Il y en a partout. Chaque ruelle de la Candelaria est peinte de mille couleurs. Impossible de tourner la tête sans voir un de ces fameux graffitis, si réputés dans la capitale. Derrière ces tags se cachent de petits comme de grands artistes. La plupart essayent de faire passer un message, d’autres sont là juste pour le style.
Certains les qualifient d’oeuvres d’art, d’autres de vandalisme. Quoi qu’il en soit, le graffiti à Bogota est une réelle institution. Elles n’auraient pu être que de simples ruelles, elles se sont vite transformées en un musée à ciel ouvert.
Ils sont très peu à se partager les murs. Les “graffeurs” colombiens, on pourrait presque les compter sur les doigts de la main. Il y a Guache, Toxicomano, Rodez, ou encore DJLU. Ces appellations ne vous disent rien, pourtant, elles sont gravées aux quatre coins de la ville.
Nos 10 graffitis préférés dans la Candelaria :
1. La danse des colibris
Ce mur à triplé de valeur depuis le passage en 2016 de Calito Taqui. Cet artiste mondialement connu a souhaité peindre un des animaux emblématiques de la Colombie : le colibri. Aujourd’hui, le graffeur continue sa passion, à côté de sa deuxième profession : professeur d’arts.
2. Le défenseur masqué
Il est venu de Los Angeles pour trouver la pierre parfaite. Kip-Top, l’Américain baroudeur, a parcouru l’Amérique du sud afin de partager sa passion. Bonne intention, même si sa création va bientôt être détruite. Mauvais mur..
3. Sourire innocent
Cet enfant, c’est celui de Kiki. Il vit à Bogota aux côtés de son père. Cet artiste Argentin a sans doute souhaité immortaliser l’image de son fils. C’était en décembre dernier lorsque les briques rouges de ce mur ont laissé place à un univers sous-marin.
4. Bogotazo
Ici repose l'effigie du politique Jorge Eliécer Gaitan, assassiné en 1947. En pleine course présidentielle, cet homme était sur le point de remporter l’élection. Son meurtre a déclenché une période violente dans toute la Colombie. À Bogota, on l’a appelle “le Bogotazo”. Près de 1900 personnes y ont perdu la vie. Le collectif de graffeurs Vertigo a voulu que cette cette partie de l’histoire ne tombe pas dans l’oubli.
5. L’indigène
On le reconnaît par la taille de ses oeuvres et par son style. Guache est l’un des artistes de rue les plus connus de Bogota. Ce qu’il aime peindre, c’est la culture indigène. Lui-même a pour habitude de se consacrer à des projets éducatifs dans les tribus autochtones. C’est là-bas qu’il trouve toute son inspiration.
6. Le parc des Muiscas
La ville leur a donné un lieu, Rodez et ses deux enfants, Nomada et Malegria, l’ont recouvert de peinture. Un projet de famille qui a duré 50 jours. Le but : faire découvrir la culture des Muiscas, un peuple indigène d’Amérique centrale. Rodez, le père, parcours le monde entier pour laisser sa signature : de multiples yeux, de toutes les couleurs.
7. L’anarchisme à l’état pur
Toxicomano, c’est le nom de ce collectif. Ils se revendiquent de la culture punk rock, et parcourent le monde pour transmettre leurs messages. Généralement, il s’agit de pousser un “coup de gueule” politique afin de dénoncer les problèmes sociaux qui touchent la Colombie.
8. Le chef Muisca
A Bogota, il n’y a pas que du graffiti, il y a aussi des sculptures. Celle-ci représente le leader du peuple indigène des Muiscas. A l’époque où le pays n’était pas encore conquis par les Espagnols, les Autochtones vivaient sous les règles de la confédération des Muiscas. Ce chef dirigeait alors la Zipa, soit la partie sud de Bacaya [ancien Bogota, ndlr].
9. Regard pensif
Cette indigène qui lève les yeux vers le ciel, c’est Carlos Trilleras qui l’a dessinée. Une oeuvre réalisée aux alentours de 2011. Aujourd’hui encore, l’artiste est présent aux marchés du dimanche pour peindre sur des tee-shirts. Avis à ceux qui souhaitent garder un souvenir de la Colombie.
10. La belle et les bêtes
A droite, c’est Guache. A gauche, c’est Rodez. Ces deux hommes ont partagé un mur pour réaliser une oeuvre commune. A l’intérieur du bâtiment vous pourrez retrouver le magasin d’un des deux artistes. A vous d’aller découvrir duquel il s’agit..
Mais est-ce légal ? Oui. Du moins depuis 2011. Lorsqu’un jeune artiste de 16 ans se fait tirer dans le dos par un policier. Pris sur le fait, en train de taguer sous un pont. S’en sont suivies d’importantes manifestations. Depuis, la ville et ses habitant dédient à ces artistes de rue de nombreux espaces pour exprimer leur liberté d’expression. Mais attention ! A Bogota, on ne graffe pas n’importe où. Celui qui s’aventure hors des espaces dédiés risque de voir son oeuvre détruite ou recouverte !
*Les titres attribués à ces oeuvres ont été choisis par Lepetitjounal, faute d'appellation officielle.