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La Roumanie est un pays d’implantation idéal pour les startups françaises

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Écrit par Grégoire Vigroux
Publié le 12 avril 2022, mis à jour le 19 avril 2022

Historiquement, la Roumanie et la France ne sont pas associées à l’innovation et à la technologie. Est-ce toujours le cas? Qu’est-ce qui a changé?

 

À l’ère digitale que nous traversons, l’histoire ancienne importe peu. Nous vivons dans un monde en profonde mutation, où de grandes entreprises séculaires peuvent s’effondrer du jour au lendemain, détrônées par des startups récentes plus agiles.

L’accélération et l’hypercroissance sont devenues la norme. Les capitaux investis dans les startups sont de plus en plus élevés. 

Certaines startups lèvent des sommes astronomiques, sur la base d’une présentation power point. Nous vivons à une époque aussi surréaliste que le nom de la créature fantastique qui est au bout de toutes les lèvres: la fameuse “licorne”, terme désignant toute startup valorisée plus d’un milliard de dollars. Il y en a plus de 70 en Europe, dont une vingtaine en France. L’une des startups les mieux valorisées du continent est roumaine, avec 40 milliards de dollars de capitalisation. Il s’agit de UiPath.

Les Roumains sont de plus en plus nombreux à embrasser une carrière entrepreneuriale. En Roumanie, il existe un phénomène que j’appelle “l’effet Daniel Dines.” 

De nombreux Roumains se disent que si un de leur concitoyen, Daniel Dines, est parvenu à bâtir UiPath, une startup bucarestoise valorisée des dizaines de milliards, alors pourquoi pas eux? 

Au même titre que la réussite sportive de Simona Halep incite les parents roumains à mettre leurs enfants au tennis, en espérant pouvoir faire d’eux des champions, les jeunes informaticiens roumains sont désormais nombreux à marcher sur les pas de Daniel Dines, car ils ont trouvé en lui un modèle.

La Roumanie dispose de nombreux atouts pour devenir un champion digital en Europe. À commencer par une main d’œuvre composée d’informaticiens talentueux, qualifiés, polyglottes et ouverts sur le monde. Il reste néanmoins à la Roumanie un défi à relever: celui de faire émerger des commerciaux de haut niveau. 

L’absence, en Roumanie, d’écoles de commerce et de MBA, comme il en existe presque partout ailleurs en Europe, freine l’émergence de startups roumaines s’appuyant sur des équipes de co-fondateurs aux profils complémentaires. 

Selon moi, une startup technologique a beaucoup plus de chances de succès si elle s’appuie sur la combinaison d’un associé au profil technique et d’un associé expert dans les domaines du développement commercial et de la communication, capable de convaincre clients et investisseurs. Hélas, cette deuxième catégorie de profils (de haut niveau, j’entends), est rarissime en Roumanie.

Le cas de la France est différent de celui de la Roumanie. Certes, la France n’est pas nécessairement perçue, traditionnellement, comme un pays de startups… Mais au cours de son histoire, la France n’a cessé de prouver au monde qu’elle savait se réinventer. 

Ce n’est pas faire de la politique que de reconnaître qu’Emmanuel Macron est en train de faire de la France un pays moteur en matière d’innovation digitale en Europe. L’initiative Scale-Up Europe le confirme avec éclat.

L'initiative Scale-Up Europe a été lancée le 4 mars 2021 à l’initiative du Président Emmanuel Macron, par Cédric O, secrétaire d'État chargé de la Transition numérique, pour élaborer une série de recommandations pour les entreprises européennes avec une stratégie d'accélération de leur croissance.

L'initiative se concentre sur quatre thématiques stratégiques afin de favoriser l’émergence de scale-up en Europe :

  • L’attraction et la formation des talents.
  • L’accès au financement.
  • La collaboration entre les startups et les grands groupes.
  • Le développement de technologies de rupture.

Cette initiative, à laquelle j’ai l’honneur de participer, est en train d'accélérer l’émergence de champions technologiques européens dans le domaine du numérique.

Quelle dynamique aujourd’hui pour les startups entre la France et la Roumanie ? Quels freins ? Quelles opportunités ?

Avec plus de 5 milliards d’euros d’investissement chaque année, la France est un des principaux investisseurs étrangers en Roumanie.

La majeure partie des entreprises du CAC 40, à commencer par Renault, Orange et la Société Générale, ainsi que de nombreux retailers, sont implantées localement.

À ce jour, le capital de plus de 2 500 sociétés roumaines est détenu majoritairement par des sociétés françaises.

En raison de sa proximité historique, linguistique et culturelle avec la France, la Roumanie est un pays d’implantation idéal pour les entreprises françaises, les startups notamment.

Le pays constitue souvent une base avancée, une sorte de premier bastion, facile et naturel, pour les sociétés françaises désireuses de s’étendre, ensuite, dans d’autres pays d’Europe de l’Est.

Bien que la présence des entreprises françaises moyennes et grandes soit forte en Roumanie, je regrette que peu de startups françaises y sont pour l’instant implantées.

Parallèlement, peu de startups roumaines se développent en France.

La mission de la French Tech en Roumanie, c’est précisément de servir de pont, de connecteur, d’accélérateur collaboratif entre les écosystèmes de startups des deux pays.

Pour ce faire, nous accompagnons bénévolement les startups françaises dans leur développement en Roumanie et vice-versa, en les conseillant; et en les mettant en contact avec des fournisseurs, partenaires et clients potentiels.

L’émergence de collaborations entre les startups roumaines et françaises passe également sur par le partage de contenus incitatifs, dans la presse et sur les réseaux sociaux. L’article que vous êtes en train de lire n’y est pas étranger.

Quels types d’initiatives pourraient radicalement changer la relation bilatérale dans ce domaine ?

 En affaires, comme dans d’autres domaines, je crois beaucoup dans le pouvoir des modèles, pour changer les paradigmes. Comme je l’évoquais, la Roumanie et la France ont besoin de voir émerger des collaborations technologiques emblématiques et marquantes. 

L’avènement de telles collaborations passe par des partenariats forts et médiatisés entre des startups des deux pays. Des business cases à succès, en somme, qui ouvriraient la voie à d’autres startups. 

En Roumanie, la French Tech travaille actuellement sur un projet d’envergure de ce type, qui verra le jour cette année. Stay tuned!

 

 

 

 

Grégoire Vigroux, 41 ans, est un entrepreneur en série et investisseur français, établi à Bucarest depuis 2006. Il a cofondé et investi dans une vingtaine de startups technologiques en Europe de l'Est, dont TELUS international Europe, entreprise qui emploie, à ce jour, plus de 5 500 collaborateurs en Roumanie et Bulgarie. 

La dernière startup de Grégoire, bonapp.eco, a été lancée en novembre 2021. Il s’agit d’une application mobile de lutte contre le gaspillage alimentaire, qui connecte les consommateurs et les commerçants pour sauver de la nourriture approchant de la date d’expiration.

Grégoire est également le co-fondateur et président de la French Tech en Roumanie. Suivez-le sur https://www.linkedin.com/in/gregoire-vigroux/.

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Publié le 12 avril 2022, mis à jour le 19 avril 2022

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