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L'écart entre les sexes s’est creusé en Inde en 2020

Petites filles en uniforme sur le chemin de l'écolePetites filles en uniforme sur le chemin de l'école
@simonfrederic57
Écrit par lepetitjournal.com Bombay
Publié le 24 juin 2021, mis à jour le 19 décembre 2023

Selon le dernier rapport du Forum Économique Mondial, il va falloir environ 200 ans pour que les écarts entre les sexes soient comblés en Asie du Sud (195,4 ans exactement) si le rythme actuel est maintenu ! Cela laisse peu d’espoir de bénéficier de la parité avec les hommes à plusieurs générations de femmes indiennes.

 

Le rapport du Forum Économique Mondial mesure l'écart entre les sexes à partir de quatre paramètres : participation et opportunités économiques, niveau d'éducation, santé et survie, et autonomisation politique. L'indice 2021 évalue 156 pays.

 

L’Asie du sud, une région où l'écart entre les sexes est le plus prononcé

En Asie du sud, l'écart entre les sexes est le plus important dans la catégorie, participation et opportunités économiques, il n'est comblé qu'à hauteur de 33,8 % ce qui est le niveau le plus bas dans le monde. 

Au sein de la région, il existe des pays où les écarts économiques sont encore plus importants : l'Afghanistan n'a comblé que 18 % de cet écart entre les sexes, soit plus de 45 points de pourcentage de moins que le champion régional, le Népal (63 %). Les trois autres plus grands pays de la région ne sont pas beaucoup plus avancés : l'Inde et le Pakistan n'ont comblé que 31,6 % et 32,6 % de leur retard en matière de participation et d'opportunités économiques tandis que le Bangladesh en a comblé 41,8 %. Malheureusement en 2020, les écarts économiques dans ces deux pays se sont creusés, le score de l'Inde a diminué de 3 points et celui du Bangladesh de 2 points de pourcentage. 

 

graphe du Forum Economique Mondial sur l'écart entre les sexes


 

L'absence de progrès en matière de participation des femmes au marché du travail entrave les opportunités économiques des femmes non seulement dans ces pays, mais aussi dans toute la région. Seulement  22,3 % des femmes en Inde, 22,6 % au Pakistan et 38,4 % au Bangladesh sont actives sur le marché du travail. Au Népal, cependant, plus de 85 % des femmes participent à la population active.

 

Les écarts entre les sexes sont aussi importants, voire plus prononcés dans les segments du marché du travail exigeant des compétences plus élevées. 

 

La part moyenne régionale des rôles professionnels et techniques occupés par des femmes est de 32,6 %. En Inde, seuls 29,2 % des rôles techniques sont occupés par des femmes, 25,3 % au Pakistan et 19,3 % en Afghanistan.

 

La présence de femmes à des rôles supérieurs est encore plus rare : les femmes ne représentent 4,1 % en Afghanistan, 4,9 % au Pakistan, 10,7 % au Bangladesh et 14,6 % en Inde des cadres supérieurs et, par conséquent, la disparité de revenus entre les hommes et les femmes est importante dans la plupart des pays. 


 

Rekha Menon, Président et directeur général senior d’Accenture India
Rekha Menon, Président et directeur général senior d’Accenture India

 

L’Inde très mal classée dans l’indice mesurant l'écart entre les sexes

En 2021, l'Inde a perdu 28 places et s'est classée 140e au classement. Elle est le troisième pays le moins performant parmi les pays d'Asie du Sud après le Pakistan et l'Afghanistan et derrière le Bangladesh qui est le premier. 

 

En Inde, l'écart entre les sexes en Inde s'est creusé pour atteindre 62,5 %, en grande partie à cause de la représentation inadéquate des femmes en politique, dans les rôles techniques et de direction, de la baisse du taux de participation des femmes au marché du travail, de la médiocrité des soins de santé, du retard du taux d'alphabétisation des femmes par rapport aux hommes et de l'inégalité des revenus.

 

La pandémie n'a fait que ralentir dans son élan les progrès que l'Inde réalisait pour atteindre la parité des sexes. Selon le rapport du Forum Economique Mondial, le pays doit de toute urgence se concentrer sur la "santé et la survie" des femmes, et plus particulièrement réduire drastiquement les pratiques sélectives fondées sur le sexe et augmenter la participation économique des femmes. Le taux de participation des femmes au marché du travail et la part des femmes dans les rôles techniques ont diminué en 2020, réduisant le revenu estimé du travail des femmes, qui est un cinquième de celui des hommes.

 

Le fait que des secteurs tels que l'éducation, le commerce de détail et les services comme le travail domestique aient été particulièrement touchés par la pandémie de coronavirus n'a fait qu'empirer les choses. Les finances des ménages étant mises à rude épreuve, les études sur le terrain font déjà état d'un pic des mariages d'enfants et de la traite des êtres humains, ainsi que d'une augmentation de la violence domestique.

 

Cela pourrait faire reculer l'Inde en érodant les paramètres d'équité entre les sexes au sein d'une famille, les familles les plus pauvres négligeant alors l'importance d'investir dans l'éducation et la santé des filles. 
 

Affiche du programme Ujjwala
Affiche du programme Ujjwala

 

 

Quels programmes du gouvernement pour combler cet écart ?

Des programmes tels que Beti Bachao Beti Padhao (littéralement "Sauver la petite fille, éduquer la petite fille"), le transfert direct d'espèces de 500 roupies sur les comptes des femmes, le programme Ujjwala (l'équipement en bonbonnes de gaz des foyers ruraux), le programme One Stop Centre (pour réduire la violence envers les femmes) et Sukanya Samriddhi (un plan d'épargne destiné aux parents de filles) sont des pas dans la bonne direction. Cependant, leur mise en œuvre des programmes existants doit être réussie.

 

Mais, pour ramener les femmes sur le marché du travail, le gouvernement doit faire davantage, a déclaré Sandeep Chachra, directeur exécutif de l'ONG Action Aid India. "En commençant par les ouvrières des manufactures de beedi (ndlr: sorte de cigarette locale) et les aides domestiques jusqu'aux travailleurs agricoles non rémunérés et aux travailleurs du sexe, l'Inde doit reconnaître et enregistrer officiellement les travailleuses, réduire l'écart de rémunération entre les sexes et élargir les possibilités de garde d'enfants dans le secteur informel."

 

Femmes roulant des beedis
Femmes roulant des beedis

 


Une majorité de femmes ont perdu leur emploi durant la pandémie

La pandémie a annulé certains des progrès réalisés par les femmes actives.

La participation des femmes au marché du travail en Inde était déjà en baisse et l'épidémie de Covid-19 a aggravé cette tendance. Une majorité de femmes ont perdu leur emploi, plus particulièrement dans les secteurs du travail informel et n’en ont pas retrouvé ou sont sorties volontairement du marché du travail pour assumer les tâches domestiques.

Dans l'ensemble, la participation moyenne des femmes à la main-d'œuvre dans tous les secteurs d'activité a stagné à 34 % en 2020, selon JobsForHer.
 

 

Femme en télétravail


 

Le télétravail, opportunité pour les femmes employés dans le secteur formel

L'essor du télétravail pendant la pandémie a contribué à améliorer la diversité des genres dans certaines entreprises indiennes. L'embauche de femmes au niveau des cadres moyens et supérieurs a connu une énorme poussée, 43 % des entreprises l'ayant fait, contre 18 % en 2019, selon la plateforme de carrière JobsForHer

 

"Il est réconfortant de voir plusieurs organisations faire un pas dans la bonne direction pour rendre le lieu de travail plus favorable aux femmes", a déclaré Neha Bagaria, fondatrice et directrice générale de JobsForHer. "Nous espérons que cette tendance permettra et encouragera plus de femmes à reprendre la vie active après une interruption et plus de femmes à entrer sur le marché du travail et à gravir les échelons professionnels si la parité entre les sexes est garantie à tous les niveaux."

 

De nombreuses entreprises ont également revu leurs pratiques d'embauche pour éliminer les préjugés sexistes, tandis que d'autres ont proposé des congés de maternité plus longs. 

 

"Il y a eu une augmentation spectaculaire du nombre de postes en télétravail, ainsi que du nombre de candidatures féminines pour ces postes", révèle un sondage publié par The Times of India

 

C’est une opportunité pour les femmes qui quittent souvent leur emploi pour s’occuper des tâches domestiques après leur mariage. Lors d’un interview en mars 2019, Marie-Louise Elhabre, alors CEO d’AXA Business Services en Inde, avait expliqué comment et pourquoi son entreprise a mis en place un programme pour inciter les jeunes femmes à revenir travailler après avoir fondé une famille : “Make and Come Back”.


 

Le chemin est encore long pour atteindre la parité hommes / femmes en Inde. De plus, un projet de loi sur l’allocation de quotas de postes aux femmes sur lequel la plupart des partis nationaux se sont engagés, est toujours en attente.

 

 

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