En réussissant la synthèse d'amidon à partir du CO2, des scientifiques chinois ouvrent des perspectives nouvelles en matière de production agricole, tout en favorisant la neutralité carbone.
Une découverte capitale pour la planète
Ce vendredi, le directeur de l'Institut de biologie industrielle de Tianjin Yanhe Ma a communiqué sur le fait que son laboratoire venait de réussir la synthèse de l’amidon à partir de dioxyde de carbone (C02), ouvrant des possibilités pour l’industrie agro-alimentaire dans le monde ainsi que la lutte contre le réchauffement climatique. L'amidon est en effet le composant le plus important du grain. Quant au dyoxyde de carbone qui intervient dans l’effet de serre, il pourrait être utilisé grâce à cette découverte pour fabriquer des aliments. Aussi si cette découverte de laboratoire était suivie de la maîtrise industrielle de la fabrication d’amidon, les impacts sur les grands équilibres écologiques de la planète seraient considérables, la crise alimentaire et le changement climatique constituant deux défis majeurs.
11 étapes pour la synthèse de l’amidon
A ce stade, la publication des résultats de l’institut de Tianjin, dans un article intitulé "Synthèse d'amidon chimioenzymatique sans cellule à partir de dioxyde de carbone", fait état de 11 étapes pour parvenir à la synthèse de l’amidon, « un peu sur le modèle de la fabrication de la bière », indique l’auteur Cai Tao puisque le dyoxyde de carbone est tout d’abord transformé en méthanol avant de produire de l’amidon. Selon le directeur de l’institut de Tianjin, le procédé mis à jour serait 8,5 fois plus efficace que la production d’amidon en provenance de l’agriculture traditionnelle, un bioréacteur de 1m3 pouvant produire autant qu’un champ de maïs de 1,5 hectares pendant un an.
Production de glucides pour l’alimentation humaine
Ce qui est en jeu, c’est donc la possibilité de produire industriellement des glucides sans avoir recours à l’agriculture, gourmande en sols cultivables et surtout en eau. Par ailleurs, l’impact écologique négatif des engrais et pesticides liés à la culture du maïs nuit à la biodiversité et à la qualité de vie des populations. La synthèse et l'accumulation de l'amidon impliquent plus de 60 réactions métaboliques ainsi qu'une régulation physiologique complexe, et l'efficacité de conversion énergétique théorique n'est actuellement que d'environ 2 %. Le coût de production de l’amidon de synthèse est en conséquence au cœur de la problématique de développement de cette technologie à grande échelle si l'on veut rendre accessible le procédé aux populations qui en ont le plus besoin, à savoir les plus pauvres.