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Isabelle André : « La fonction RH nécessite à la fois exigence et bienveillance » 

isabelle andréisabelle andré
Écrit par SKEMA Alumni
Publié le 16 août 2022, mis à jour le 23 mars 2023

Actuellement expatriée à New York, où elle travaille en tant que Director, HR Operations and Analytics Americas au sein du groupe Richemont, Isabelle André revient sur son évolution professionnelle et sur les moments forts de sa carrière, de ses études à SKEMA Business School à son expatriation aux États-Unis.

 

Lepetitjournal.com : Pouvez-vous revenir sur votre parcours académique ?

Isabelle André :  Je suis originaire du nord-est de la France et j’ai grandi à la campagne, mes parents étant agriculteurs. Je pense que mon enfance à la ferme m'a beaucoup aidée à construire une culture du travail et un goût de l'effort.

J’ai d’abord fait une prépa à Reims, puis j'ai intégré le Master in Management de SKEMA Business School (anciennement CERAM) sur le campus de Sophia Antipolis. Pendant mon cursus, j’ai choisi une spécialisation en ressources humaines, un domaine qui m'avait toujours attirée. J’ai été diplômée de SKEMA en 1996.

 

Beaucoup de mes connaissances acquises en finance, marketing, RH et droit international me servent encore aujourd’hui dans mon quotidien professionnel.

 

Pourquoi avoir fait le choix de SKEMA Business School ? Quels souvenirs gardez-vous de cette formation ?

J’avais toujours voulu intégrer une grande école de commerce et SKEMA avait très bonne réputation. Sa présence sur le site de Sophia Antipolis offrait aussi un environnement très porteur et un grand vivier d’opportunités.

J’ai beaucoup aimé mon expérience dans cette école.

À l’époque, l’école avait déjà une forte ouverture sur l'international, et elle entretenait aussi un lien fort avec le tissu d’entreprises locales. Il y avait donc de nombreuses opportunités professionnelles pour les étudiants. Cela m’a permis d’intégrer très vite le monde de l’entreprise.

La vie associative était aussi très dynamique. J'étais impliquée dans l'association de théâtre et dans les associations de volontariat. J’étais notamment Secrétaire de l’association des Alpes-Maritimes pour les Restos du Cœur.

D’un point de vue académique, les cours étaient très bien construits. Beaucoup de mes connaissances acquises en finance, marketing, RH et droit international me servent encore aujourd’hui dans mon quotidien professionnel.

SKEMA Business School m’a aussi permis d’appréhender les études de façon très concrète (à travers des études de cas, des problématiques et des challenges du monde réel…). Cela m’a permis de développer un regard aiguisé, une grande curiosité et des qualités d'analyse et de synthèse hors pair.

Après mes études, j’ai gardé le lien avec SKEMA. Je me suis impliquée dans l'association d’alumni et j’ai également été enseignante à SKEMA Business School en International Human Resources Management.

 

J’ai eu la chance de participer à la première promotion d'apprentissage organisée par SKEMA Business School

 

Comment s’est déroulée votre intégration sur le marché du travail après SKEMA Business School ?

J’ai eu la chance de participer à la première promotion d'apprentissage organisée par SKEMA Business School. J'ai pu intégrer, en dernière année d’études, le groupe pharmaceutique américain Allergan, à Sophia Antipolis. À l'issue de mon apprentissage, on m’a proposé un poste et je suis finalement restée 8 ans dans l’entreprise !

J’avais été embauchée dans un contexte de mise en place d'un ERP (Enterprise Resource Planning), un large système d'information pour la gestion des ressources humaines.

Je me suis donc impliquée dans la mise en place des systèmes de gestion. Cela m’a plu et je suis rapidement devenue experte en SAP, en déploiement de systèmes d'information pour les ressources humaines.

Le groupe m'a ensuite chargée d’implanter le système d'information RH dans les filiales du groupe à travers l’Europe. Ce tour d’Europe a duré 2 ans : j’ai été détachée en Irlande, en Allemagne, en Angleterre et en Italie.

Je suis ensuite revenue en France, où j'étais chargée de gérer le centre de compétences SAP RH pour l'Europe. J’effectuais régulièrement des allers-retours en Californie, où était basée la direction.

J'ai ensuite rencontré mon mari et nous avons déménagé en Haute-Savoie. J'ai alors trouvé un emploi à Bienne, en Suisse, chez Rolex, où j'étais également chargée de mettre en place un SAP RH.

Peu après, j’ai intégré une ONG internationale (International Organization for Migration) à Genève, affiliée à l’ONU. C'était une expérience passionnante, dans un secteur totalement nouveau ! J’ai finalement rejoint, en 2006, le groupe Richemont, à Genève, toujours avec une casquette d’experte SAP RH.

 

Isabelle André, RH chez Richemont aux Etats-Unis


J’ai ensuite voulu développer d’autres compétences en ressources humaines et m’éloigner un peu des fonctions très techniques liées aux systèmes d’information. J’ai alors rejoint la fonction Compensation and Benefits, toujours chez Richemont.

Le groupe avait à l’époque ouvert, à Genève, un vaste campus de 45 000 m², avec plus de 1 000 collaborateurs, qui hébergeait de nombreuses maisons de Richemont.

Chargée des RH du site, j'ai contribué à l'accueil des collaborateurs et des entités du groupe. J’ai également mis en place un Centre de Services Partagés RH pour le site. Le DRH du groupe m'a par la suite demandé de réaliser la même opération pour l’ensemble des maisons Richemont en Suisse. J’ai donc créé un centre de compétences RH sur toutes les fonctions back-office pour Richemont (gestion de la paie, assurances sociales, taxes, systèmes d'information, compensation and benefits…).

Puis, à la recherche d’une nouvelle opportunité, j’ai rejoint, il y a un peu moins d’un an, la filiale américaine du groupe Richemont, à New York, où je travaille actuellement.

J’ai les mêmes missions qu’en Suisse : je suis en charge de toutes les opérations RH et des systèmes d'information. C’est une expérience très intéressante. Les maisons Richemont sont en pleine croissance aux États-Unis, il y a donc beaucoup à faire.

Quant à New York, et particulièrement Manhattan, où je réside, c’est un melting-pot incroyable, avec une formidable richesse de cultures, de langues et de nationalités !

 

Mon rôle est de m'assurer que l'ensemble des processus liés au recrutement et au cycle de vie du collaborateur est effectué dans de bonnes conditions et dans le respect de la législation locale.

 

Quelles sont vos missions en tant que Director, HR Operations and Analytics for Americas au sein du groupe Richemont à New York ?

Je suis responsable, pour l'ensemble de la région (USA, Canada, Brésil et Mexique), des opérations RH. Mon rôle est de m'assurer que l'ensemble des processus liés au recrutement et au cycle de vie du collaborateur est effectué dans de bonnes conditions et dans le respect de la législation locale.

Le groupe Richemont rassemble plusieurs maisons de renom telles que Cartier ; Jaeger-Lecoultre ; Montblanc ; Chloé… Le groupe possède aussi un grand centre de distribution à Dallas, au Texas, ainsi qu’un centre de services partagés dans le Connecticut. Je suis donc chargée de m'assurer qu'il y a une conformité, sur ces différents sites, par rapport aux besoins légaux et aux directives du groupe.

Je suis aussi chargée de vérifier que les applications RH fonctionnent ; d’organiser les équipes RH en interne ; d’assurer la bonne mise en place des systèmes d'information…Je contribue aussi aux démarches d'amélioration continue et à la transformation digitale de la fonction RH.

Je m’occupe également de la création de dashboards et d’outils de pilotage pour avoir une vue d’ensemble sur les chiffres et les problématiques de recrutement. Il faut savoir qu’aux États-Unis, le luxe attire moins qu’en Europe, c’est un secteur très tendu ici. Il y a donc un important travail à réaliser pour renforcer l’attractivité du secteur et pour améliorer la rétention des collaborateurs.

 

Il faut être toujours très curieux, s’informer et se former en permanence.

 

Quelles sont les qualités requises pour travailler dans les RH ?

Je pense que l’engagement, le commitment, est avant tout essentiel dans ce secteur. Il faut avoir le goût du travail bien fait, le goût de la qualité… Il faut aussi savoir faire preuve d’un grand respect envers les autres. La performance, bien sûr, est indispensable, le secteur étant assez compétitif.

Je pense aussi qu’il est très important d’être “ahead of the curve”, c’est-à-dire d’avoir un temps d’avance, pour rester au fait des innovations, des nouvelles technologies… Il faut être toujours très curieux, s’informer et se former en permanence.

La curiosité est d’ailleurs quelque chose que j’ai gardé de mes études à SKEMA Business School. Depuis l’école, j’ai continué à m’autoformer en permanence afin de rester tout le temps au top !

Il faut être à la fois exigeant afin d’atteindre les résultats visés, mais aussi faire preuve d’une grande bienveillance envers ses collaborateurs.

 

Il faut aussi avoir une démarche réfléchie, et prendre le temps de bien comprendre le secteur

 

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes diplômés qui souhaitent travailler dans le secteur des RH ?

Cela peut avoir l’air un peu old school, mais je pense qu’il faut avant tout faire preuve de sérieux dans son approche. Il faut aussi avoir une démarche réfléchie, et prendre le temps de bien comprendre le secteur, l’entreprise où l’on postule, et être capable d’expliquer ses motivations et son intérêt. Je pense aussi qu’il est indispensable d’être exigeant avec soi-même et de faire preuve de pugnacité pour atteindre ses objectifs.

 

 

Une interview réalisée par Soraya Benaziza

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