Le Japon a décidé d’une aide de quatre millions de dollars étasuniens pour la Birmanie en réponse aux différentes crises humanitaires que subit le pays ces derniers mois et qui viennent s’ajouter et amplifier celles qui existent depuis plusieurs années et qui créent conflits sociaux et détresse économique pour certainement plusieurs millions de personnes en Birmanie, même si aucunes données sérieuses et fiables n’existent à ce jour sur la pauvreté réelle dans le pays, la collecte des données étant notoirement déficiente et surtout pas du tout indépendante. Du coup, les chiffres proviennent soit d’instances partiales et impliquées, comme le gouvernement ou la Banque mondiale, qui ont ou avaient un intérêt certain à embellir la réalité et à produire des prévisions attractives que l’année écoulée ont ramené à une dure réalité, soit d’Organisations non-gouvernementales (ONG) qui à l’inverse ont souvent bénéfice à noircir le tableau afin d’obtenir plus de fonds de la part de leurs divers bailleurs. Au final, les rapports et l’observation de terrain restent les indicateurs les plus fiables si l’on accepte des incertitudes importantes sur les chiffres qui circulent. Une certitude est là : une grande partie de la population fait face à de grandes difficultés économiques et sociales, et dans certaines zones la disette est une réalité.
Ainsi, sans pouvoir être plus précis, le nombre de réfugiés et de déplacés en Birmanie ou ayant fui la Birmanie dépasse très largement le million, se rapprochant probablement des deux millions. Quant à la pauvreté dans le pays, elle demeure extrême pour beaucoup. Les facteurs de ce désastre sont nombreux, entre une économie non-redistributive, des comportements archaïques des dirigeants économiques et politiques, la répression sanglante dans l’Arakan depuis 2017, d’abord dans la crise dite des « Rohingyas » musulmans puis dans celle des populations locales bouddhistes, les différentes guerres civiles dans le Kachin et le Shan qui ont fortement repris voilà trois ans, la gestion de la pandémie de Covid-19 et aujourd’hui le coup de force militaire qui a mis le pays dans une encore plus grande désorganisation.
600 000 habitants de Yangon comme bénéficiaires
« Ces quatre millions sont une nécessité pour de nombreux foyers, en ligne avec nos programmes d’assistance existant pour la population de Birmanie et ne constituent pas une nouvelle aide », a déclaré Toshimitsu Motegi, le ministre japonais des Affaires étrangères. Soucieux d’apporter son assistance et de rester présent sur la scène birmane, Tokyo veut toutefois éviter que son aide soit détournée de ses destinataires par l’actuel gouvernement. C’est pourquoi il est prévu que cette aide soit distribuée par le biais du Programme alimentaire mondial des Nations-Unies (Pam). L’objectif est de fournir de la nourriture à 600 000 personnes dans Yangon, où le Covid-19 puis les militaires ont entraîné la fermeture de nombreuses activités économiques. Un rapport récent du Pam – toujours à prendre avec distance au vu des fortes incertitudes sur la qualité des données utilisées – annonçait que jusqu’à 3,4 million de Birmans pourraient souffrir de la faim dans les mois, en conséquence des événements dramatiques des 15 derniers mois.
Contrairement aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et à l’Union européenne qui refusent officiellement tout contact avec la junte au pouvoir, le Japon a adopté une ligne plus souple, cherchant un dialogue avec les militaires sans pour autant cautionner leur comportement et en condamnant clairement les violences de l’armée à l’encontre des protestataires civils. Tokyo craint que rejeter l’actuel gouvernement ne revienne à le pousser dans les bras de Pékin et préfère donc essayer une voie médiane ardue.