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ROUMAINS CÉLÈBRES - Panait Istrati et l’orientalisme

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Wikipedia
Écrit par Bucarest/Centenaire
Publié le 24 septembre 2020, mis à jour le 24 septembre 2020

Tout au long de sa vie, on a reproché à l’écrivain Panait Istrati son attitude neutre à l’égard de la Première Guerre Mondiale, son affiliation temporaire au régime soviétique ou bien ses origines modestes et son éducation précaire. Mais, si l’on cherche un trait caractéristique pour définir son identité nationale, sa condition sociale et son talent d’écrivain, on pourrait affirmer qu’il a été une âme candide. Il a aimé la Roumanie précisément pour sa nature balkanique, conservée dans le mélange hétéroclite de langues et d’ethnies, réunies sous le sceptre du roi Ferdinand à la fin de la Grande Guerre ;  il a chanté sa nature et son folklore et affirmait que ses beautés pouvaient sauver l’homme de son destin tragique – comme preuve, il a passé la fin de sa vie dans son pays, aux côtés d’une Roumaine, après avoir aimé une Russe, une Allemande et une Française.

 

 

Appelé le porteur du port de Brăila par Nicolae Iorga, Panait Istrati est né le 10 août 1884. Il a initialement reçu le prénom de son père, Gherasim, son nom de famille provenant de la lignée maternelle, car il était le fils de Joița Istrati et du contrebandier grec, Gherasim Valsamis. Son statut d’enfant illégitime le hantera toute sa vie, la plupart de ses personnages étant tourmentés par la problématique identitaire, et luttant contre un destin qui semblait s’acharner contre eux. Sa mère l’élève toute seule, aidée par ses oncles, Dumitru et Anghel, les seules figures paternelles connues par l’enfant Istrati. Il commence à travailler dès son plus jeune âge, ne terminant que l’école primaire. Il lit beaucoup et développe une affinité toute particulière pour le lauréat du Prix Nobel de Littérature, Romain Rolland, qui deviendra ensuite son ami et son mentor, ainsi que pour l’écrivain russe, Maxime Gorki.

 


Après 1921, Rolland encourage Istrati à écrire et, deux ans plus tard, l’aide à publier Chira Chiralina/Kyra Kyralina, pour lequel il a même écrit une magnifique préface. Suivront L’Oncle Angel (1924), Les Haïdoucs (comprenant deux parties – la Présentation des haïdoucs, en 1925 et La Domnitza de Snagov, en 1926), Codine et Mikhaïl (1927) tous intégrés dans le cycle des Récits d’Adrian Zograffi. Il convient également de mentionner des romans tels que Les chardons du Bărăgan (1928) ou Tsatsa-Minnka. Ses écrits ont des résonances autobiographiques, ils sont chargés d’orientalisme et idéalisent l’image du passé mais également celle de la femme orientale. On y retrouve des balades et des éléments folkloriques roumains, ainsi que des expressions idiomatiques roumaines ou turques, traduites ad litteram en français.

 


Son culte pour l’écrivain Gorki et ses inclinations socialistes disparaissent au début des années 30, suite à plusieurs visites en URSS qui le détermineront à publier Vers l'autre flamme...confessions pour vaincus (1929). Le prosateur Boris Pilniak écrit un récit sur l’arrivée de l’écrivain roumain en URSS, rédigé durant un interrogatoire et annexé à son dossier de la Lubeanka : ...De Paris est arrivé Panait Istrati, accueilli avec faste par le gouvernement soviétique, en tant qu'écrivain européen révolutionnaire. De nationalité roumaine, il écrivait en français et jouissait alors d’une grande popularité....


Sa rencontre avec Gorki sera une énorme déception, car après trois heures de banalités, ils n’arrivent pas à trouver un langage commun. Comme il le déclarera plus tard, Istrati n’idolâtrait pas l’homme Maxime Gorki, mais cherchait en lui l’histoire d’une vie qui avait créé un monde, un monde de la beauté et de l’espoir.  

 


Le compteur de l’amitié, Panait Istrati, meurt seul en 1935 à Bucarest. On comprend facilement la raison pour laquelle ses personnages se languissaient d’amitié – leur créateur la voyait comme un miracle capable de tous nous sauver.  

 


Sources:
Panait Istrati, Panait Istrati – L’homme qui n’adhère à rien. Documents de la Russie soviétique, II, Maison d’édition Istros, Brăila, 1996;
Leonte Ivanov, Voyage près de la vérité : Panait Istrati (Călătorie pe lângă adevăr: Panait Istrati), dans Imaginea rusului și a Rusiei în literatura română. 1840-1948, Maison d’édition Cartier, Chișinău, 2004. 

 

 

Ana Maria Rosca

 

Article réalisé dans le cadre du Programme Culturel București - Centenar avec le soutien de Primăriei Municipiului București à travers Administrația Monumentelor și Patrimoniului Turistic 

 

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