Ranick, 19 ans, a repris le restaurant de ses parents à Siem Reap. Pour s’en sortir, elle travaille beaucoup et offre des hamburgers à 1 $. Touché par tant de volonté Louis Scotti a voulu nous en faire le portrait.
Nous le publions car cette jeune femme est exemplaire. Elle reflète une grande partie de cette jeunesse cambodgienne admirable qui n’a pas peur de l’effort.
J'ai rencontré Ranick dans le petit restaurant qu'elle exploite sur Sok San road et je lui ai demandé de me raconter son histoire.
Elle est née dans la province de Prey Veng il y a 19 ans. Elle est l'aînée d'une famille de 3 enfants, ses 2 frères vont encore à l'école, mais le plus grand des deux l’aide au restaurant en faisant le service lorsqu'il a du temps de libre.
Ses parents se sont installés à Siem Reap quand elle avait un an. C'était le début du tourisme de masse et son père avait décidé de devenir chauffeur de tuk-tuk. Sa mère a pris un petit restaurant sur Sok San road qui était à l'époque un chemin de terre battue.
Ranick est entrée à l’école à 3 ans, elle aimait beaucoup apprendre et a 16 ans, elle obtenait son diplôme de fin d'études secondaires. Comme elle aidait parfois au service dans le restaurant familial, elle parle un anglais correct qu'elle m'avoue avoir perfectionné aussi devant la télévision en regardant les séries américaines
Au lycée, elle avait entendu parler de l'école Paul Dubrule. Elle voulait étudier pendant un an l'accueil, la réception. Admise, ses parents l’aident à payer les frais de scolarité et fin 2019 elle obtient son diplôme.
Elle essaie alors de trouver du travail, mais c'est le début de la crise de la covid 19 et les établissements ferment les uns après les autres. Il n'est pas question de rester inactive, sa mère envisageant de fermer le restaurant la clientèle devenant de plus en plus rare, Ranick décide alors de le reprendre et en septembre 2020, elle ouvre Nick Restaurant.
Elle propose des plats de qualité à un prix tout doux, plusieurs plats à 1 $ dont celui qui la fait connaître petit à petit, le burger au poulet crispy qu’elle met à la carte tous les week-end.
Elle me dit avoir voulu proposer des plats à des prix vraiment abordables parce que le revenu, de toute la clientèle potentielle est en baisse.
Elle a dû embaucher une personne pour l'aider en cuisine, de 8 h, à 16 h, elle fait elle-même les achats le matin au vieux marché et le soir lorsque son frère est occupé elle est seule en cuisine et en service.
Quand je demande ses projets, elle me répond qu’elle voudrait trouver un autre restaurant plus grand. Son bail se termine dans un an.
Ranick m'impressionne. Je suis touché par tant de volonté et de détermination cachées derrière tant de douceur. Je voudrais prolonger l'entretien, mais je dois la laisser retourner à ses fourneaux, et je pars après avoir terminé mon burger, et en avoir commandé deux autres pour emporter.