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La loterie birmane en pleine décrépitude

Loterie birmanie décrépitudeLoterie birmanie décrépitude
Une boutique de loterie en Birmanie
Écrit par Rédaction lepetitjournal.com Birmanie
Publié le 19 mai 2021, mis à jour le 20 mai 2021

Dans un pays où les astrologues interviennent comme conseiller politique ou médicaux, où un couple brave le Covid-19 pour se marier « un jour favorable », où les croyances alimentaires participent du quotidien et servent d’explication à de nombreuses maladies et où un hebdomadaire local consacrait son dossier de Une aux « Fantômes dans l’aéroport international de Yangon », le signe est très fort et parlant du manque de confiance de la population : les gens achètent de moins en moins de billets de loterie, et les échoppes comme les très nombreux vendeurs ambulants disparaissent vite.

 « J’ai perdu 300 000 kyats en mars alors j’ai préféré fermer boutique », explique un marchand au quotidien Eleven. En Birmanie, les vendeurs de billets les achètent à l’Etat - la loterie dépend du ministère des Finances – et les revendent au prix qu’ils veulent, selon ce que les clients sont prêts à payer pour certains numéros « favorables » ou pour leurs numéros fétiches mais aussi selon la période du mois, le tirage au sort se faisant le dernier jour. Il est courant de voir des attroupements devant certaines boutiques « réputées gagnantes » les deux ou trois derniers jours du mois, lorsque les prix baissent, lorsque les numéros les plus prisés sont déjà vendus. Les tickets invendus restent aujourd’hui à la charge des vendeurs.

Alignement de planètes négatif

Mais suite à la prise de pouvoir par l’armée, un mouvement de boycott de la loterie Aung bar lay – qui signifie en gros « puissiez-vous gagner ! » - a été lancé. En outre, le montant des gros lots a été considérablement diminué par les nouvelles autorités, les premiers prix de 1,5 et 1 milliards de kyats (environ 830 000 et 550 000 euros) ont été annulés, ne laissant plus que ceux de 500 et 100 millions de kyats (environ 275 000 et 55 000 euros). Les plus petits lots ont eux aussi tous perdu en valeur. Des rumeurs ont circulé sur les médias sociaux affirmant que les gains ne seraient de toute façon pas perçus en liquide mais sur un compte bancaire, alors que les banques sont fermées, que les retraits aux distributeurs sont limités à quelques centaines de milliers de kyats selon les banques – il en faudrait donc beaucoup pour récupérer tous ses gains – et que les files d’attente durent des heures. Vrai ou pas, cela a suffi à en dissuader beaucoup.

La crise économique rajoute un dernier linceul sur la loterie moribonde car un billet se vend entre 950 et 1200 kyats selon la demande et les numéros (50 ou 65 centimes d’euros), une somme déjà importante pour le Birman moyen, dont le salaire mensuel avoisine les 100 000 kyats (de l’ordre de 55 euros), trop chèr dans le contexte de crise économique actuelle. Pour couronner cet alignement de planètes négatif, l’organisation du tirage de mars n’a pas été réalisé et c’est seulement ce 1er mai que les prix du 1er avril ont été attribués…

Dans un pays profondément superstitieux, dont la population se méfie par expérience des banques, des autorités et des promesses, la chance est une affaire sérieuse alors de moins en moins de Birmans la tentent au vu des « mauvais signes » qui s’accumulent. Mais une Birmanie sans loterie est un signe fort que la population a perdu espoir : avant la crise de la Covid-19, plus de 30 millions de tickets se vendaient chaque mois, dans un pays de 54 millions d’habitants.

 

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