Le ministère des Affaires Intérieures du Conseil d’administration de l’Etat (State Administration Council – Sac), le gouvernement officiel de la Birmanie issu du coup de force militaire du 1er février dernier, a annoncé qu’il considérait dorénavant l'Association pour l'aide aux prisonniers politiques (Assistance Association for Political Prisoners - AAPP) comme illégale, l’accusant de produire des « données biaisées et incorrectes qui suscitaient la crainte et intimidaient les fonctionnaires et le public et pouvait donc être interprétée comme une incitation à la violence ». Une interprétation vraiment très libre car l’AAPP est une organisation reconnue par l’ONU, par de nombreux gouvernements étrangers et par la plupart des organisations de défenses des droits humains pour son sérieux, sa probité et la qualité de son travail.
Être accusée de parti pris n’est malheureusement pas nouveau pour l’AAPP puisque le pouvoir précédent, celui de la Ligue nationale pour la démocratie, lui a régulièrement fait le même reproche, mais sur des sujets différents et en n’allant jamais jusqu’à la déclarer hors la loi.
Depuis le début de la crise birmane, l’AAPP s’efforce de tenir le compte des victimes – tuées blessées, poursuivies, incarcérées mais aussi de celles qui sont libérées de prison - liées à l’action du nouveau gouvernement. Lequel n’apprécie guère les chiffres de l’organisation car il donne ces propres données… qui lui sont nettement moins défavorables. L’AAPP, qui n’est plus située en Birmanie actuellement et continue aujourd’hui son action depuis la Thaïlande voisine, a répondu que « toutes ses informations sont vérifiées et enregistrées avec des photos et des vidéos afin que chacun puisse s’assurer que ces données sont objectives ». Et de fait, l’association prend grand soin de ne pas se contenter d’affirmations ou de témoignages douteux, mettant un point d’honneur à s’assurer de la véracité de son décompte.