La Brioche Dorée est un commerce indépendant, franchisé, qui a ouvert ses portes aux Halles de Torvehallerne en 2011. Stéphane Viano, responsable du magasin, nous explique quelle est la situation pour la boutique en ces temps si compliqués.
LPJ: Quelle est la situation actuelle aux Halles Torvehallerne ?
Stéphane Viano : L’atmosphère est très lourde et particulièrement compliquée car la moitié des commerces est fermée soit le temps du confinement , soit peut-être de manière définitive ( difficile à identifier à l'heure actuelle) par faute de moyens de rester ouvert. L’ambiance est très différente entre la Halle 1 et la Halle 2. La Halle 1 a plus de commerces alimentaires et s’en sort mieux, avec un flux de clients plus conséquent ; les clients trouvent des produits de première nécéssité et de grande qualité (fromages, viande, poisson…) qu’ils ne trouvent pas en supermarchés classiques.
La Halle 2 est moins fréquentée car les commerces sont plus tournés vers les produits de nécéssité secondaires tels épices, chocolats, patisseries hormis le pain … Ce sont souvent les premiers commerces délaissés ou rajoutés à la liste d'achats au supermarché. Dans la période du 11 au 21 mars, pour donner un exemple, la Brioche Dorée, qui se trouve dans la Halle 2, a perdu 70 à 80% de son chiffre d’affaires et ce chiffre est certainement commun à beaucoup des commerces de la Halle 2.
LPJ: Des mesures spécifiques ont-elles été prises pour s'adapter au mieux?
La direction des Halles a mis en place une politique de mesures de bon sens nécessaire et a été très réactive comme pour la gestion de la distance entre les clients; de plus des gardes contrôlent l’accès en gérant les flux de personnes dans les Halles. Des gels désinfectants sont mis à disposition à chaque entrée des bâtiments et chaque commerce en possède également. Les marquages au sol permettent de respecter la distance de 1 m à 1,5 m entre chaque client, pour chaque commerce. Les places assises ont été supprimées pour éviter les rassemblements.
La Brioche Dorée, en revanche, n’a pas mis en place de système de livraison car elle n’était pas assez préparée en amont. De plus ce sytème est très compliqué à mettre en place notamment lorsqu’il faut faire face dans le même temps à la réduction de quasiment tout son personnel. Le personnel en contrat à temps partiels a été licencié temporairement (et sera repris après la crise dès que la situation le permettra). Le personnel à temps plein est partiellement resté. De plus le coût réel d’une livraison serait énorme pour nous. En revanche nous avons toujours travaillé à la commande et nous continuons. Tout le monde peut appeller à la boutique pendant les heures d'ouverture et commander du pain, des gâteaux ou desserts et venir les prendre, si les clients préfèrent passer en coup de vent.
Les horaires de la Halle sont de 11h à 17h/18h tous les jours.
LPJ: Que pensez-vous des aides mises en place par le gouvernement?
Les aides du gouvernement sont les bienvenues mais pallient difficilement aux frais réels. C'est une gymnastique quasi impossible de jongler entre les factures lorsqu'’il ne rentre pratiquement plus rien et encore nous faisons partie de ceux qui peuvent rester ouverts. C’est très difficile de pouvoir durer au-delà de quelques mois lorsque la trésorerie disparait à vue d'oeil. La sortie de crise passera aussi par les négociations avec deux acteurs puissants : les bailleurs et les banques ! En temps de crise, on gère les entrées et les sorties. Quand les entrées disparaissent, les deux gros postes sont les salaires et les loyers. On ne peut pas faire travailler les gens gratuitement, même s'ils se proposent d'aider. En revanche ces deux gros acteurs financiers sont des éléments incontournables de l'entraide économique qui doit s'installer. Tout le monde doit pouvoir s'y retrouver, eux aussi bien entendu, mais ils pèsent énormément dans le solution à court et moyen termes de cette situation exceptionnelle.
LPJ: Quel est le message que vous souhaitez faire passer ?
Pour survivre dans ce contexte, il faut de la SOLIDARITE. Chaque croissant vendu à 19 DKK est important. Chaque vente, quel que soit le prix du produit et aussi petit soit-il, est important pour nous permettre de tenir. Chaque fois qu’on peut aider un commerce, il faut le faire et pas seulement le notre! Notre communauté doit s'entraider, se soutenir comme savent le faire les Danois entre eux. C'est notre richesse culturelle au Danemark et elle dépend de quelques décisions au quotidien. Si 20 ou 30 personnes viennent quotidiennement acheter un produit à 10 ou 20 DKK, on se rapproche d'une visibilité un peu plus longue que la semaine à venir et du moment où l'on va pouvoir réembaucher ceux qui travaillaient avec nous précédemment. Ce sont les petites choses qui nous permettront de sortir la tête de l’eau. Que ceux qui ont encore un salaire aident les autres en espérant que l'on s'avance vers une période plus prospère le plus rapidement possible!
Lepetitjournal Copenhague remercie chaleureusement Stéphane Viano pour son précieux témoignage et pour son temps en cette période si délicate. Nous espérons sincèrement que son message sera entendu et relayé! Merci à tous!