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Chiang Mai Memories capture le passé du nord de la Thaïlande

Une photo de la rue Tha Pae a Chiang Mai en 1951Une photo de la rue Tha Pae a Chiang Mai en 1951
Surapong Nae - La rue Thapae à Chiang Mai en 1951
Écrit par Catherine Vanesse
Publié le 27 avril 2021, mis à jour le 27 avril 2021

A travers des photographies anciennes, le groupe Facebook Chiang Mai Memories se veut un centre d’archives de l’histoire du nord de la Thaïlande. Un patrimoine riche que le tourisme pourrait développer voire même sauver. 

Images d’archives des acteurs de l’industrie du teck au 19ème siècle ou de l’aéroport de Chiang Mai en passant par l’ancienne prison, les tribus montagnardes et des débats animés autour de la date de la naissance du Royaume Lanna, le tout agrémenté bien souvent de descriptions pour en retracer l’histoire, le groupe facebook Chiang Mai Memories est une vraie mine d’or pour les curieux et les amateurs d’histoire. 

Créée en 2016, la page Chiang Mai Memories comptabilise aujourd’hui 2.700 membres et entre 30 et 50 publications par mois publiées par l’administrateur de la page, Frans Betgem, mais aussi par d’autres passionnés. 

La richesse de la page vient surtout des articles et commentaires des publications qui permettent de contextualiser la photographie et d’en apprendre plus sur l’histoire du nord de la Thaïlande. Un aspect historique qui trouve sa source dans la personnalité du créateur de la page, Frans Betgem, un sexagénaire néerlandais diplômé en histoire contemporaine de l’université d’Amsterdam.

Frans Betgem
Frans Betgem avec des membres de la tribus Lawa dans la province de Mae Hong Son

Après un premier voyage en Thaïlande en 1987, le jeune Frans a décidé de se lancer dans le tourisme et il développe aujourd’hui des itinéraires de voyage qui allient tourisme et histoire via son agence "Chiang Mai à la Carte".

J’ai vraiment commencé à creuser l’histoire de Chiang Mai en 2012, quand j’ai été approché par une personne dont le grand-père avait travaillé dans l’industrie du teck pour Bombay Burmah Trading Company. Il voulait visiter les lieux où avait vécu son aïeul à Chiang Mai et à Lampang ”, explique Frans Betgem, directeur de l’agence Green Trails et Chiang Mai à la carte. 

Les secrets des images

Actif dans un premier temps sur le forum Teak Door, Frans ouvre en 2014 une première page sur Facebook, Chiang Mai Then and Now sur laquelle il publie des photos anciennes mises en parallèle avec le Chiang Mai d’aujourd’hui. 

thapae-gate
La porte Thapae lors de sa rénovation en 1985 mais en comparaison avec une image de 2021 (Photo d'archive Chatchayan Priwut Phong)

J’ai de nombreuses photographies du Wat Phra Singh ou du temple de Suan Dok, à différentes périodes, c’est vraiment très intéressant de voir comment certains lieux ont évolué et l’histoire que cela nous raconte " dit-il. " Au milieu des années 1980, la Thaïlande a connu une croissance à 2 chiffres, les gens ont commencé à s’enrichir et une partie de ces richesses est allée dans les temples. Entre 1970 et les années 80-90, on peut voir de nombreux temples se couvrir d’or ”, détaille le Néerlandais qui vit à Chiang Mai depuis 1998. 

En 2016, s’inspirant du groupe Siamese Memories, Frans décide d’ouvrir un groupe dédié à Chiang Mai et au nord de la Thaïlande afin d’élargir les publications à toutes les images d’archives sans avoir pour autant besoin de les comparer avec l’époque actuelle.

Sauver certains héritages grâce au tourisme

Frans Betgem a démarré une carrière d’accompagnateur de voyage en 1988 avant de co-fonder à Bangkok l’agence Khiri Travel en 1993 et de prendre en charge les bureaux de l’agence à Chiang Mai en 1998. En 2012, il revend ses parts dans Khiri Travel et ouvre sa propre agence Green Trails et ensuite Chiang Mai à la carte. Cette dernière propose des visites personnalisées avec une orientation historique, que ce soit en partant sur les traces des premiers missionnaires ou de l’industrie du teck ou encore en utilisant des ressources qui témoignent d’une période presque révolue telle que les ‘samlor’, que l’on peut traduire littéralement par "trois roues" en langue thaïe. 

Quand vous discutez avec des Thaïlandais ou des étrangers, ils pensent tous que ce serait une terrible perte pour Chiang Mai si ces taxis tricycle venaient à disparaître, ce qui risque très certainement d’arriver si l'offre touristique ne les prend pas en compte ”, commente Frans. “J’essaye de connecter la page Chiang Mai Memories avec des visites et des balades historiques, je n’en suis encore qu’au début”, ajoute-t-il. 

Frans Betgem sur un samlor
Frans Betgem tient à s'assurer que certains héritages du passé ne disparaissent pas, tel que les samlor, ces tricycles qui font partie du paysage de Chiang Mai (Courtoisie Frans Betgem)

Pour allier sa passion entre le tourisme et l’histoire, et parce que Facebook présente des limites pour publier de longs articles et pour faire des recherches dans ce qui a déjà été publié, le Néerlandais rédige des articles complets et illustrés sur ses sites Chiang Mai à la carte et Travel and History

Pour trouver des informations, Frans, qui maîtrise parfaitement la langue thaïlandaise, parcourt les nombreuses pages en thaïlandais dédié à l’histoire du nord de la Thaïlande, recueille des témoignages de locaux et s’est déjà rendu deux fois aux Archives Nationales britanniques à Londres qui disposent de plusieurs ouvrages sur l’industrie du teck. 

Quel tourisme pour demain ?

Si l’aspect historique peut attirer des touristes, Frans Betgem ne voit pour autant cet angle que comme un créneau de niche. A la question plus large de savoir à quoi peut-on s’attendre dans le futur, l’homme n’est pas vraiment optimiste : “Il faut vraiment que le tourisme reprenne d’ici la fin de l’année, pas plus tard! Si rien ne change et que la situation reste la même l’année prochaine, c’est une grande partie de l’industrie du tourisme qui va s’effondrer. Après, je pense que quand ce sera fini, le tourisme reviendra comme avant. Nous entendons souvent qu’il faut réinventer le tourisme, être plus responsable, plus écologique, etc. Je n’y crois pas! Par contre, je pense que les gens vont être plus prudents avant d’investir et d’ouvrir un business en Thaïlande, en particulier à cause des lois sur le travail qui ne sont pas assez flexibles, on risque de voir certaines compagnies déménager leurs bureaux dans des pays comme le Cambodge ou le Vietnam”.

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