Après Krabi en 2019 et Nakhon Ratchasima en 2021, c’est Chiang Rai qui a été choisie pour héberger la Biennale thaïlandaise d’art contemporain qui s’achèvera le 30 avril prochain.
L’organisation à Chiang Rai de cette troisième biennale sur le thème d’un monde ouvert permet à cette ville du nord de la Thaïlande, trop souvent et injustement ignorée par les touristes internationaux, de bénéficier d’un bon coup de projecteur pour valoriser ses nombreux atouts.
La Biennale vise à mettre en lumière l'art contemporain pour sa portée esthétique et ses messages. Elle tend également à favoriser l’activité touristique à Chiang Rai et dans ses environs en accroissant son rayonnement. Elle a aussi pour mission d’encourager la créativité, de promouvoir l’importance de l’éducation artistique et d’obtenir la reconnaissance de la Thaïlande comme destination pour les amateurs d'art.
L'événement propose d’admirer, dans les principaux lieux d'exposition de la ville et du district voisin de Chiang Saen, les œuvres de 60 artistes originaires de 21 pays, dont 38 artistes étrangers et 22 artistes thaïlandais sélectionnés par une équipe de quatre directeurs artistiques et conservateurs.
Leur travail aborde des thèmes aussi variés que l’histoire, la diversité culturelle ou des questions d’actualité parmi lesquelles la nature et l'écologie tiennent une place centrale.
Parmi les principaux sites d’exposition figurent le Musée international d'art de Chiang Rai (CIAM), le Wat Rong Khun alias temple blanc, le musée Baan Dam, le parc artistique et culturel de Mae Fah Luang, le musée des civilisations du bassin du Mékong, le centre de méditation Rai Cherntawan, Bibliothèque ferroviaire de Chiang Rai et le Singh Park Chiang Rai.
Dans le district de Chiang Saen, les visiteurs sont invités à se rendre dans quartier du Triangle d'Or, au site historique Wat Pa Sak et au musée national de Chiang Saeng.
Vivier d’artistes locaux
La province de Chiang Rai, dont l’histoire remonte jusqu’au 13e siècle est particulièrement riche en culture. Dotée en outre d’une beauté naturelle et d’une hospitalité innée, elle abrite plusieurs générations de certains des plus prolifiques artistes contemporains du pays.
Parmi eux, le peintre Sompong Sarasap, né en 1961. Attaché à la ruralité de sa région, il souhaite par ses tableaux surréalistes alerter le public sur la dégradation de l’environnement naturel.
Née au Myanmar voisin et membre de la minorité ethnique Akha, la plus jeune, Busui Ajaw (37 ans), s’est installée à Chiang Rai après avoir été forcée de quitter son pays natal. Ses peintures tendent à mettre en exergue le patrimoine et la sagesse traditionnelle de son peuple.
À Khwai Din Daak, un ensemble qui combine en pleine nature café et galerie d’art, on peut admirer les sculptures de Chata Maiwong, en se délectant d’un café au lait de buffle. Natif de Chiang Rai, cet artiste autodidacte aime métamorphoser des pièces de bois abandonnées ou des troncs et branches d’arbres morts en œuvres reflétant la beauté de l'imperfection et révélant le charme caché de la nature.
Un Français dans le melting-pot de la biennale de Chiang Rai
La majorité des artistes sélectionnés pour l’édition 2023 est originaire d’Asie, du Japon à Singapour en passant par la Corée du Sud, l’Indonésie ou les Philippines, mais l’on peut aussi y admirer le travail de créateurs issus d’autres continents, venus du Brésil, des Etats Unis ou d’Allemagne.
La France est représentée par l’artiste parisien Pierre Huygue dont le travail a été récompensé par de nombreux et prestigieux prix internationaux octroyés à la biennale de Venise ou par le Metropolitan Museum of Art de New York. En 2010, le Smithsonian American Art Museum de Washington DC l’a même désigné comme artiste contemporain de l’année.
Pierre Huygue aime brouiller les pistes entre réalité et fiction, et présente au musée d’art international de Chiang Rai Untitled (Human Mask), une vidéo qui met en scène un singe portant un masque inspiré de la tradition du théâtre Nô, coiffé d’une perruque féminine et déambulant dans un restaurant abandonné des environs supposés de Fukushima. Une œuvre troublante voire dérangeante selon certains visiteurs. Objectif certainement atteint, donc.
Tout au long des cinq mois que dure cette biennale, des événements collatéraux seront organisés en collaboration avec les communautés locales, notamment des performances musicales de groupes multiethniques, des projections de films, des séminaires et une journée portes ouvertes de plus de 30 studios d'artistes à Chiang Rai. Autant de raisons additionnelles pour se rendre dans cette ville qui a su préserver son authenticité.