La mort dimanche 4 septembre dernier de Cyrus Pallonji Mistry, milliardaire, ancien patron du groupe Tata, dans un accident de la route à relancer le débat sur la sécurité routière en Inde.
En avril, Nitin Gadkari, ministre chargé des transports routiers et des autoroutes, admettait que l’Inde restait un très mauvais élève sur le plan mondial pour la sécurité routière. Selon la fédération routière internationale, basée à Genève, sur des données de 2018, l'Inde se classe au premier rang pour le nombre de personnes tuées et au troisième rang pour le nombre de personnes blessées dans des accidents de la route.
Un nombre de morts par an en augmentation
En 2019, le ratio de morts sur les routes indiennes pour 100 000 habitants était de 16, alors qu’il était de 5 en France pour la même période.
En 2021, le « National Crime Records Bureau », organe officiel de statistiques, comptabilisait 155 622 morts sur la route et 371 884 blessés. Tout le monde s’accorde pour dire que les chiffres sont bien en dessous de la réalité car de nombreux accidents ne sont pas signalés. De plus, les personnes qui décèdent quelques heures ou plusieurs jours après ne sont pas comptées comme victimes d'accidents de la route.
Après une baisse significative en 2020 due à la régression d’activité, le nombre d’accidents est reparti à la hausse.
Chennai, en tête de l’augmentation des accidents routiers
En 2021, malgré les restrictions dues à la pandémie, Chennai a connu 5 034 accidents causant 998 morts. L’agglomération et plus globalement le Tamil Nadu sont les endroits de l’Inde qui enregistrent la plus forte augmentation d’accidents.
En 2021, les trois Etats les plus touchés en nombre de morts sur la route sont :
- L’Uttar Pradesh : 21 792 morts
- Le Tamil Nadu : 15 384
- Le Maharashtra : 13 911
Ils cumulent un tiers de tous les accidents mortels du pays.
A titre de comparaison, le Kerala « ne comptait que » 3429 morts en 2021.
Une hécatombe qui touche surtout les jeunes
84 % des personnes tuées sur la route sont des hommes.
70 % ont moins de 45 ans et la tranche des 14 / 30 ans représente 38 %.
45 % des accidents portent sur des deux roues motorisées.
12 % des tués sont des piétons.
La vitesse en cause dans la majorité des cas
La police considère que la vitesse excessive est responsable de 56 % des accidents.
L’autre cause majeure est l’absence de prudence en particulier aux carrefours.
Des mesures récentes pour réduire la tendance mais encore très peu efficaces
La loi « The motor vehicule act “ de 1988 a rendu obligatoire le port du casque pour le conducteur et le(s) passager(s) des deux roues. Trente-quatre ans après, on ne peut pas dire que la loi soit totalement respectée !
Par ailleurs, le casque doit être homologué par le « Bureau of Indian Standard (BIS) », ce qui exclut toutes les fantaisies et adaptations qu’il est fréquent d’’observer.
Le montant de l’amende a récemment été revu pour atteindre 2000 roupies. A savoir cependant, les pénalités ont été modulées par les états. Des contrôles de police à Chennai sont fréquents pour vérifier également la détention d’une assurance pour le véhicule.
A noter que les personnes appartenant à la communauté sikh et qui portent un turban sont dispensées de l’obligation du casque.
Pour les voitures, le gouvernement a décidé depuis février dernier d’imposer aux constructeurs la pose de ceintures de sécurité à trois points, pour les sièges de devant et pour le siège central de l’arrière.
Il ne semble pas qu’il soit prévu un équipement pour les véhicules déjà en circulation, en particulier les taxis dont les ceintures à l’arrière sont très rares.
Samedi 3 septembre 2022 et lundi 5 septembre 2022, la police de Chennai a effectué des contrôles pour arrêter les véhicules qui roulaient à contre sens. 2 680 contraventions ont été dressées et plus de 2 600 000 roupies d'amende collectées (environ 32 600 euros).
Au-delà des évolutions matérielles nécessaires, l’amélioration de la sécurité routière devra passer par une meilleure formation des conducteurs et une éducation des jeunes. Le chemin sera encore long. Pourtant, le ministre des transports a déclaré espérer que le nombre de morts sur la route sera divisé par deux d’ici 2025.