'il existe des échantillons d'eaux usées testés positifs…".
En effet, depuis plusieurs semaines, la ville observe les eaux usées de Hong Kong dans le cadre d’un programme réalisé par l’Université de Hong Kong. Les chercheurs vérifient en effet si des échantillons positifs au Covid s’y trouvent, aidant ainsi à anticiper les zones à risques.
De plus, outre les tests obligatoires ciblant les bâtiments résidentiels, les lieux de travail seront également ciblés, si deux cas confirmés ou plus y sont détectés.
Pour conclure, Rei conseille: "Je ne sais pas si d’autres lockdowns de durée similaire auront lieu à l’avenir. Ceux qui ont suivi étaient plus courts… Mais si cela devait vous arriver, n’oubliez pas d’avoir chez vous des biens de première nécessité tels que du papier toilettes, ou de la nourriture! Mais le plus important, c’est d’être préparé psychologiquement. C’est bien sûr très différent de la quarantaine de vingt-et-un jours à laquelle font face les voyageurs, mais sachez que cela peut arriver."
Pour détendre l'atmosphère, nous n'avons pas résisté à la tentation de vous repasser une chanson de circonstance, "lockdown" de notre star hongkongaise 2020, Enzo.
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