Parmi les 524 ouvrages de cette rentrée littéraire, Lepetitjournal.com vous fait une sélection de dix coups de cœur.
Forêt furieuse – Sylvain Pattieu (édition du Rouergue)
Cet impressionnant roman post-apocalyptique de par sa densité (656 pages), nous plonge dans un espace-temps indéfini où des enfants rescapés d’une guerre sont abrités dans une institution, en lisière d’une forêt.
Plus habitués à la menace qu’à la douceur, ils reproduisent entre eux la violence qu’ils ont connue. Mais il y a le soleil, l’air, les jeux, pour soigner les plaies de la guerre... jusqu'à ce que le village voisin se fasse attaquer par des ogres aux longs couteaux qui font régner la terreur autour d'eux. Un regard sur la société moderne.
Quand la forêt brûle – Joëlle Zask (Premier parallèle)
Plutôt habituée à travailler sur les mécanismes démocratiques, la philosophe Joëlle Zask, s'est cette fois intéressée à ce qu'on appelle les « mégafeux ». Ceux-ci révèlent, selon elle, notre difficulté collective à penser le réchauffement climatique et la nouvelle catastrophe écologique et notre difficulté à lutter contre.
Un livre qui établit un diagnostic glaçant et une perspective angoissante de ce à quoi peut potentiellement ressembler l'avenir. Un sujet au cœur de l'actualité !
La capitale – Robert Menasse (Verdier)
La Capitale est probablement le premier roman sur la Commission européenne et la façon dont elle est perçue de l'extérieur. L’auteur réussit l’exploit d’en faire une fiction, mêlant questions existentielles, intimes et politiques.C'est aussi un portrait de Bruxelles, avec son métro, ses chantiers, ses faits-divers. De l'assassinat dans un hôtel qui gène le gouvernement belge au drôle de cochon qui sème le bazar dans la ville, c'est à la fois un polar et une satire et une piste de réflexion sur l'identité européenne. Un roman aussi drôle que mélancolique.
Francis Rissin – Martin Mongin (Tusitala)
Qui est Francis Rissin ? Nous sommes dans un avenir relativement proche, qui pourrait se situer dans les années 2020 ou 2030 lorsque Catherine Joule donne un cours de littérature à la Sorbonne dans lequel elle évoque un mystérieux livre en quête duquel elle s’est lancée.
Approche de Francis Rissin, de Pierre Tarrent, a sans doute existé. Il est en tout cas cité dans de sérieuses bibliographies, mais il est impossible de mettre la main dessus. Ce premier chapitre pose donc le postulat de départ : si Tarrent n’existe pas, Francis Rissin peut-il exister ? Est-il le fruit de l’imagination d’un auteur fantôme ou un personnage bien réel ?
Bleuets – Maggie Nelson (Éditions du sous-sol)
"Et si je commençais en disant que je suis tombée amoureuse d'une couleur. Et si je le racontais comme une confession ; et si je déchiquetais ma serviette en papier pendant que nous discutons. C'est venu petit à petit. Par estime, affinité. Jusqu'au jour où (les yeux rivés sur une tasse vide, le fond taché par un excrément brun et délicat enroulé sur lui-même pareil à un hippocampe), je ne sais comment, ça a pris un tour personnel." Quelque part entre le récit et le poème, il y a Bleuets de l'auteure à la plume délicate. Fragments obsessionnels autour d'une couleur : le bleu, source de vie.
Lanny – Max Porter (Seuil)
Le deuxième roman de Max Porter a des allures de fable, de patchwork au refrain dramatique, un joyeux chaudron de mots. Il reste sur les pas de son premier roman, dans un style plutôt sombre, drôle et beau. Lanny décrit à la fois l'absence et l'extravagance. Un livre plein d'amour qui surfe entre le loufoque et l'extra-lucide. C'est un conte qui puise aux sources du merveilleux comme du plus trivial pour révéler l’invisible et inquiétante magie à l’œuvre dans nos vies.
Mur méditerranée – Louis-Philippe Dalembert (Sabine Wespieser)
S’inspirant de la tragédie d’un bateau de clandestins sauvé par le pétrolier danois Torm Lotte pendant l’été 2014, Louis-Philippe Dalembert, à travers trois magnifiques portraits de femmes, nous confronte de manière frappante à l’humaine condition, dans une ample fresque de la migration et de l’exil.
Trois femmes aux trajectoires si différentes – Dima la bourgeoise voyage sur le pont, Chochana et Semhar dans la cale – ont toutes trois franchi le point de non-retour et se retrouvent à bord du chalutier unies dans le même espoir d’une nouvelle vie en Europe.
Le dimanche des mères – Graham Swift (Gallimard)
Le dimanche des mères est le jour où les aristocrates accordent une journée de repos à leurs domestiques. Jane, femme de chambre, sans famille, le passera avec son amant. Elle ne le sait pas encore mais ce dimanche changera sa vie. L'auteur dépeint avec sensualité et subtilité une aristocratie déclinante, qui porte les stigmates de la Première Guerre.
Le bal des folles – Victoria Mas (Albin Michel)
Prix première plume 2019 et sélectionné pour le prix Stanislas, le bal des folles fait une entrée fracassante. Victoria Mas raconte la condition féminine au XIXe siècle.
Le temps d’une soirée, le Tout-Paris s’encanaille sur des airs de valse et de polka en compagnie de femmes déguisées en colombines, gitanes, zouaves et autres mousquetaires.
Ce bal est en réalité l’une des dernières expérimentations de Charcot, désireux de faire des malades de la Salpêtrière des femmes comme les autres. Parmi elles, Eugénie, Louise et Geneviève, dont Victoria Mas retrace le parcours semé d'embûches.
Jour de courage – Brigitte Giraud (Flammarion)
Tout commence avec un exposé sur les autodafés des nazis. Livio retrace l'incroyable parcours d'un médecin juif allemand qui luttait pour les droits des femmes et des homosexuels. Homosexuel, un mot que Livio a du mal à prononcer. Pourtant, il prendra comme prétexte cet exposé pour se livrer et raconter un peu plus sa vie, ses sentiments. Ce roman rapproche deux parcours qu'un siècle d'intervalle sépare, pourtant les deux personnages risquent d'être confrontés à des situations similaires.
Brigitte Giraud se penche sur un sujet délicat avec justesse et habileté.