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Coronavirus : l'enseignement supérieur fait le pari du digital

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Écrit par Déborah Collet
Publié le 18 avril 2020, mis à jour le 27 août 2020

La crise sanitaire mondiale a bousculé l’enseignement du supérieur qui a fermé ses établissements universitaires et basculé l’intégralité de ses cours en ligne. En temps de confinement, les étudiants expatriés à l’étranger bénéficient d’un accès à l’ensemble de leurs enseignements et continuent leurs examens. De nouvelles techniques pédagogiques comme le coaching personnalisé ou la formation distancielle voient le jour afin d’assurer la continuité pédagogique.

 

Des stages en télétravail, reportés ou annulés

Certaines entreprises ont dû faire face à une baisse soudaine de leur activité entraînant l’interruption des stages professionnels des étudiants français, voire l’annulation de contrats de stages. Pour les étudiants dont les stages n’ont pas été mis entre parenthèses, les échanges avec l’entreprise se poursuivent à distance. 

Le ministère de l'Enseignement supérieur français a déclaré que la validation des crédits de stages est maintenue. Les étudiants français qui étudient à l’étranger doivent "modifier leurs conventions avec leurs référents pour que les conditions du stage soient adaptées, au télétravail par exemple". Si le télétravail n’est pas réalisable, le stage est reporté et les étudiants toucheront quand même une rémunération de stage. Il promet que dans tous les cas "Aucun(e) étudiant(e) ne sera pas pénalisé(e)". Pour les stages suspendus, un avenant sera fait à la convention de stage sur un justificatif écrit de la part de l’entreprise, formalisant la période de suspension du stage. 

À SKEMA Business School, pour valider une expérience professionnelle à l’étranger, le stage professionnel peut durer 4 mois, 6 mois ou 12 mois. L’école de commerce s’engage pour que ses étudiants ne subissent aucune conséquence sur la validation de leur diplôme en cas d’arrêt non-volontaire de leur stage. Si les stages s’arrêtent brusquement avant la fin de la période de stage, ils pourront être reconduits ou décalés, mais dans tous les cas, cette expérience sera validée. "Nous prenons en compte toutes les contraintes liées à l’épidémie comme le fait par exemple, que certains étudiants ne puissent pas se rendre dans le pays où ils sont censés réaliser leurs stages dus à la fermeture des frontières des pays en question, comme c’est le cas des États-Unis." a déclaré Patrice Houdayer, directeur des Programmes, de l’International et de la Vie étudiante de SKEMA Business School. 

L’IÉSEG School of Management dénombre 1 000 étudiants internationaux actuellement en stage dans le monde dont 200 étudiants français qui sont rentrés en France. Antonio Giangreco, Directeur des relations internationales à l’IÉSEG nous a confié que "s’il n’est pas possible de réaliser du télétravail lors du stage, l’école met en place de nouvelles solutions, pour qu’ils puissent valider leurs stages, dont le report du stage ou la recherche accélérée d’une entreprise qui peut réaliser du télétravail." Les étudiants français de L’IÉSEG peuvent jouir d’un accompagnement spécialisé : "Un coaching personnalisé avec un professionnel a été mis en place pour accompagner les étudiants qui se retrouvent, du jour au lendemain, sans stage." a révélé Antonio Giangreco.

HEC Montréal a assuré à ses étudiants que les stages qui avaient déjà débuté seraient réalisés avec l'accord des entreprises par le biais du télétravail. L’ensemble des crédits seront maintenus. Faustine Chevet, Directrice du Bureau Europe a affirmé : " Le télétravail permet de continuer son stage et de ne pas prendre du retard dans sa scolarité. Il permet aussi de développer de nouvelles compétences et surtout de rompre avec l’isolement dû au confinement en étant en relation directe avec des collègues et un manager." Tous les contrats de stages qui sont rompus, car le travail à distance n’est pas possible seront remplacés par des enseignements. "Tous les professeurs ont été mis à contribution à HEC Montréal, présentement, pour pouvoir offrir des solutions. Pour les stages qui ont dû être annulés, nous avons fait du remplacement notamment par la réalisation de projets supervisés à la Msc. Nous allons avoir des mandants qui sont donnés à la place pour alléger l’ensemble de l’équation." 

Même si les modalités d’évaluation de stage sont adaptées, certains étudiants sont angoissés d’arriver sur le marché du travail en n’ayant pas pu acquérir autant de compétences qu’ils auraient voulu lors du stage. 

 

L'enjeu majeur, garder une continuité pédagogique 

Depuis plusieurs semaines, les écoles et les universités du supérieur se mobilisent pour proposer des modalités de poursuite d’études à distance à l’égard des étudiants français. Au sein de certaines, les étudiants sont déjà habitués à utiliser des plateformes numériques et des logiciels internes de formation.

 

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Campus IÉSEG à Lille. ©Barbara GROSSMANN

 

L’IÉSEG compte 6 077 étudiants dans le monde, qui suivent un cursus universitaire en langues étrangères. 95 % de ces étudiants ont fait le choix de rentrer dans leur pays d’origine. Très tôt, l’école de commerce a choisi de basculer tous ses cours en ligne. "Dès lundi 16 mars, tous les cours étaient en ligne. Notre choix a permis de donner l’opportunité pour nos étudiants français de suivre leur échange de cours dans leur pays d’accueil ou en France." nous a confié Antonio Giangreco. L’école a mis en place un système de portfolio de cours additionnels. Les enseignements sont maintenus à distance sur Zoom par vidéo caméra. Concernant les examens à IÉSEG, Antonio Giangreco a précisé "Nous avons un logiciel qui nous permet de réaliser des examens en ligne et d’être certain, que l’étudiant qui le réalise est bien le bon". 

 

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The Global Experience. SKEMA Business School

 

Les échanges académiques de l’école de commerce, SKEMA Business School sont assurés par de nouvelles méthodes agiles d’enseignement. "Une partie de nos enseignements est réalisée en synchrone et une autre partie est en asynchrone, ce qui permet, par exemple, à un étudiant présent dans notre campus de Raleigh, de suivre à l’heure américaine un cours en temps réel avec l’enseignant." nous a expliqué Patrice Houdayer. Dès leurs premiers jours au sein de SKEMA, les étudiants de l’école de commerce sont équipés d’office 335. Ce modèle d’enseignement en ligne facilite l’apprentissage des étudiants de SKEMA en temps de confinement. Les cours sont réalisés sur Teams avec des espaces de tchat et tous les cours sont enregistrés avec l’application stream de Microsoft. "Cette plateforme permet à l’étudiant de visualiser à la demande un cours et de le consulter s’il n’a pas pu assister à un des cours en temps réel à cause d’un problème de connexion par exemple" précise Patrice Houdayer.

 

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Campus HEC Montréal

 

HEC Montréal a depuis plusieurs années investi le champ de l’enseignement à distance, notamment dans la création des MOOCs : Massive Open Online Course. MarieHélène Jobin souligne : "Nous proposons une prestation synchrone et asynchrone de tous nos cours. Nous travaillons avec Teams, Tegrity, une plateforme de web conférence et d’autres outils numériques de qualité. Certains de nos programmes étaient déjà complètement enseignés en ligne." a précisé Marie-Hélène Jobin. L’école propose des activités dirigées qui se font en synchrone. Elles sont enregistrées pour que les étudiants qui n’ont pas pu se connecter au moment souhaité puissent ensuite les consulter. "Les examens et les contrôles sont repensés pour pouvoir apporter des solutions concrètes." souligne Marie-Hélène Jobin. HEC Montréal pense aussi à ces étudiants qui vivent des périodes d’isolement loin de leur famille. Agnès Darmaillacq, Directrice Service des activités internationales et de la mobilité étudiante nous explique : "Nous avons des étudiants qui ont voulu rentrer chez eux en Tunisie ou en Algérie et ils se sont retrouvés en quarantaine dans des camps d'isolement, loin de chez eux, sans connexion internet pour suivre les cours en ligne. Nous travaillons avec les enseignants pour trouver des solutions adaptées aux différentes situations que peuvent vivre les étudiants."

 

ESPOL (European School of Political and Social Sciences) a communiqué à ses étudiants que l’école respectera le calendrier universitaire prévu pour la fin d’année. La période des examens sera maintenue et elle se réalisera en ligne via la plateforme d’apprentissage Moodle avec un temps limité. Les étudiants pourront télécharger leur sujet, travailler dessus et se reconnecter pour le partager à leurs enseignants. Ils bénéficieront d’une majoration d’un tiers de temps supplémentaire sur la durée de leurs examens dû à la situation exceptionnelle de pandémie. Une cellule de crise a été mise en place pour assurer la bonne continuité pédagogique à distance. L’école a créé une adresse mail pour répondre aux questions que peuvent se poser les familles et les étudiants.

 

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Salle de cours. EDHEC Business School

 

L’EDHEC s’appuie depuis de nombreuses années sur une expérience de l’enseignement à distance. Sa direction de l’expérience étudiante est très avancée sur ce point. Depuis 20 ans, l’EDHEC a un partenariat avec la plateforme d’enseignement à distance Blackboard, un acteur fort dans ce domaine et l’école s'est équipée de nouveaux outils numériques. "Ce partenariat a permis de passer notre infrastructure pédagogique dans le cloud, d’intégrer un outil de classe virtuelle qui s’appelle Collaborate Ultra, de mettre en place des outils de test à distance et d’aide en ligne" précise Anne Zuccarelli, Directrice Expérience Étudiante et Opérations de l’EDHEC. Depuis le 25 mars, tous les cours de l’EDHEC ont été basculés en ligne et ils le resteront jusqu’à la fin de l’année académique. Tous les examens seront maintenus. Anne Zuccarelli souligne "Les examens en ligne demandent aux professeurs d’imaginer des nouveaux formats d’examens qui ne sont pas ceux utilisés en classe. Notre plate-forme Blackboard nous permet de poster des sujets, de récupérer des examens, de faire des quizz en ligne, d’organiser des travaux de groupe pour les étudiants." Elle poursuit "en moyenne par jour, nous proposons 150 classes virtuelles, sur l’ensemble de nos programmes, en sachant que nous avons 4 000 à 4 5000 étudiants qui sont connectés par jour. Ils sont présents dans 50 pays différents. Les classes virtuelles sont enregistrées pour permettre aux étudiants qui n’ont pas le même fuseau horaire que nous de suivre la session. Ce système est également proposé aux étudiants qui sont malades." Cette semaine, un "business game" en ligne a réuni 800 étudiants du programme bachelor de l’EDHEC. Les étudiants sont répartis par groupe et aidés par des coachs qui supervisent, étape par étape leur travail. "Le lien social de la classe manquait aux étudiants et ils sont ravis de le retrouver." affirme Anne Zuccarelli.

 

Les enseignants se forment aux outils numériques

"K-center", un centre d’innovation pédagogique au sein de SKEMA réalise des teaching e-learning séries qui permettent aux professeurs de partager leurs expériences. Ils sont formés aux différents outils numériques et ils apprennent à développer de nouvelles approches pédagogiques interactives en ligne. "Les enseignants peuvent interagir avec les étudiants comme s’ils étaient dans une salle de cours."

À HEC Montréal, "Depuis le 12 mars, une quarantaine de formations ont été données aux professeurs qui étaient moins familiers aux cours en ligne. Une équipe pédagogique de 8 personnes à la direction de l’innovation technologique a soutenu les professeurs et les maîtres d’enseignement pour qu’ils puissent travailler et développer des cours en ligne diversifiés." 

Depuis deux mois, l’EDHEC a proposé des sessions de formations accélérées auprès de ses enseignants et des intervenants extérieurs. "Ces deux derniers mois, 150 sessions de formations ont été réalisées. Quatre task forces ont été mises en place regroupant des équipes programmes, des professeurs et des équipes support et innovation. Cela a permis de faciliter et accélérer les changements et les échanges de bonnes pratiques." indique Anne Zuccarelli. Un pool de professeurs experts a été créé et le laboratoire d’innovation pédagogique a permis d’aider les professeurs 24h/24. 

L’enseignement supérieur a réinventé l’offre de ses cours qui se fait désormais complètement à distance. Les cours, mais aussi les examens prennent des formats insoupçonnés : quizz, oraux en visioconférences, devoirs virtuels, challenge vidéo. Si cette crise sanitaire sans précédent a chamboulé les enseignements traditionnels, elle a eu au moins l’avantage de confirmer ou d’accélérer la tendance du e-learning dans les Grandes écoles. 

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