C’est dans la rue la plus animée de Lai Chi Kok, le cœur culturel et créatif de Kowloon-Ouest, que nous sommes allés à la rencontre de Man Tsang, artiste autodidacte né à Hong Kong et devenu artiste dessinateur et peintre.
Lepetitjournal.com vous fait découvrir ce « digital creator » au style moderne et influencé par les mangas japonais et taïwanais. On revient sur sa passion et ses œuvres au travers desquelles on retrouve des techniques proches de celles utilisées dans la peinture traditionnelle chinoise, le Xieyi et le Mogu.
« J'ai appris à dessiner par moi-même »
Comment avez-vous débuté ?
C’est à l’âge de 4 ans, lorsque mon frère et ma sœur participaient à un concours de dessins que j’ai voulu m'y mettre, tout simplement pour rendre ma mère fière. Je n’ai jamais suivi de formation académique en art, j’ai appris à dessiner en autodidacte. Mon premier portrait est celui du basketteur américain Michael Jordan. J’avais 16 ans à ce moment-là, on le devine à la signature de mon nom, enfantine…
« J’ai toujours un carnet de dessin à portée de main à Hong Kong »
Vous avez des styles plutôt variés, pouvez-vous nous en dire plus ?
J’aime dessiner au gré de mes inspirations. Ce sont souvent des esquisses spontanées, j’ai toujours un carnet et un feutre à portée de main, dans le métro, au restaurant, en voyage, seul ou accompagné. Le dessin est comme un appareil photo pour moi, je capture le moment et je lui redonne vie sur une feuille. D’ailleurs pendant notre entretien, je vais profiter pour faire un portrait de vous ! J’aime beaucoup les bandes dessinées, le noir et blanc. J’ai appris seul et je me suis essayé à tous les styles. J’aime les mangas japonais que je préfère sans les contours. Je dirai que mon style est influencé par la BD Legends of Assassins de l’artiste Chen Uen, que j’ai eu l’occasion de rencontrer.
Nota bene : Chen Uen est un artiste connu pour ses BD réalisées aux pinceaux chinois. Il est l'un des seuls à utiliser les techniques de calligraphie pour peindre des bandes dessinées, tel le Xieyi au pinceau noir et le Mogu qui permet des nuances et des dégradés de couleurs.
«L'important est que le dessin transmette l'émotion»
Vous avez choisis le feutre pinceau, pourquoi ?
A l’époque où j’ai débuté, on a du s’adapter. Lorsqu’on est dessinateur et scénariste de bandes dessinées, ce qui est plus chronophage et technique à intégrer, ce sont les angles de vue, les décors, les détails dans les expressions faciales des personnages, dans des petites fenêtres sur une planche. Ce n’est que par commodité que je dessine aux feutres pinceau pour la rapidité d’exécution. Face aux superproductions qui procèdent à une numérisation des personnages en 3D sous tous les plans pour gagner en productivité dans leurs BD, le geste d’un dessinateur dit "traditionnel" doit être précis et rapide. Les logiciels de BD et de conversion de photos en dessins sont certes pratiques pour les néophytes néanmoins les amateurs de BD ont plus de mal à capter les subtilités. Surtout les détails dans les expressions que les auteurs souhaitent retranscrire dans les émotions de leurs personnages.
"Le digital m'a aidé à diffuser mes dessins pendant la pandémie"
Comment vivez-vous de votre art ?
Avant la pandémie, je participais souvent à des expositions, certaines durant lesquelles j’y faisais du live painting, de la peinture en direct, où les visiteurs me voyaient en pleine création. Il a fallu 12 heures au total sur 5 jours pour réaliser à la main cette œuvre de 2 mètres de long sur 1,8 mètres de haut. La plus grande difficulté était de dessiner en déroulant le support au fur et à mesure, car les plafonds ne sont pas assez hauts à Hong Kong.
Pendant la pandémie, on n’a pas pu exposer. Le digital a aidé, les dessins en format digital en particulier. Je me sens chanceux, alors que d’autres n’ont pas eu cette chance, quelle que soit leur industrie. Je prends essentiellement des commandes sur demande et j’ai quelques contrats commerciaux.
"Le sport est un engagement pur et cela m'inspire"
Quels sont les derniers projets sur lesquels vous travaillez ?
Je viens de terminer une affiche à la demande de l’université Polytechnique de Hong Kong. Leur division Jockey Club Design Institute for Social Innovation lance un programme de recrutement en partenariat avec l’Institute for Entrepreneurship. Ce programme GOOD SEED vise à développer le potentiel créatif auprès des jeunes, stimuler les innovations sociales au profit des défavorisés, par le biais du design, de la technologie et des activités commerciales. Pour ce faire, j’ai choisi la rue de Nam Cheong à Sham Shui Po sur l’affiche en référence à son passé, un lieu réputé où les maîtres shifu transmettaient leurs savoirs.
Dernièrement pour fêter le retour de des médaillés olympiques avec quelques autres artistes, Man a exposé les portraits des athlètes hongkongais à l'EMax de Kowloon Bay. "J’ai toujours aimé dessiner les sportifs, je trouve que le sport est une discipline pure, qui implique l’engagement de la personne, quel que soit le résultat."
Man a réalisé de nombreux portraits de sportifs : des footballeurs comme Éric Cantona aux joueurs de basketball comme Kobe Bryant, aux côtés de portraits de Bruce Lee ou d’acteurs occidentaux et asiatiques. On retrouve dans ces portraits la maîtrise de Man pour saisir le mouvement et la dynamique du sportif qu’il immortalise sur ses feuilles. Des portraits pleins de caractères et de poésie, selon le style et son inspiration du moment.
Pour retrouvez les nombreuses œuvres et le travail de Man, cliquez ici (son site internet) ou sa page Facebook ici.
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